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les collections aristophil
germanica
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MAHLER GUSTAV
(1860-1911).
L.A.S. « Gustav Mahler »,
Berlin
1
er
juin
1895, à Hermann BEHN ; 3 pages in-8
à en-tête et vignette
Hotel Bristol
; en
allemand.
3 000 / 3 500 €
Amusante lettre après ses concerts
à Hambourg et son apprentissage
du vélocipède.
[Hermann BEHN (1857-1927), pianiste et
Kapellmeister à Hambourg, ami de Mahler,
était célèbre pour ses arrangements pour
piano, des opéras de Wagner notamment.
En avril-mai 1895, Mahler, venu à Hambourg
diriger des concerts organisés par son agent
berlinois Hermann WOLFF (1845-1902), a
habité chez ses amis Behn (« Pension Behn »),
Oberstraße 87. Il acheta un vélocipède, et
apprit à le conduire.]
Il rapporte plaisamment sa conversation
de deux heures avec Hermann Wolff, assez
confuse et décousue, notamment au sujet
du rejet par Behn de ses propositions, et
des concerts que Mahler doit diriger. Wolff
semble cependant avoir grand désir de
reprendre les négociations avec Mahler…
« Also mit Wolff 2 Stunden gesprochen.
Sie wissen, das genügt, sich weder in
seinen eigenen noch in Wolffs Absichten
auszukennen. – Jedenfalls hat er Ihren letzten
Brief als
Absage
für alle Fälle angesehen, und
scheint jetzt (Schanden halber) nicht mehr
selbst wieder anfangen zu können. Es wäre
für alle Fälle gut, dass Sie ihm gelegentlich
einmal mittheilten, (wessen ich ihn schon
versicherte) dass Sie selbstverständlich, für
den Fall, dass ich die Concerte dirigiere,
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MAHLER GUSTAV
(1860-1911).
L.A.S. « Mahler », [fin 1903 ?,
à Carl GOLDMARK] ; 2 pages oblong
in-12 à en-tête
Der Director des k. k.
Hof-Operntheaters
; en allemand.
2 000 / 2 500 €
Comme directeur de l’Opéra de Vienne.
[Carl GOLDMARK (1830-1915), d’origine
hongroise, a composé six opéras, parmi
lesquels
Die Königin von Saba
(1875), et
Merlin
(1886). Gustav Mahler avait donné
une nouvelle production de la
Königin von
Saba
à l’Opéra de Vienne le 29 avril 1901 ;
l’œuvre sera reprise, dans une production
rénovée avec Slezak, le 25 mai 1904.]
Il prépare pour Noël une représentation de
Saba
avec Slezak [le ténor Leo SLEZAK (1873-
1946)] dans le rôle d’Assad et la Schubert
[la soprano Betty SCHUBERT (1876-1930)]
pour la Reine. À cette occasion, il veut
faire aussi le duo d’ouverture de l’acte IV
[qui avait été coupé jusque là]. –
Merlin
ne
peut être distribué qu’avec Slezak ; la note
était décidément prématurée. Au contraire,
il préconiserait une première à Francfort,
car cela pourrait être avantageux pour la
représentation à Vienne…
« Ich bereite für Weihnachten eine Aufführung
von den
Saba
vor mit Slezak als Assad und der
Schubert als “Königin”. Bei diesen Gelegenheit
will ich auch das Anfangsduett des IV. Aktes
machen. –
Merlin
kann nur mit Slezak gegeben
werden ; die Note war daher entschieden
verfrüht. Ich bitte wegen Frankfurt ganz ohne
Rücksicht zu entscheiden, ganz im Gegentheil
würde ich eine Erstaufführung in Frankfurt
befürworten, weil man daraus Vortheile für
die hiesige Aufführung ziehen könnte »…
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MARC FRANZ
(1880-1916).
Peintre allemand.
