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Littérature
337.
Maurice SACHS
. L.A.S. « Maurice », et
manuscrit
autographe ; 1 page in-8 et 1 page in-4.
150/200
« As-tu pris ton abonnement de lecture ? As-tu commencé
Le Rouge et le Noir
? Il faudra également lire les maximes de La Rochefoucauld
en marquant d’un trait de crayon celles qui te plaisent le plus, et les lire non pas en ouvrant le livre au hazard, mais d’un bout à
l’autre »… – Court « chapitre dernier », portant en exergue un extrait de
Dominique
de Fromentin. C’est une scène d’adieux, avec ratures
et corrections : « J’irai m’enterrer quelque part. Sans doute trouverai-je la route qui va vers Dieu. Elle peut naître de moi. Chaque homme
a la sienne propre qui le mène au but universel et qu’il devrait savoir lire en son cœur. – Ne vous chagrinez pas ; je ne serai pas un jour
sans penser à vous et j’aurai un compagnon : Enfant »…
O
n
joint
2 l.a.s. du jeune James
G
ulley
à lui adressées, Londres 6 septembre 1927 (en anglais) et 31 juillet.
338.
Antoine de SAINT-EXUPÉRY
(1900-1944).
M
anuscrit
autographe pour
Terre des hommes
; sur 10 feuillets in-4 de
papier orange (paginés
a
à
e
,
g
,
gh
à
j
.
6 000/8 000
M
anuscrit de
travail
pour
le dernier
chapitre de
T
erre
des hommes
, publié en février 1939, ici sans titre (ce chapitre VIII s’intitulera
Les Hommes
dans le livre).
Première version avec variantes du texte correspondant aux sections
i
,
ii
et
iii
(début), soit à la page 269 jusqu’aux premières lignes
de la page 279 dans l’édition de « la Pléiade ». Les deux premiers feuillets (
a-b
), écrits spécialement pour
Terre des hommes
(VIII,
i
),
présentent de nombreuses ratures et corrections ; un paragraphe entier est barré, un autre, encadré. Les feuillets
c
à
gh
(manque le feuillet
f
) correspondent à la section
ii
du livre (pp. 271-276). Ils se fondent sur le reportage « Madrid », réalisé par Saint-Exupéry pour
Paris-
Soir
et publié dans ce journal les 27, 28 juin et 3 juillet 1937. Manque ici le passage digressif sur les canards et les gazelles, « images »
illustrant la transformation profonde d’un homme (pp. 274-275). Enfin les feuillets
h
à
j
reprennent, avec des modifications, une partie
de « Il faut donner un sens à la vie des hommes », article paru dans
Paris-Soir
du 4 octobre 1938, troisième de la série tripartite intitulée
« La Paix ou la guerre ? ».
Voici l’ouverture : « Une fois de plus j’ai côtoyé une vérité que j’ai entrevue sans la comprendre. Nous avons tous ainsi, dans notre vie,
à la faveur de quelque épreuve, de quelque danger, de quelque devoir connu ce sentiment de marcher soudain dans la bonne voie. On
a longtemps vécu, on s’est perdu dans mille efforts, vers nulle direction. […] On a couru les lièvres que l’on croyait devoir courir. Mais
la sérénité qui nous fuit à chaque démarche est
soudain dans des circonstances mystérieuses.
C’est comme si l’on obéissait tout à coup
soudain à une vocation personnelle »…
Citons aussi le passage très tendre du réveil
du sergent, avant l’attaque (f.
d-e
; cf. p. 272) :
« J’assistai au réveil du sergent. Il dormait
allongé sur un lit de fer dans les décombres
d’une cave. Et je le regardais dormir. Et
je m’imaginais connaître ce sommeil, non
angoissé mais tellement heureux. Prévot et
moi, échoués sans eau dans notre désert, et
condamnés, nous avons pu, avant d’avoir trop
soif, dormir une fois deux ou trois heures. […] Il
bougea lentement, montrant son visage encore
endormi et baragouinant je ne sais quoi. Mais
il revient au mur ne voulant point se réveiller,
enfoui sous les eaux et remuant comme dans
la paix d’un ventre maternel, se retenant des
poings, qu’il ouvrait et fermait, à je ne sais
quelles algues noires. Il fallut bien lui dénouer
les doigts. Nous nous assîmes sur son lit, l’un
de nous passa doucement son bras derrière
son cou. Il se soulevait en souriant. Et c’était
comme, dans la paix de l’étable, la douceur
des chevaux qui se caressent l’encolure. “Eh !
compagnon !” Je n’ai rien vu de plus tendre. Le
sergent fit un dernier effort pour rester dans ses
songes heureux, pour refuser notre univers de
dynamite de fatigue et de nuit glacée, mais trop
tard. […] le voilà debout, qui nous sourit. De
ce tas de glaise sur un grabat vient d’émerger
un homme rayonnant qui nous regarde droit
dans les yeux. Il en vient l’incompréhensible
question. – C’est l’heure ? »…