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d’un mutilé…
1916
.
[Juillet]
. À propos de la mort du fils aîné de Denys Cochin, Augustin, un an après celle de son frère
Jacques : « j’ai vu avec cette impression de sympathie terrifiée, que tous ont dû éprouver, le nouveau coup qui vient
d’ébrancher votre famille, et je n’en écris pas à votre frère par un sentiment injustifiable et que je dois surmonter : de
tels redoublements de ses sacrifices pour la France le mettent à part, peuvent faire que nos témoignages lui semblent
inutiles, superflus. Si on lui parle de sa fierté, il a le droit de juger qu’on méconnaît sa douleur, si on lui parle de sa
douleur, il doit se redresser. La vérité, c’est que la part qu’il porte est excessive. Il faut que la guerre continue, mais elle
ne devrait pas continuer pour la maison de votre frère »…
4 octobre
. Il met debout une brochure analogue aux
Traits
éternels
, ayant interrompu momentanément ses articles, car « les événements sermonnent mieux, aident mieux les
esprits qu’un écrivain qu’on a tant lu ne pourrait faire »…
[Début novembre]
. « Après bien des tergiversations, je vais
publier dans l’
Écho
ma petite série […] sur les
Diverses familles spirituelles françaises
, et c’est seulement après que je
publierai la série les pays du Nord »…
[11 décembre]
. Il lira Charles
D
roulers
, « dès que mes “familles” me laisseront un
peu de liberté »…
28 décembre
, pour le placement des enfants d’un soldat sans ressources et d’une femme « devenue
folle dans sa fuite devant l’invasion »…
1917
.
13 février
. « J’ai des difficultés avec la censure sur les articles sur les
régions envahies. Le gouvernement désire là-dessus le silence »…
16 mars
. Il ne sait dans quel volume « tomberont »
les articles sur les églises…
30 avril
, à propos de la demande de secours d’un malheureux prêtre.
1918
.
3 juin
. « Oui
nous passons des jours très durs. Il nous faut sans doute encore une semaine d’angoisse et de patience »…
17 octobre
.
Son fils Philippe « a été blessé à la tête de sa section, le 26 à l’assaut du Mont Muret, mais a pu atteindre l’objectif.
Il est lieutenant au premier bataillon de chasseurs qui est un très beau bataillon. […] Cette magnifique fin de guerre,
cette certitude de victoire, à laquelle se mêle la piété pour ceux qui nous la valurent, ne me laisse (à cet instant) aucun
sentiment personnel, aucun désir d’activité. Je suis heureux sans plus »…
1919
.
27 mars
. Il transmet un don pour les
habitants des régions dévastées, et demande son aide pour le curé de Magnières : « Tous ces coins de Lorraine me
touchent particulièrement »…
1921
.
Mirabeau 12 avril
. Il a accepté de parler de
D
ante
lors des fêtes commémoratives,
et expose le plan de son discours : « C’est un artiste, un politique passionné, un philosophe chrétien. J’admire en lui
la réussite de cette fusion parfaite de tous ces éléments »…
30 avril
. «
N’a-t-il jamais été question de faire de Dante un
saint
? De la même manière que je voudrais que l’église fît pour Pascal »…
17 mai
. « Du moins à écrire quelques pages
insuffisantes j’ai appris ce qu’est ce prodigieux poème géométrique et je me suis ouvert des fenêtres nouvelles »…
Charmes
5 octobre
. L’article de Cochin sur Dante l’a ramené quarante ans en arrière : « Vers ma vingtième année je
suis allé à Rome et comme je n’avais pas une culture qui me permît de puiser à pleines mains dans cet immense trésor
je recherchais les fresques d’Overbeck et des autres, dont je ne sais même plus le nom, et je lisais Rio et Ozanam (en
sorte qu’en bonne foi je devrais me demander si les influences de Renan que l’on peut voir chez moi ne sont pas pour
une part des nuances d’Ozanam qui se trouvait aussi très sensible chez Renan) »...
15 octobre
: « Quant aux
Barbares
,
ne les regardez pas, c’est un pauvre petit livre d’enfant tellement mal à l’aise dans cet affreux Quartier latin. (Affreux ?
Je ne savais pas y trouver l’excellent. Il y a là bien de ma faute. Mais à vingt ans tomber, sans une relation, dans ce
Paris, c’est noir) »…
1923
.
20 mars
. Remerciements pour la brochure d’Augustin Cochin : « je dis, d’accord avec ses
conclusions, que j’ai trouvé dans
R
enan
un témoin du catholicisme, au moins un témoin de l’Église »…
13 octobre
. Il
reçoit sa traduction des
Triomphes
de
P
étrarque
, au moment de s’embarquer pour la Rhénanie… Etc.
O
n
joint
une carte de visite, et la copie d’un article sur H. Cochin et Lamartine à Bergues (1913) ; plus 15 l.a.s. de sa
femme Paule Barrès, une de son fils Philippe, et divers documents.
6.
Charles BAUDELAIRE
(1821-1867). L.A.S. « C.B. » (deux fois), 31 mai 1862, à sa mère Mme
A
upick
;
5 pages et quart in-8, les quatre premières sur un bifeuillet de papier bleu.
3 500/4 000
L
ongue
lettre
à
sa mère
sur
l
’
état
de
ses
finances
.
Baudelaire accepte l’argent que sa mère compte lui envoyer, et il lui réclame 100 francs de plus ; mais il ne pourra
pas la rembourser rapidement. Il rapportera certainement de l’argent : « je dois considérer cet argent comme ne
m’appartenant pas ; il appartient à toi et à d’autres personnes. Toutes les sommes sur lesquelles je puis compter
appartiennent à quelqu’un ». Il promet à sa mère « des explications concluantes ». Il a donné congé à son hôtel. « Je
suis moins pauvre en vêtements que tu le crois. Je rapporterai beaucoup de mauvais linge qui sera très bon avec des
manchettes et des cols neufs. Je consacrerai 300 fr. au tailleur et au linge. Seulement il faut que je paye comptant.
Si ce n’est pas prêt au dernier moment, je ferai envoyer les objets à Honfleur. Je veux avant tout partir. Je ne veux
plus entendre parler de maisons de confection, de vêtements tout faits. C’est infâme. – Seulement pour le linge »...
Il faut régler les petites dettes, les gages des domestiques, les caisses, le voyage ; faire des comptes, des visites, et
notamment à
A
ncelle
, « cet homme bégayant qui n’a aucun respect pour mon temps ! » – visite qui effraie Baudelaire.
Il promet à sa mère des explications : « La disposition de tout mon argent (articles, droits d’auteur de toute sorte) d’ici
à trois mois. – Le récit des effroyables dégoûts où je suis tombé. &c… » Il reproche à sa mère des « phrases terribles,
qui m’ont fait penser longuement et tristement. […] Cette douceur et ce demi-reproche m’ont fait un mal salutaire »…
Il espère cependant partir et être à Honfleur pour la Pentecôte… « Tout ce que j’ai à produire paye mes dettes actuelles
d’ici à la fin de l’année, toi comprise, et comprise la soulte. Mais quel chien de métier ! Quant à mon revenu, mangé
pour cette année, je suis décidé à le laisser dormir, et à le capitaliser indéfiniment,
quand même il n’y aurait plus de
Conseil judiciaire
. J’ai une peur horrible de la misère. Je veux faire mes 6000 fr. de revenu »...
Correspondance
(Pléiade), t. II, p. 247.
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Jeudi 20 juin 2019 à 14 heures