9 L.A.S. « FrzMarc », 1910-[1915],
à Reinhard PIPER, à Munich ;
4 pages et demie in-8 (une à en-tête
de son cachet encre), et 6 cartes
de correspondance oblong in-12
avec adresses (une au crayon ; trous
de classeur à une lettre et une carte) ;
en allemand.
6 000 / 8 000 €
Rare correspondance à son éditeur
et mécène.
[Franz Marc a été tué à Verdun, à l’âge
de 36 ans ; il avait été le cofondateur, avec
Kandinsky, du mouvement
Der Blaue Reiter.
Reinhard PIPER (1879-1953) avait fondé en 1904
sa maison d’édition à Munich, R. Piper & Co.
Ami des peintres, il édita l’almanach
Der Blaue
Reiter.
Il éditait également des albums de
reproductions de peintres ; il est également
l’auteur d’un livre sur L’Animal dans l’Art,
Das
Tier in der Kunst
, qu’il publia en 1910 en y
insérant des reproductions de Franz Marc.]
Sindelsdorf
19.IV.
1910
, remerciant pour l’envoi
de beaux livres ; il a admiré notamment
la collection de reproductions de DELACROIX,
et celle consacrée à HARUNOBU (« Ich habe
mich gleich an der Kollektion Delacroix-
Bilder gelabt; eine wundervolle Sammlung.
Harunobu ist ebenso köstlich »). Il a envoyé
ses corrections… –
25 avril
: il va partir à
Berlin pour quelques jours, et reviendra aussi
vite que possible (5 ou 6 mai) dans son bon
Sindelsdorf ; il donne les dates de l’exposition
MANET… – [
6 mai
, au dos d’une carte postale
de la
Berliner Secession
par T.T. Heine], il se
réjouit de son retour à Sindelsdorf après
Berlin, malgré le temps de chien (« Ich bin
nun glücklich aus Berlin zurück, enttäuscht,
hier das selbe Hundewetter vorzufinden,
mit dem ich abgefahren war »). Mlle Franck
(sa future femme) a trouvé que la joie de
son retour était touchante… –
[Mai],
longue
lettre au sujet des retouches de son dessin
pour la couverture du livre de Piper (« das
übersandte Bild ist sicher besser, aber doch
nicht so, wie es sein könnte; ich habe es
nocheinmal, möglichst klar u[nd]. einfach
überzeichnet, um eine noch geschlossenere
Wirkung zu erzielen. Die Art, wie der
Retoucheur das letzte überarbeitet, war so
geschickt, daß man ihm diese neuerliche,
etwas energische Retouche leicht anvertrauen
kann. Ich habe mich diesmal bemüht, ihm
seine Arbeit durch eine möglichst einfache
u. klare weiße Korrektur nach Kräften zu
erleichtern. Es thut mir aufrichtig leid, daß mein
Entwurf nun so wieder Korrekturen bedurft
hat, um einigermaßen herauszukommen,
ein andermal werde ich mich besser auf
eine reine Schwarzweißwirkung besinnen »)...
Mlle Franck va partir deux semaines à Berlin
pour voir ses parents… –
9 septembre
,
à propos d’un article (« Epistel »), à imprimer
signé seulement d’un M, qui, espère-t-il,
comblera réellement une lacune dans le
jugement artistique des habitants de Munich,
ce qu’il n’est pas sûr de bien juger dans
son isolement (« Hoffentlich erscheint sie
Ihnen nicht zu lang für eine Tageszeitung,
ich versuchte mich kurz zu fassen wie ich
konnte. Aber will man wirklich etwas sagen
u. nicht bloß tönende Worte reden, läßt sich
ein solches Thema, glaube ich, nicht auf einer
Seite abmachen. […] Ich würde mich freuen,
wenn die Zeilen irgendwelche Verwendung
fänden, sofern damit wirklich eine Lücke im
Kunsturteil der Münchner gefüllt wird, was
ich natürlich in meiner Isolirtheit durchaus
nicht genügend beurteilen kann. »)…
16 mai 1912,
il attend Piper samedi à Penzberg,
ils parleront de leurs plans. –
16 octobre
1913,
commande de livres qui solderont le
compte de l’achat de gravures par Piper : le
Doppelgänger
de KUBIN, de George QUERI
Bauernerotik
et
Schnurren des Rochus Mang,
et l’
Entwicklungsgeschichte
de MEIER-
GRAEFE ; plus
les Frères Karamazov
et les
livres de Bouddha… Il remercie pour le bel
Almanach, que Koehler ne devrait pas tarder à
payer (« den hübschen Almanach. Herr Koehler
schrieb mir früh, daß er nicht hofft allzulange
auf die Abrechnung warten zu müssen »)…
7 août 1914
: la mobilisation interrompt le
travail sur la Bible – qui sait combien de temps
Ihr Wort nicht zurückziehen, und dass Sie
diess nur gethan,
nachdem ich abdicirt.
