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3

1.

Alphonse ALLAIS

(1854-1905). 3 L.A.S., [Honfleur vers 1898-1900], à son ami Fernand

L

emonnier

 ; 4 pages

in-8.

700/800

A

musante

correspondance

à

propos

d

une

chèvre

et

d

un

bouc

. [Allais habitait alors la Villa Baudelaire à Honfleur ;

Lemonnier avait à Gonneville un bouc nommé Taupin.]

Villa Baudelaire, Honfleur

. « La trompette de la Renommée m’avise que vous êtes détenteur d’un bouc, vaillant agent

de reproduction. Or, j’ai chez moi une chèvre dont le désir de perpétuer sa race (ou peut-être simplement une odieuse

sensualité) incite en mille folies pénibles. Croyez-vous pas qu’un accouplement s’impose entre ces deux capridés ?

Alors, soyez assez gentil pour me dire si vraiment vous avez ce bouc et si et quand je pourrai diriger vers vous ma

voluptueuse bique »...

Il renvoie le « vaillant reproducteur dont la persistance ici déterminerait mille tempêtes au sein de mon personnel

syndiqué contre lui. Cet animal a fait tout son devoir et probablement un peu plus que son devoir, mille donc

remerciements à vous, son maître (sic vos non vobis) »…

« Ci-incluse l’amante. Cette dernière, doublée d’une mère de famille remarquable, a conservé des habitudes de

lactation qu’il ne serait peut-être pas prudent d’abolir trop vite. Je compte donc que vous voudrez bien faire entretenir

chez elle cette touchante fonction »...

Cher Monsieur vous-même ! Correspondance

, n

os

75-77.

2.

Louis ARAGON

(1897-1982). 2

manuscrits

autographes (un signé),

Issoire

, [1961] ; 3 pages in-4 et 3 pages

et demie in-4, reliées en un volume cartonné, plats de papier marbré, dos de cuir noir lié par une cordelette.

1 500/2 000

T

rès

belle

évocation

de

l

église

S

aint

-P

aul

d

’I

ssoire

, publiée dans le premier numéro d’

Art de France

,

revue annuelle de

l’art ancien et moderne

, en 1961. Le brouillon de premier jet, très raturé et surchargé de corrections, est suivi de la mise

au net, présentant encore quelques corrections, et signée ; tous deux sont écrits à l’encre bleue.

« Comme si, à cette dernière étape au cœur de la Limagne, avant de se mésallier avec l’Allier, l’eau volcanique du

lac Pavin avait déposé la lave noire de ses origines, une sorte de merveille sombre y surgit, prise dans une ville plate

et pavée et qui ne semble par rien d’autre se souvenir d’un passé terrible et sanglant : c’est Saint-Paul d’Issoire qu’on

appelle aussi Saint-Austremoine »… Aragon rappelle la forme de cette église romane d’Auvergne, « assurément celle

dont le plan a le plus d’audace et d’ampleur ». Reconnaissant les altérations dues à l’architecte Malley, tant décrié pour

la façade et le clocher qu’il fit bâtir en 1841, il clame son admiration pour l’entrée : « je lui trouve cette beauté mâle

d’une poitrine de géant, de lanceur de javelot, qu’on s’étonne de ne pas voir soulevée par une respiration puissante,

par le feu profond de la terre dont ses schistes sont à jamais noircis, et qu’est-ce pour eux que sept ou huit siècles

de plus ou de moins ? »... Le « gros œuvre diabolique » le prend à la gorge, tel « un théâtre volcanique encore léché

de flammes récentes. [...] Je m’arrête dans le narthex comme un homme excommunié, je regarde cet acheminement

devant moi vers le chœur, sous cette voûte de cécité, ce pavement d’arkose à tomber à genoux, et le flèchement

du jour entre les piliers, qui semble destiné au sol seul, à cet impitoyable porphyre obscur. Et je comprends enfin ce

qui procure à tout cela cet air de tragédie, ce silence criard » : le badigeon dû à un certain Dauvergne en 1862, qui

indispose les « amateurs éclairés » aujourd’hui. On sait bien pourtant « qu’en ce fameux douzième siècle français où

tout a été inventé de la poésie et de l’amour, il devait y avoir ici du haut en bas des pierres un coloriage qui ne tenait nul

compte de leur ascétisme des yeux. Plus sauvage sans doute que ce qu’imagina ce peintre, l’année de l’expédition du

Mexique, et tout encore comme cet art d’Auvergne inspiré par les flammes d’un enfer terrestre, en ce pays d’invasions

et de reflux d’armées »... Il défie tout ce monde de préférer le « vaisseau démâté » du XVIII

e

siècle ; Malley et Dauvergne

n’ont pas

restauré

Saint-Austremoine, ils l’ont

achevé

. Déjà « n’admirons-nous pas des églises gothiques, qui furent

faites du massacre d’une architecture gothique, ne trouvons-nous pas naturelles à Chartres les parties Renaissance

surajoutées, déjà ces dernières années nous avons cessé de nous indigner de l’immixtion du baroque jésuite dans

les cathédrales flamboyantes »... Un jour on admirera le XIX

e

siècle d’avoir amené le rêve à maturité : « là-haut, dans

les chapiteaux, centaures, oiseaux d’Orient, arums, racontent des histoires dont le sens est perdu, mais les [...] crimes

contre Dieu dont ils témoignent se marient aux péchés modernes, et les draperies peintes retombent à la fois sur les

paradis Napoléon III et les luxures de la Terre promise, sur les bosquets d’Armide et les jardins d’hiver de Nana... »

O

n

joint

une photographie d’Aragon, signée au dos.

3.

Antonin ARTAUD

(1896-1948). L.A.S., [Marseille 3 août 1918], à Georges de

S

olpray

, à La Haye ; demi-

page in-12, carte-lettre avec adresse au verso, cachets

Ouvert Autorité Militaire

et étiquettes du

Contrôle

postal militaire

.

1 000/1 200

R

are

lettre

de

ses

débuts

au

directeur

de

L

a

R

evue

de

H

ollande

,

qui

,

la

première

,

publia

des

vers

d

’A

rtaud

(n° 8, février 1916).

« Si vous les avez conservés je vous prie de faire brûler les vers que je vous avez adressés. C’est comme si un mort

vous l’avait demandé. Vous respecterez ma volonté pour le repos de mon cœur »…

4.

Antonin ARTAUD

. L.A.S., vendredi ; 1 page in-8.

400/500

« Lundi je tourne. Je ne quitterai certainement pas le studio avant 7 heures et ne pourrai être à Paris avant

8 heures ½. ». Il fixe rendez-vous après le dîner vers 9 h ½ « au Select des Champs-Élysées »…

L

ittérature

Jeudi 20 juin 2019 à 14 heures