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*

L’oiseau cruel

, sonnet recueilli avec variantes de ponctuation dans les « Pièces diverses » des

Poésies

de 1942 (

Œuvres

,

t. I, p. 158) :

« L’oiseau cruel, toute la nuit me tint

Au point aigu du délice d’entendre

Sa voix qu’adresse une fureur si tendre »…

*

Présence

, pièce de 2 quatrains, non recueillie semble-t-il :

« Douce tête, quand tu le veux,

Tête à la rose tant humée »…

*

Album

, pièce de 7 vers, dont les quatre premiers forment le premier des cinq quatrains d’

À l’aurore…

des « Pièces

diverses » des Poésies de 1942 (

Œuvres

, t. I, p. 159) : « À l’aurore, avant la chaleur »... Citons les trois derniers vers de ce

manuscrit :

Ô nuit, qui fûtes si profonde,

Vais-je pas perdre mon malheur

Pour une aurore rose et blonde ? »

*

Éventail

, quatrain, non recueillie semble-t-il :

« Aile seule d’une femme

L’éventail de vent soyeux

Attise la seule flamme

Qui peut vivre dans vos yeux. »

Suivent, d’une écriture plus tardive à l’encre noire :

*

À ma photographie

, quatrain recueilli en 1939 sous le titre

Au-dessous d’un portrait

, dans les « Petites choses » de

Mélange

(

Œuvres

, t. I, p. 302) : « Que si j’étais placé devant cette effigie »…

* À Francis Poulence, pièce de 7 vers dédiée à Francis Poulenc, non recueillie semble-t-il :

« La musique de nos vers,

Poulenc, ne vole pas vers

Les hauteurs de vos registres »…

*

Éventail

, quatrain recueilli en 1939 sous le titre

Sur un éventail

, dans les « Petites choses » de

Mélange

(

Œuvres

, t. I,

p. 302).

206.

Paul VALÉRY

. 17 L.A.S., [1896]-1920 et s.d., à Francis Viélé-Griffin ; 46 pages formats divers, dont une au dos

d’un carte postale illustrée avec adresse.

3 000/4 000

Importante correspondance littéraire, parlant des œuvres de Viélé-Griffin et de ses propres travaux, projets et

déceptions. Nous ne pouvons en donner que quelques citations.

Mardi [1896]

. Il a reçu avec plaisir « votre chose riante, chaude, crevant soudain en une grande bulle de vue sur la mer folle et

verte, en un rire qui éclate suivant une sphère grandissante, et gagne les eaux où il fait des vagues, les voiles petites du lointain,

et notre chair aussi. Que vous êtes donc heureux d’avoir pour joie constante ce

lyrisme

, cette certitude de bonheur que je ne puis

agiter en mon esprit sans frémir, tant je l’ai aimée pendant la minute où je l’ai un peu connue ! […] au fond de moi demeure

la vieille passion du chant, le goût de l’invention foudroyante… Il suffit que je rencontre une

Mélissa

[

Le Rire de Mélissa

],

et tout en moi se remet en question, les vivaces, les fondamentales impressions de la quinzième année me reviennent et

m’étourdissent…Alors, en un éclair, la mémoire me représente le cours des idées, l’histoire de mes heures mentales – et j’obéis

à ce que j’ai fait, parce que je viens d’en revoir la génération »…

Mercredi [mars-avril ? 1912]

, remerciant de « l’admirable

Bellérophon

[

La Légende ailée de Bellérophon hippalide

, dédiée « à la pensée amie de Paul Valéry »]. Ma pensée amie aime

singulièrement ce poème : et il lui est très sensible de voir sa prédilection inscrite sur le seuil. Je suis très difficilement saisi par

la poésie. Est-ce marque d’orgueil, – ou de sécheresse ou d’une exigence exagérée, j’en sais trop peu pour le découvrir ? […]

Vous avez tiré de moi une vibration que je me trouve bien rarement »…

Paris 25 décembre 1915

. Envoi de

La Conquête allemande (1897)

, « d’une imagination purement littéraire aux terribles

colorations d’Épinal actuelles » : « En quel siècle Whistler donnait-il à Mallarmé la réplique ? Dans quelle autre existence

avons-nous fréquenté des hommes non poilus, ayant généralement tous leurs membres, pour qui Joffre ne prophétisait qu’une

coupe vide – où

souffrait

, il est vrai, déjà le monstre d’or ? »… Il décrit l’impression confuse de vivre avec deux cerveaux, en

attendant l’appel sous les armes, puis l’enterrement de Stuart Merrill, sous la pluie... « Et puis, toutes les impressions ne

signifient

rien. Elles n’ont pas de sens. Tout au contraire. Elles achèvent et ne commencent pas. Elles ne sont pas signes, mais

sens ; c’est le

reste

qui est signes. Elles sont impasses, mur, et mur sans choses derrière lui »…

Paris Mardi [1916]

. Il a eu la

visite de Ghéon, qui est « transformé, comme élargi, il paraît plus solide, plus gai qu’au temps de la paix, remplissant d’un

plus robuste corps son horizon à buffleteries. Nous avons échangé des propos assez rapides. J’écoutais de tout mon néant de

souvenirs. – Qu’est-ce désormais que la littérature ? […] Je vois divers de nos contemporains, saisis et comme ahuris par la

guerre, comme dessillés ou désorientés, ou les deux, – ne pouvoir

continuer

leur pensée ou leur travail orienté depuis vingt-cinq

ans, et revenir à leur adolescence, à leurs idées de 1888-1892. Comme si, entre cette jeunesse abandonnée et ce qui commencera

après la guerre, ils pressentaient un lien possible. Je parle de gens ayant eu des succès. On dirait qu’ils ont la sensation que rien

n’a eu lieu de ce qui s’est produit dans les années avant la guerre, depuis 1900 »…

Vendredi [1916 ?]

. Il veut lui écrire depuis

longtemps, « s’acagnardir auprès du cher Viélé dans une Thomasserie intellectuelle, causer enfin à loisir, sagement bavarder

et se souvenir ensemble ; oublier la Conférence de la Peur ; oublier mes sacrés papiers ; mes fâcheux ; mes rendez-vous ; mes

hôtes, ces poisons. […] Donc la danse continue, et les arts considérés comme un assassinat ! »…

4 mars 1918

. « Figurez-vous

un

vide

qui serait encombré. Cette proposition contradictoire me peint. – Depuis décembre mon esprit, ou mon cerveau, – la