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145.
Charles MAURRAS
(1868-1952). Manuscrit autographe,
Le Cénacle. Une enquête de l’amour
, [vers 1890-
1895 ?] ; 27 pages formats divers, montés sur onglets en un volume petit in-4, relié demi-maroquin à coins lie de
vin, tête dorée, étui (
Semet & Plumelle
).
500/600
Recueil de notes et esquisses pour un projet inédit de conte philosophique.
Ces notes et esquisses, à l’encre (noire ou rouge) ou au crayon, encre noire ou rouge, jetés sur des papiers de formats divers,
se rattachent à un projet dont le titre primitif,
Le Cénacle de Polyphile
, puis
Le Cénacle
, est accompagné du sous-titre : « Une
enquête de l’amour (première soirée) » ; un autre titre est envisagé :
Les Scrupules à Polyphile
. Un début est esquissé : « J’avais
fort mal parlé de l’amour ce soir-là au lieu qu’il l’avait défendu avec la chaleur qui lui était ordinaire sur ce sujet et, comme la
demi de onze heures sonnait, Polyphile me demanda si j’avais envie de dormir. Non lui dis-je. Il me pria donc de venir souper
avec lui »… Maurras a jeté sur le papier des notes parfois assez crues : « Jolies filles de 15 ans ici. Puis l’exercice de l’amour
stérile, dont les fiancés ont appris les pratiques à la caserne, et elles prennent une expression animale, les lèvres s’enflent, les
joues fuient et les yeux deviennent stupides. Tout le visage est ainsi déformé, pendant que le reste est flétri »… On note une
dialogue entre « L’Âme » et « L’Ombre » ; des réflexions sur « l’Abstinence » ; des esquisses, des réflexions philosophiques
sur l’amour, des citations, des maximes : « Contenter son corps, une façon de le vaincre. – Se délivrer d’œuvres serviles ; se
rapprocher de l’esprit pur. – Confiner à la divinité ».
146.
Charles MAURRAS
. Manuscrit autographe,
Le Mont de Saturne
, [vers 1897] ; 62 pages formats divers montés
sur onglets ou à fenêtre en un volume petit in-4, relié maroquin janséniste rouge, cadre intérieur de maroquin
rouge et filets dorés, doublures et gardes de moire rouge, tranches dorées, étui (
Semet & Plumelle
). 1 000/1 200
Intéressant recueil des premières esquisses pour
L
e
M
ont
de
S
aturne
, que Maurras rédigera en prison à Lyon en
septembre 1944, mais dont la genèse remonte à 1897.
Le Mont de Saturne
, sous-titré
Conte magique, moral et policier
, ne
paraîtra qu’en 1950.
On relève plusieurs pages de titre, dont une datée : « 1897. Lyon le 16 septembre à minuit Buffet de la gare », avec, en
épigraphe, cette phrase (plusieurs fois notée, avec variantes) de la baronne Marie Vetsera (« la maîtresse fiancée de l’archiduc
Rodolphe ») : « Souviens toi de la ligne de vie qui est inscrite dans ma main ». Maurras a jeté sur le papier des idées, des pensées
ou maximes (« Par le désir, la volonté bien arrêtée de tout sentir te de tout être ». « Prière ou suicide »…), des thèmes, des
situations, parfois autobiographiques : « Scène de B. et moi à Saint En. Vieille femme encore belle ou point laide. Mon œil hagard
considérait celle qui avait vécu. À la sortie, soleil plus clair, ondes plus chaudes, air bleu. Vie percée à jour ». Maurras a rédigé
plusieurs débuts différents, abondamment raturés et corrigés, hésitant sur le patronyme de son héros Claudius/Claude Nolay/
Nollays ; citons celui qui semble un des plus anciens (Claude s’appelle alors Pierre) : « Pierre X, qui revenait des antipodes après
y avoir fait un séjour de onze ans, eut sujet d’admirer plus d’un changement singulier aux bords de la mère patrie ; mais rien
ne pouvait le frapper d’autant de stupeur que la métamorphose qui s’était opéré dans toute la personne de son ami Jean Z. Il eut
beaucoup de peine à reconnaître l’adolescent inquiet, découragé, amer, mélancolique dont il avait reçu au collège les confidences
et auquel il avait auguré en son secret une destinée difficile »…
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