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51

les collections aristophil

germanica

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LISZT FRANZ

(1811-1886).

L.A.S. « F. Liszt », Vienne 6 août 1846,

au comte Gustave de NEIPPERG] ;

5 pages et demie in-8 sur papier

bleuté au timbre BATH couronné ;

en français.

3 000 / 4 000 €

221

LISZT FRANZ

(1811-1886).

3 L.A.S. « F. Liszt », 1874-1877,

à Hans von BÜLOW ; 9 pages in-8.

8 000 / 10 000 €

Belle correspondance à son ancien gendre,

dont Liszt suit les succès comme pianiste

et chef d’orchestre.

Rome 5 juin 1874.

Il se réjouit de sa venue :

« Vous me remettrez en bonne veine

d’esprit, et je vous attends à cœur et bras

ouverts. Votre

Caprice russe

déversé sur

le public européen et américain, par la

Gazette d’Augsburg, foisonne de verve, de

justesse d’observation, d’originalité, et ... de

crânerie ! Ma timidité s’en effraie bien un

peu, vu l’excessive susceptibilité de la fibre

nationale des italiens. Ne point entonner

le

Viva Verdi

est un crime de lèse-nation ;

vous l’avez perpétré de la façon la plus

ostensible ; et la moitié de vos deux articles

sur GLINKA peut compter comme une

Variation très brillante du fameux motif des

“Schweinhunde” de Munich, traduite en italien

par quelques périphrases du “Porco-asino” !...

Curieuse lettre témoignant de l’intérêt

de Liszt pour la phrénologie, à la veille

de sa dernière grande tournée européenne.

[Le Dr Michel Arthur CASTLE, qui habitait

Milan, était l’auteur de quelque 2000 études

phrénologiques de personnes vivantes, dont

Liszt, et comptait, parmi ses disciples et

admirateurs, le comte Gustave de Neipperg.

Le chapitre XVI du

Voyage pittoresque en

Italie. Partie septentrionale

(1855) de Paul de

Musset, évoque parmi les souvenirs de Milan

avant 1848, le comte de Neipperg, adepte

de la phrénologie, et la visite qu’ils firent

au Dr Castle, en citant longuement l’étude

phrénologique que Castle avait consacrée

à Liszt.]

Il a donné ordre à son secrétaire Belloni

« de terminer à tout prix, et le plus

promptement possible l’affaire des manuscrits

Castle »… Il a consulté son ami Rey, « un des

rédacteurs du

Constitutionnel,

et garçon

d’honneur et de talent, qui a déjà fait souvent

ses preuves, pour la révision des traductions,

entre autres pour celle de l’

Histoire de

l’Empire ottoman

de Hammer », au sujet

de leur « étude phrénologique. L’opinion de

Rey est entièrement celle de Janin, et d’autres

personnes encore qui ont l’habitude de la

presse et des publications françaises. Je la

communiquerai

en substance

à Castle lors de

son passage à Vienne »… Liszt entre ensuite

dans le détail de l’« arrangement pécuniaire »

proposé par le libraire, pour un tirage de

100 ou 200 exemplaires à compte d’auteur.

« Je tâcherai d’expliquer tout cela à Castle

d’une façon

américaine,

nette et claire. Il est

à peu près impossible de juger de certains

rapports parisiens (ceux de la publicité par

exemple) sans y avoir fait un assez long et

pratique séjour. S’il accepte une des deux

propositions de Rey, je ferai en sorte que

vous receviez les premiers exemplaires à la

fin novembre au plus tard. […] D’après une

lettre de Janin (fort drôle) il sera absolument

indispensable de retrancher le chapitre des

appétits sexuels…

Cela ne fâchera pas Castle,

j’espère ? »

Puis il parle de sa tournée : « Mon

voyage de Constantinople par la Hongrie,

Transylvanie, Valachie etc. est toujours fixé à

la mi-septembre. À mon retour, en février, je

viendrai vous demander l’hospitalité d’un coin

de votre grande chambre pendant trois ou

quatre jours à Milan »… Il envoie ses « bonnes

et franches amitiés à Alberti auquel j’enverrai

son

Ŭngarischen,

avec la collection complète

en octobre. » [Le comte ALBERTI est l’un des

dédicataires de

Magyar Dallok

(ou

Mélodies

hongroises

).]

Toutefois, depuis des années vous portez

si noblement vos

crimes triomphants

que

ce dernier ne vous embarassera guère ;

et il y aurait naïveté ou sottise à vous le

reprocher, d’autant plus qu’il devient salutaire

à beaucoup de gens d’être “

GeBülowt

” »... Il a

informé la Princesse W. [Sayn-Wittgenstein]

de l’arrivée de Bülow, et elle l’attend pour

dîner dimanche ». Sgambati l’attendra à

la gare. « Après demain je m’établis à la

Villa d’Este où vous me ferez un “plaisir-

bienfait” (pour me servir de votre excellent

néologisme »…

Wilhelmsthal 30 juillet 1876.

« On me dit

que vous êtes souffrant de corps, et triste

de l’âme. La disproportion entre les maux de

ce monde et leurs remèdes ou palliatifs se

montre trop évidente pour qu’il y ait lieu d’en

deviser en dehors des livres et sermons. Toute

philosophie et sagesse humaine se réduisent

à supporter la nécessité des afflictions. En

cela, l’héroïsme vous a merveilleusement

soutenu, depuis plus de vingt années : et plus

que personne je ressens et admire la haute

vaillance de votre grand caractère »...

Rome 25 août 1877.

Il a eu par Aibl de bonnes

nouvelles de sa cure à Creuznach, et une

lettre de Hans BRONSART « m’apprend que

vous remplissez son grand désir, en acceptant

le poste de Hannovre, – après les Concerts

de Glasgow. Je félicite notre excellentissime

ami, Hans II, de cette décision, et me défends

contre tout égoïsme. À plusieurs égards

Hannovre me semble mieux vous convenir

maintenant que Budapest : vous y serez

rapproché de l’Angleterre que je considère

encore comme le plus

fructueux

terrain

d’opération, tant pour votre activité de maître

de chapelle, que celles de compositeur,

virtuose, commentateur érudit et admirable

interprète des œuvres classiques, – plus,

votre très noble, grande et rare

personnalité

,

qui dans le grand pays d’Angleterre est

sympathique »... Il passera septembre et

octobre à la Villa d’Este, et l’hiver à Pest.

« Avant de quitter Weimar j’y ai revu Daniela

et Blandine [ses petites-filles, filles de Bülow et

Cosima Wagner], – deux charmantes jeunes

personnes, bien douées et parfaitement

élevées »...