7
9.
Simone de BEAUVOIR
.
M
anuscrits
autographes (fragments) [pour
Faut-il brûler Sade ?
, 1951] ; 7 pages
in-4 sur papier quadrillé.
500/600
Pages de remplacement à dactylographier pour insertion dans cet essai sur
S
ade
qui sera publié en décembre 1951
dans le n° 74 des
Temps modernes
, repris avec deux autres dans
Privilèges
(Gallimard, 1955), et depuis, recueilli avec
les mêmes, sous le titre
Faut-il brûler Sade ?
Le texte du manuscrit comporte de légères variantes avec celui publié.
« En quoi mérite-t-il de nous intéresser ? Ses admirateurs mêmes reconnaissent volontiers que son œuvre est dans
sa plus grande partie illisible ; philosophiquement elle n’échappe à la banalité que pour sombrer dans l’incohérence.
Quant à ses rêves, ils n’étonnent pas par leur originalité ; dans ce domaine, Sade n’a rien inventé et on rencontre à
foison dans des traités de psychiatrie des cas pour le moins aussi étranges que le sien. En vérité, ce n’est ni comme
auteur, ni comme perverti sexuel que Sade s’impose à notre attention : c’est par la relation qu’il a créée entre ces deux
aspects de lui-même. Les anomalies de Sade prennent leur valeur du moment où au lieu de les subir comme une
nature donnée il élabore un immense système afin de les revendiquer […]. Sade a tenté de convertir son destin psycho-
physiologique en un choix éthique ; de cet acte par lequel il assumait sa séparation, il a prétendu faire un exemple et
un appel : c’est par là que son aventure revêt une large signification humaine »…
O
n
joint
les copies carbones d’une dactylographie d’époque de ces pages.
10.
Simone de BEAUVOIR
.
M
anuscrits
autographes [pour
Les Mandarins
, 1954], dont un avec L.A.S. d’envoi ;
18 pages et demie in-4 sur papier quadrillé.
1 000/1 500
R
ésumé
et
fragments
de
son
roman
L
es
M
andarins
(Prix Goncourt 1954).
Résumé : « Tunis, le 25 décembre 1944. Un groupe d’intellectuels de gauche fêtent Noël et la libération. De grands
espoirs leur semblent permis ; tout ce qu’ils aimaient avant-guerre va renaître : la vie privée, les voyages, l’amour, le
bonheur, la littérature ; et ils voient s’ouvrir devant eux des possibilités neuves : ils contribueront à bâtir sur les ruines
du fascisme un monde plus juste et meilleur. Cet optimisme s’incarne plus particulièrement en deux hommes : Robert
Dubreuilh, célèbre écrivain de 60 ans, qui a pris une part active en 36 à la lutte antifasciste – Henri Perron, écrivain
connu d’environ 35 ans que la résistance vient tout juste d’amener à s’engager politiquement. En revanche, la femme
de Dubreuilh, Anne, psychanalyste d’environ 40 ans est inquiète : la guerre a remis tout le passé en question, elle craint
que l’avenir ne conteste l’œuvre et la pensée même de son mari […]. Ce roman s’efforce d’être un témoignage de
l’époque de l’après-guerre ; mais il prétend aussi être un roman. […] Le titre français du roman sera vraisemblablement
Les Mandarins.
» (dactylographie jointe).
Fragments du manuscrit (paginés 597 bis, 605 bis, 633 à 635, 637 à 639 bis, 640 à 642 bis, 880 et 1197 bis). Ces
nouvelles rédactions consistent en des fragments de dialogues entre Henri et Anne, Paule, ou Samazelle. « – Encore
des télégrammes de félicitations ! dit Samazelle en jetant les dépêches sur le bureau d’Henri. – On peut dire que nous
avons soulevé l’opinion, ajouta-t-il d’un air réjoui. Il ajouta : Scriassine attend dans le parloir ; il est avec Peltov et deux
autres types. – J’ai lu son projet de croisade anti-soviétique : ça ne m’intéresse pas, dit Henri. – Il faut tout de même
les recevoir, dit Samazelle, et il désigna des papiers qu’il avait posés devant Henri : Et je voudrais beaucoup que vous
jetiez un coup d’œil sur ces articles remarquables que Volange vient de nous envoyer… […] Nous voilà classés comme
anti-communistes. Ça va évidemment nous faire perdre la moitié de nos lecteurs »… Etc.
O
n
joint
10 ff. dactylographiés de l’époque (copies carbones de ces manuscrits), et 1 f. d’une version antérieure avec
corrections autogr.
Reproduit page 9
11.
Simone de BEAUVOIR
.
M
anuscrit
autographe (fragment) pour
La Longue Marche. Essai sur la Chine
,
[1955-1957] ; 12 pages in-4 sur papier quadrillé.
800/1 000
S
ur
la
C
hine
. Fragments du récit du voyage officiel qu’elle fit avec Jean-Paul
S
artre
en Chine, du 6 septembre au
6 octobre 1955. Des passages entiers sont barrés d’une croix ; ailleurs on relève de petites corrections.
Le premier manuscrit porte en tête : « 2 à 5 septembre 55 », et est paginé 25 à 30 (avec un
bis
). Il s’ouvre par des
observations des voyageurs dans la salle d’attente d’Orly, où des voyageurs bien habillés jusqu’à la caricature, à
destination de Boston, contrastent avec ceux, sobrement vêtus, qui partiront en « expédition officielle » pour Moscou…
Notes sur les Soviétiques, Hongrois et Tchèques à l’aérodrome de Moscou, et sur un Sud-Africain, également invité
officiel du gouvernement chinois avec qui ils conversent ; aperçus du paysage ; rappel de la présence occidentale
en Mongolie depuis le XVII
e
siècle (savants, moines, aventuriers)… « Comme Paris est loin ! Derrière moi le temps
et l’espace se sont si bien embrouillés, le système de nos besoins – faim, soif, sommeil – et de toute ma vie a été si
radicalement lissé qu’il me semble non avoir fait un voyage mais terminé un rite de passage, long, fatigant, et qui m’a
jetée insensiblement
ailleurs
. J’écoute l’aimable discours qu’on nous adresse en chinois et qu’un interprète traduit. Les
porteurs de hautes fleurs écarlates, la moiteur de l’air, la forte odeur végétale qui monte de la terre me suffoque. […]
Jusqu’ici quand je pensais à la Chine, je pensais à une histoire, une civilisation, un régime […] mais la Chine n’est pas
une entité politique ; je devine avec joie, qu’elle a un ciel, ses couleurs, ses arbres, une chair »…
Les 16 et 18 décembre 1956, elle envoie de nouveaux textes (paginés 476, 486 bis, 757, 781-782), sur la littérature
chinoise : « Sous les Mandchous, la décadence du monde féodal se réflète dans la littérature ; elle commença à s’évader
des règles formelles ; des genres nouveaux se développèrent. Le roman devint autre chose qu’un divertissement […]
… / …
Jeudi 20 juin 2019 à 14 heures