Previous Page  106 / 216 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 106 / 216 Next Page
Page Background

104

… / …

Citons encore ces lignes méditatives, du dernier feuillet,

: « Pour comprendre l’homme et ses besoins, pour le connaître dans ce

qu’il a d’essentiel il ne faut pas opposer l’une à l’autre l’évidence de vos vérités. […] Il faut par conséquent, oublier un instant ces

divisions qui une fois admises entraînent tout un Coran de vérités inébranlables et le fanatisme qui en découlent. On peut ranger ces

hommes en hommes de droite et en hommes de gauche, en bossus et en non bossus, en fascistes et en démocrates, et ces distinctions

sont inattaquables. Mais la vérité vous le savez c’est ce qui simplifie le monde et non ce qui crée le chaos. La vérité c’est le langage qui

dégage l’universel »…

339.

Claude-Henri de SAINT-SIMON

(1760-1825) philosophe et économiste. L.A.S., [Péronne 27 mars 1791], au banquier

Jean-Frédéric

P

erregaux

, « Commandant du Bataillon N.D. de Bonne Nouvelle », à Paris ; 1 page ¾ in-4, adresse.

800/1 000

« Je vous ai prié par ma derniere lettre de vouloir bien vous charger de faire faire le recouvrement d’un mandat de 40,000

ll

que je vous

ai envoyé. Cet argent est destiné à fournir aux faux frais de notre speculation pour lesquels le credit que M. de

R

edern

m’avoit ouvert

sur vous est très insufisant. Voulez vous bien avoir la bonté d’être depositaire de cette somme et m’autoriser à tirer sur vous jusqu’à

concurrance de son montant. J’imagine que vous approuverez le parti que j’ai pris de profiter de tous les delais que les decrets accordent

aux acquereurs des domaines nationaux pour éffectuer leur premier payement. Il est vrai qu’il en coutera a Redern trois mois d’interets

mais d’un coté il a l’esperance de voir pendant ce tems monter ses éffets et d’un autre je presume que s’il paye des interets d’une main

il en recevra de l’autre »… Il a lieu de croire que ses prochaines acquisitions seront plus avantageuses encore… Il évoque un prêt voulu

par la sœur aîné de Redern, et demande son appui pour placer le jeune Louet à Paris : « On organise dans ce moment les burreaux du

tresor public. Un mot de vous au ministre l’y feroit placer à l’instant »…

340.

Constance de

T

heis

, Madame

P

ipelet

puis princesse de SALM

(1767-1845) femme de lettres, elle épousa en secondes

noces (1803) Joseph de Salm-Dyck (1773-1861), et tint un brillant salon littéraire rue du Bac dans l’hôtel de Ségur. L.A.S.

« Constance de Salm », Dyck 8 juin 1816 ; 4 pages in-4.

100/150

Elle annonce à son ami que « le Roi de Prusse [

F

rédéric

-G

uillaume

III] vient d’accorder à mon mari le titre de

Prince

 : il en avait déjà

le rang en Allemagne ; mais le

nom

n’y était pas encor [...] bien entendu que je partage, dans tout cela, les sentiments de mon mari, et

fais mon bonheur du sien »... Elle a adressé il y a quelques mois un poème, dont elle cite 6 vers, au Roi de Prusse qui lui a répondu

en termes très flatteurs : « C’est quand on est bien loin de son pays que l’on sent le mieux les avantages qui tiennent au talent quel

qu’il soit »... Elle a passé un triste hiver : « mon mari était à Berlin, et quoique je puisse aller dans une ville (soit Cologne, soit Aix-la-

Chapelle) la crainte d’avoir à y changer ma manière de vivre m’a fait rester à la campagne »... Elle a été malade et a souffert de douleurs

vives dans l’oreille... Elle demande des nouvelles d’amis... « Je ne suis plus au courant de rien et je sens vivement le besoin de tout ce

qui me rattache à mes amis, et les rattache à moi »... Elle espère se rendre à Paris cet hiver...

341.

George SAND

(1804-1876). L.A., Nohant 17 septembre [1821], à Émilie de

W

ismes

, à Angers ; 3 pages in-8 très remplies

d’une petite écriture, adresse.

1 000/1 500

J

olie

lettre

de

jeunesse

à

une

condisciple

du

couvent

des

D

ames

augustines

A

nglaises

.

La santé de grand-mère lui a causé « les plus douloureuses inquiétudes » ; elle a été administrée, mais est « beaucoup mieux et hors de

danger ». Elle remercie Émilie de ses lettres « si gentilles ! J’aime à te suivre dans tes récits. Je te vois d’ici, comme au couvent, faisant

de l’esprit avec un grand sang-froid et disant des choses charmantes avec ton petit air tranquille et posé ». Parfois elle a envie de tourner

la bride de sa jument Colette pour aller voir Émilie : « je ne sais à quoi il tient que je n’arrive en Bradamante et que tu ne me voies

apparaître comme un revenant sous un vieux if, dans les ruines du couvent. – J’ai ri trois heures de la figure de ton cheval avec ton

voile et ton chapeau. […] pour te faire aimer de lui bien davantage il faut lui donner des restes de côtes de melon. J’ai un jeune cheval

que je nomme

Pépé

à cause de son caractère latin il mord tout le monde. On pourrait faire une petite collection de tous les doigts &c

qu’il a presque mangé. Mais je lui ai adouci le caractère avec du melon dont il est très friand »… Elle parle aussi de son petit taureau

noir. « Tu vas dire que je suis bien bête de te conter de pareilles

nonsense

. […] Je vis au fond de ma tanière d’une manière fort monotone

et rarement, quelqu’évenement vient faire diversion à mon petit train de vie accoutumé. Je m’occupe tant que je peux et je philosophe

dans mon petit coin. Eh bien je suis assez bête pour préférer ma solitude à tous les plaisirs

mondains

. Et cela ne crois pas que ce soit

par scrupule, (c’est une maladie dont je suis revenue), c’est par goût. Quelle conversation vaut celle de mes livres, quelle société quels

plaisirs seront aussi doux pour moi qu’une belle campagne ? »… Et de citer des vers de

D

elille

… « Non. Je ne pourrais plus vivre à la ville.

J’y mourrais d’ennui. J’aime ma solitude

passionément

[…]. Mais tu vas me prendre pour une sauvage. Sans ta politesse, tu me qualifierais

presque d’

ours mal léché

. Mais je ne le suis pas plus qu’une autre. Quand je fuis la société c’est celle des ennuyeux, des indifférens »…

Correspondance

, t. I, p. 71.

342.

George SAND

. L.A.S. « George », [Paris 6 mai 1833], à Adolphe

G

uéroult

 ; 3 pages in-4, adresse (quelques légères fentes).

1 800/2 000

É

tonnante

lettre

féministe

,

sur

ses

vêtements masculins

,

et

sur

le

saint

-

simonisme

.

George Sand a renvoyé à Guéroult sa lettre, sur laquelle elle a commencé à écrire sa réponse. Guéroult (journaliste au

Globe

et au

Journal des Débats

) écrivait notamment à Sand : « Vous êtes née, et vous mourrez femme. Quand vous portez le costume de votre sexe,

j’éprouve près de vous une sorte de respect, car comme femme, vous avez souffert assez noblement pour le mériter. En homme vous

êtes gentille, vous êtes un joli page qu’on a envie d’embrasser pour ses beaux yeux, mais il y a là-dessous quelque chose où perce le

travestissement, l’espièglerie de carnaval. En homme, je ne vous prends nullement au sérieux »...