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Le Rêve de la chambre rouge
entre autres est caractéristique de cette période »… ; et sur Nankin : « Elle fut la capitale
des Song dont le règne coïncida avec le plus beau moment de la civilisation chinoise, et on la considère comme
l’Athènes de la Chine. […] Les maisons ne ressemblent pas à celles de Pékin. Au lieu de se cacher derrière des murs,
elles exhibent des façades de deux à trois étages, garnies de fenêtres »… Etc.
12.
Simone de BEAUVOIR
.
M
anuscrit
autographe d’une interview, [
Où en est la révolution cubaine ?
], [début
avril 1960], avec L.A.S. d’envoi à une dactylographe ; 20 pages et demie in-4 avec ratures et corrections,
sur papier quadrillé.
1 000/1 500
R
éponses
à
une
interview
sur
la
révolution
cubaine
,
au
retour
de
son
séjour
de
plus
d
’
un
mois
à
C
uba
. Les remarques de
Beauvoir, numérotées de 1 à 19, correspondent à des questions de Claude Julien ; l’interview sera publiée dans
France-Observateur
le 7 avril 1960.
La réalité de la révolution cubaine est « plus riche, plus complexe, plus passionnante » que Beauvoir ne l’imaginait :
« La presse française et étrangère a beaucoup insisté sur le caractère romantique, improvisé, désordonné qu’elle
prêtait à cette révolution ; elle m’apparaissait de loin comme très sympathique, mais pas très sérieuse. Or j’ai rencontré
à la Havane des gens très réfléchis, très compétents, très avertis des problèmes qui se posent à eux ; ils sont jeunes,
c’est vrai, mais ils en ont conscience […] ils remédient à cette inexpérience par beaucoup de travail et de réflexion.
Les anciens combattants de l’armée rebelle portent la barbe et souvent les cheveux longs, ils conservent leur uniforme
même s’ils sont ministres : leur aspect déconcerte un peu les Européens et les Américains du Nord ; mais il ne répond à
aucune bizarrerie, […] aucun désordre intellectuel ou moral. J’ai rencontré
C
he
G
uevarra
; il y a un surprenant contraste
entre la solennelle banque où il est installé, et Che Guevarra, avec ses longs cheveux, sa petite barbe, son béret, et
son air d’extrême jeunesse. Mais j’ai constaté qu’il répondait à toutes les questions avec une grande compétence :
la solidité de ses exposés m’a frappée. Je n’ai parlé avec lui que deux ou trois heures, et je ne suis évidemment pas
une spécialiste ; mais on m’a dit qu’il étonnait les spécialistes eux-mêmes ; […] il discute les traités de commerce avec
une précision et une intelligence supérieures, généralement, à celles de ses interlocuteurs et c’est lui qui finit par les
mettre dans sa poche »… Elle raconte leur premier contact avec Fidel
C
astro
, et l’« effrayante impétuosité » avec
laquelle la foule s’est ruée sur lui à la fin de son discours d’inauguration d’une école… Elle rapporte des remarques de
Guevara sur le choix d’un ministre des Finances, de
J
imenez
sur le taux d’analphabétisme, d’
O
ltusky
sur le destin de la
révolution… Elle commente la réforme agraire, et marque clairement les limites de la comparaison entre Cuba et la
Chine : « Cuba n’a pas d’appareil, aucune idéologie a priori, et seulement six millions d’habitants »…
13.
Simone de BEAUVOIR
.
D
eux manuscrits
autographes, [1960-1963] ; 7 et 14 pages in-4 sur papier quadrillé
avec ratures et corrections (on joint la dactylographie du second).
1 200/1 500
D
eux manuscrits
sur
la
condition
des
femmes
.
P
réface
pour
La Grand’peur d’aimer, journal d’une femme médecin
de Marie-Andrée
L
agroua
W
eill
-H
allé
(Julliard,
1960). « “Comment les autres femmes font-elles ?” Tout au long du recueil de témoignages que nous livre aujourd’hui
Mme la doctoresse Weill-Hallé on retrouve ce leit-motiv déchirant. Les femmes épuisées, harassées, épouvantées,
traquées qui viennent lui demander secours se croient victimes de quelque singulière et obscure malédiction : leur
désespoir est trop absolu pour ne pas leur paraître anormal […]. On compte chaque année en France au moins
500.000 avortements. Combien de grossesses non consenties et subies dans l’angoisse ? Combien d’enfants mal
accueillis, mal aimés, mal traités, de ménages minés par des charges ennemies, de couples désunis par la nécessité
d’une nouvelle naissance ? »…
Valentina et la promotion de la femme
. Après le triomphe de la cosmonaute russe Valentina
T
erechkova
, en juin 1963,
Beauvoir réclame qu’on donne leur chance aux femmes, pointant du doigt la faible représentation des Françaises dans
les professions libérales, et dans le monde du travail en général. Elle blâme les ambitions bornées, la présomption de
mariage, la solidarité masculine, les charges de la maternité et du foyer, rappelant en passant que
Le Deuxième Sexe
démontrait que « la condition d’“être relatif” » était incompatible avec la dignité humaine… Aujourd’hui une femme
se trouve à la quarantaine passée sans cet « intérêt vivant » qu’est l’enfant : « Quel terrible désert pour celle qui n’a
plus rien à faire ! Et c’est aussi à ce moment-là que son mari risque de lui faire défaut »… Suivent quelques réflexions
sur l’attirance de la femme indépendante, ayant un métier, pour l’homme qui aime avoir une ménagère à son foyer…
Or donner leur chance aux femmes ne signifie pas seulement favoriser la moitié défavorisée de l’espèce, mais « bâtir
un monde où les êtres humains ne seront plus des loups les uns pour les autres, où l’organisation de la production
triomphera de la rareté, où la liberté ne sera plus l’anarchie qui profite aux uns au détriment des autres […]. La chance
de la femme est liée à celle de l’humanité »…
14.
Simone de BEAUVOIR
.
M
anuscrit
autographe de sa
préface
à
La Bâtarde
de Violette
L
educ
, [1964] ;
36
pages in-4 sur papier quadrillé avec de nombreuses ratures et corrections (on joint une dactylographie
incomplète).
1 200/1 500
I
mportante
préface
pour
L
a
B
âtarde
,
faisant
l
’
éloge
de
l
’
œuvre
de
sa
protégée
, V
iolette
L
educ
.
Elle a lu dès 1945 le manuscrit de
Ma mère ne m’a jamais donné la main
, et a tout de suite été saisie par Violette
Leduc. « Les titres de ses livres –
L’Asphyxie
,
L’Affamée
,
Ravages
, ne sont pas riants. Si on les feuillète, on entrevoit un
… / …