– In
diesem Falle bliebe es ihm ja immer noch
überlassen, die Unterhandlungen mit mir
wieder anzuknüpfen (wozu er grosse Lust zu
haben scheint). – Das ist das ganze Resultat
unserer Unterredung, die übrigens wieder
eben so zerstreut und jeden Augenblick
unterbrochen vor sich ging, wie es bei Wolff
zuzugehen pflegt. – Wir schieden in bestem
Einvernehmen ».
Il regrette le temps de la pension Behn –
après une coexistence si agréable, il se sent
à nouveau doublement solitaire… « Mir ist sehr
lang nach der Pension Behn – nach einem so
erfreulichen Zusammenleben fühle ich mich
jetzt wieder doppelt vereinsamt. -
Ich lasse also den Kopf etwas hängen, uns
diess verleiht mir vielleicht einen “sinnenden”
Charakter ».
Il demande si son vélocipède est parti ;
il se sent comme sans main… « Ist meinen
Velociped schon abgegangen ? Man ist ja,
wie ohne Hand ! »
Pour finir, il donne son adresse de vacances :
« Steinbach am Attersee Oberösterreich »
[il y travaillera à la
3
e
Symphonie
].
durera la « pause dans l’art » ! (« nachdem
ich auch eingerückt bin, muß wohl die ganze
Bibelarbeit ruhen, - wer weiß wie lange
die “Pause in der Kunst” dauern wird! »).
Instructions pour la correspondance et les
comptes ; sa femme a procuration générale…
–
7 mai 1915, Feldpostkarte
du Front avec son
adresse à l’armée « 12. Landwehr
Division
bayr Ersatz Abteilung Schilling des 1. Bayr.
Feld Artill. Rgt » (et cachets militaires), sur
sa situation financière déplorable (Piper
doit entendre la même chanson de tous les
peintres sur le terrain) ; il ne peut accepter
l’échange de livres, et veut vendre ses rares
tirages à 40 marks l’estampe, qu’il fera
25 à Piper s’il paie comptant… S’il veut les
éditer, les 10 tirages avec tous les droits
200 Mk, avec baguette en bois 300 Mk,
– rabais de guerre ! (« Meine Finanzen
befinden sich in so armseligem Zustande
– Sie werden ja dies Lied von manchemMaler
hören, der im Felde steht – daß für mich unter
diesen Verhältnissen ein Tausch gegen Bücher
ganz wertlos ist. Ich möchte die ganz wenigen
vorhandenen Drucke (– mit dem Ihrigen sind
es 10) in den Handel u. zum Verkauf bringen
(à 40 Mk, wie alle meine anderen Drucke).
Wenn Sie ihn kaufen können u. wollen,
wird es mich sehr freuen. Denn den Sie in
Händen halten, ist ein besonders schöner
Vorzugsdruck, den ich Ihnen gegen 25 Mk bar
abtreten will. […] Wenn Sie ihn verlegerisch
übernehmen wollen, die 10 Drucke mit allen
Rechten 200 Mk, mit Holzstock 300 Mr,
– kriegsschwache Preise! »)…
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