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Paris 24 août 1848

. Il a été « accablé de préoccupations et de tracas en tous genres », et il souffre de problèmes de santé : « Tous

cela m’a retenu prisonnier dans ce Paris maudit, et je suis privé, tout l’été, de faire aux environs quelques visites à mes amis ».

Mais il n’a pas oublié que c’est demain la S

t

Louis…

26 novembre 1875

, à Léon Say. Il a communiqué sa lettre au Comité des Concerts, et espère, malgré les autres candidatures,

« que la loge vacante pourra être mise à votre disposition ». Il aurait immédiatement accédé à ses désirs si ça ne dépendait que

de lui, « mais la Société des Concerts, dont je ne suis que le Président, a une administration entièrement distincte de celle du

Conservatoire »…

202.

Jean de TINAN

(1874-1898). Manuscrit autographe [pour

Aimienne, ou le détournement de mineure

, 1898] ;

13 ff. petit in-4 écrits au recto, paginés 77 à 89 au crayon bleu.

800/1 000

Manuscrit de travail d’un chapitre d’une première version d’

A

imienne

, dernier roman, inachevé, de Jean de Tinan

(Mercure de France, 1899). Ce chapitre « III » présente de nombreuses ratures et corrections ; il sera éclaté et remanié dans trois

chapitres de la version finale : le chapitre 4 de la I

re

partie, et les chapitres 1 et 2 de la II

e

partie. Il comporte moins de dialogue

que dans la version publiée, et la voix de l’auteur y est nettement plus prononcée : « Je crois devoir expliquer un peu ce que

signifiait pour Vallonges ce mot de “tendresse” qui a déjà été prononcé fort souvent ici, et le sera probablement tout autant dans

la suite. Je l’essaierai moins par une définition précise que par une indication d’émotion – je n’y réussirai qu’auprès de ceux qui

mettront une bonne volonté parfaite à comprendre… Tous ces mots sont d’un emploi si délicat ! Mais si l’on ne voit pas que

dans ce petit livre c’est autre chose que d’

amour

qu’il s’agit, j’aurai tout à fait manqué mon but, puisque je veux justement,

dans un livre qui fera suite à celui-ci, montrer la transformation de la

tendresse

à l’

amour

» (f. 79)…Tinan postule ici l’analogie

entre la tendresse et la

griserie

, que Vallonges développera dans le roman ; il se livre aussitôt à une réflexion personnelle : « (Je

n’abandonnerai pas une comparaison dont je suis si content sans en tirer encore quelque chose : – que l’on conçoive comment

Vallonges ne trouva la sécurité de s’abandonner à cette chère griserie que lorsqu’il disposa de liqueurs de bonne marque. On

manque d’enthousiasme pour se griser de mêlé-cass ! Et il est même déplaisant, fussent-elles dans des carafons luxueux, de se

délecter à des anisettes de Potin…) » (ff. 80-81)… Citons encore ces lignes sur une conquête de Vallonges qui dans le livre sera

celle, anonyme, de Caublance : « Charlotte Cotel se trouvait toute prête à être persuadée que Raoul de Vallonges était

destiné

à faire battre de joie son pauvre cœur timide. Au cinquième crayon – elle fut toute palpitante à la pensée que peut-être… il

ne devait pas user tant de crayons que cela. Au septième crayon Vallonges, qui trouvait que cela avait assez traîné, lui prit les

poignets en murmurant avec toute l’onction qu’il savait y mettre “Je vous adore !” Elle se renversa en disant “Ah mon Dieu…

mon Dieu… ce que je fais est mal !” Vallonges écarta sans difficulté ces scrupules » (ff. 87-88)… Enfin, ce chapitre manuscrit

se conclut par un jugement sur les relations entre Vallonges et Charlotte : « cette volupté était fraîche comme une source dans

une forêt, elle appelait les épithètes pastorales, c’étaient des baisers de vilanelle » (f. 89) ; dans la version publiée, ce jugement

est attribué à Caublance, et provoque un échange ironique avec Vallonges.

203.

James TISSOT

(1836-1902) peintre et graveur. L.A.S. ; 1 page in-12.

50/60

« Voici quelqu’un à qui vous pourrez remettre les 400

fs

dont vous m’avez fait mention. Recevez avec mes remercîments

toutes les félicitations pour le succès que vous avez obtenu »...

204.

François TRUFFAUT

(1932-1984) cinéaste. Tapuscrit signé, avec additions et corrections autographes,

Ainsi

vivait Henri Langlois

, octobre 1982 ; 11 pages in-fol. corrigées au stylo-feutre violet (2 ff plus grands un peu

effrangés dans le haut).

800/1 000

Préface pour

A P

assion

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anglois

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C

inémathèque

française

de Richard Roud (New York, Viking

Press, 1983 ; préface traduite en anglais par Richard Roud), abondamment raturée, corrigée et augmentée.

La critique française issue des milieux universitaires néglige la biographie, mais grâce à « l’ami américain » des cinéastes

européens, Richard Roud, « un épais rideau de mystère bien entretenu, se lève pour nous révéler le fondateur de la Cinémathèque

Française, un homme à la fois naturel et extravagant, un homme fabuleux, un homme obsédé, un homme animé par une

idée fixe, un homme hanté »… Sa conversation était le monologue d’un paranoïaque, semblait-il… Vint 1968 : « Il a fallu

que le gouvernement de de Gaulle s’en prenne à Henri Langlois et tente de l’éliminer de la Cinémathèque qu’il avait créée

pour que se lève le vent de la désobéissance et que les rues de Paris s’emplissent de contestataires »… Truffaut confesse une

certaine nostalgie pour cette époque-là, et pour cette circonstance où le cinéma français a présenté un front uni... On avait

l’impression « que le match se jouait entre de Gaulle et Langlois » : chacun s’identifiait avec le sujet qu’il défendait (la France, la

Cinémathèque), chacun s’entourait d’inconditionnels, et Langlois « n’était sûrement pas gaulliste mais profondément gaullien

dans son style »… Cependant la « crise de la cinémathèque » naquit de l’hostilité de certains fonctionnaires, derrière laquelle

était « la haine inavouable de la poésie ou, plus exactement, la haine d’un comportement poétique à l’intérieur d’une institution

où la partie administrative s’accroît démesurément »… Son œuvre de sauvegarde de films était « l’exercice d’une passion.

Langlois a été peut-être le plus doué des amateurs de films » : il les aimait sans exclusive et sans dédain historique ou esthétique.

« Langlois aimait le cinéma sensuellement », et il devait mourir de tristesse, « le cœur meurtri par un sentiment d’impuissance :

ce qu’un homme seul a créé, il ne peut pas le conserver »…