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les collections aristophil
germanica
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LISZT FRANZ
(1811-1886).
L.A.S. « F. Liszt », Budapest 15 décembre 1873 ; 1 page in-8 ;
en allemand.
1 500 / 2 000 €
Il est désolé de ne pouvoir accéder au désir de son correspondant,
mais cette fois à Vienne son modeste talent de pianiste est uniquement
réservé au concert au profit de la Fondation Empereur François-
Joseph… « Euer Hohwohlgeboren, Aufrichtig bedauernd demWünsch
ihres gütigen Zuschrift nicht entsprechen zu können, weil diesmal
mein geringes Clavierspiel in Wien, einzig und allein dem Conzert
zum Besten der “Kaiser Franz-Josef Stiftung” angehört, – zeichnet,
Euer Hohwohlgeboren, hochachtungsvill ergebenst F. Liszt ».
[Ce concert eut lieu à Vienne le 11 janvier 1874 dans la salle du
Musikverein.]
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LOUŸS PIERRE
(1870-1925).
5 L.A.S. « P.L. », [1903-1917], à Maurice Sailland
dit CURNONSKY ; 8 pages formats divers, une adresse.
600 / 800 €
[1903,
avec une coupure de presse sur la nomination
d’Henry Marcel aux Beaux-Arts], lui offrant de « collaborer
à un
grand
journal parisien, payant bien, mais sérieux en
diable, […] quel genre d’articles aimeriez-vous faire ? » ;
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MAHLER GUSTAV
(1860-1911).
L.A.S. « Gustav Mahler », [Prague juillet 1886,
à Max STAEGEMANN, directeur de l’Opéra de Leipzig] ;
4 pages in-8 ; en allemand.
5 000 / 7 000 €
Intéressante lettre du jeune chef à la fin de sa saison à l’Opéra
de Prague, avant de rejoindre l’Opéra de Leipzig, au sujet d’une
chanteuse et du répertoire.
À cause de l’indisposition de Mlle HUDL, il n’a pu l’auditionner
qu’aujourd’hui, d’où son retard à lui en parler. La voix est décidément
belle, avec des intonations chaleureuses, pas mal dans des registres
moyen et grave (« Die Stimme ist entschieden schön, hat einen warmen
Klang – nicht übel Mittellage und Tiefe ») ; à vrai dire, il n’est pas sûr
que la dame ne soit pas une mezzo-soprano. Cependant, c’est une
novice
absolue
! (« Sie ist jedoch
totale
Anfängerin ! ») Bien qu’elle eût
un engagement à Olmutz pour une saison, elle n’y chanta, il ne sait
pourquoi, que trois rôles, à savoir « Agathe, Gretchen und Leonore-
Troubadour ! » [
Le Trouvère
] Il ne pense pas qu’elle convienne pour
Elsa ou Elisabeth.
il s’agit du « nouvel
Éclair
où je crois avoir un peu de crédit »…
– [
Biarritz 20.IX.1906]
, sur une formule de télégramme annotée :
« Lettre inestimable. Attends suite avec impatience que je qualifierai de
fébrile »… [
1907
] « SALOMÉ. – Ta bouche ! Laisse-moi baiser ! Richard
STRAUSS.
Salomé
. 1907, in-4°, p. 64. Rien ne saurait dépeindre, cher
ami, l’effarement, la pudeur, le scandale, le rougissement, la juste
indignation […], bref les stupéfactions de toutes sortes où je me suis
plongé en lisant la page 64 de la partition de Richard Strauss, piano
et chant, paroles françaises et même argot. Vérification faite il y avait
dans le texte : “Laisse moi baiser ta bouche”. Ma vaste connaissance
des langues ultrarhénanes me fait supposer qu’on avait traduit cela
par : Lass’ mich deinen Mund küssen ou quelque chose d’approchant.
D’où il suit que Strauss aura voulu conserver l’ordre des mots sur
lesquels il avait écrit sa phrase musicale. – N’empêche que c’est
effrayant. Si maintenant, dans le théâtre moderne, les jeunes filles
vierges répondent aux saints prophètes : “Ta bouche ! laisse-moi
baiser !”, je ne me consolerai jamais d’avoir contribué à l’abolition
de la censure par un de ces articles néfastes où... Ah ! misère ! »...
– Beauvais (en-tête du
Grand Café du Châlet).
Après un amusant
dialogue à un kiosque : «
Fantasio
est vraiment le plus gourde de tous
nos périodiques, pour aller photographier le nommé Prudhomme
aux Mathurins, et si peu ressemblant quand il pousse ici comme
des petits pâtés dans une plate-bande selon la belle métaphore de
M
me
de NOAILLES »…
[28.I.1917
], avec coupure de presse commentée.
« Or ça, Curnonsky, comment se porte Votre Seigneurie ? La mienne
s’est installée pour deux mois Hôtel Vouillemont, en villégiature »…
On joint
un manuscrit autographe de Marcel PAGNOL, traduction
française du célèbre passage des
Bucoliques
de Virgile, 1958 : « Pour
le bel Alexis, délices de son maître, / Le berger Corydon était brûlé
d’amour »… (8 vers sur 1 page in-4 oblong).
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Mahler a feuilleté
La Gioconda
[de PONCHIELLI], et ne l’a pas du
tout aimée.
Dejanice
[d’Alfredo CATALANI], dont il lui a parlé, est bien
meilleur. Il ne sait si
Aida
convient au goût du public de Leipzig ; si
oui,
Dejanice
devrait plaire, aussi (« Ich weiß nicht, ob das Leipziger
Publikum die
Aida
goutiert ; in diesem falle dürfte
Dejanice
gefallen »).
Au fait, il est allé plusieurs fois à Prague au Théâtre national de
Bohême (« im böhmischen Nationaltheater »), et a entendu des choses
de SMETANA, Glinka, Dvorak, etc. : le premier, surtout, lui paraît
remarquable. Si ses opéras entrent dans le répertoire en Allemagne,
cela pourrait valoir la peine de présenter à un public aussi sophistiqué
que celui de Leipzig (« einem gebildeten Publikum, wie das Leipziger
ist »), de la musique aussi véritablement originale et primitive (« einen
so durchaus originellen und ursprünglichen Musiken vorzuführen »).
Présenter un autre SPONTINI serait aussi très intéressant ! En tout
cas, il faut tenir compte des circonstances particulières aussi bien
que des chanteurs disponibles. Souvent l’aptitude spéciale d’un
chanteur à un rôle particulier fait le succès d’un opéra (« Oft macht
auch die besondere Eignung einer solchen für eine Partie den Erfolg
einer Oper aus »)…