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22 septembre : « Après avoir franchi la trop fameuse tranchée de Calonne, sa compagnie tomba dans une embuscade et fut terriblement
décimée. Les trois officiers restèrent sur le terrain. Longtemps on crut qu’Alain-Fournier n’avait été que blessé, et qu’il avait été recueilli
par les Allemands. Cet espoir hélas ! était vain. Tous les témoignages réunis ces derniers temps confirment qu’il a été tué sur le coup.
Il avait vingt-huit ans »…
331.
Romain ROLLAND
(1866-1944). 3 L.A.S., Villeneuve (Vaud) 1924-1935, à Henry de
M
ontherlant
; 11 pages et demie
in-8.
500/700
9 février 1924.
Longue lettre de remerciement pour
Le
Paradis
à l’ombre des épées
: « Vous avez réalisé une harmonie pure et pleine –
rare chez tous – rare chez vous. J’aime votre “désir de conciliation”. Mais nous sommes loin du compte ! […] Et maintenant, permettez-
moi de vous parler franchement, – comme un vieux frère – ennemi, qui aime en vous la grandeur, et qui voudrait la voir s’accomplir
tout entière. […] Chez vous, le contenant (l’enveloppe de l’esprit) me paraît supérieur au contenu, – à la substance des idées absorbées.
Rome païenne et catholique, un peu la Grèce, un peu l’Espagne, la guerre et le sport vus sous le jour méditerranéen, – c’est beaucoup
pour la plupart des écrivains français ; c’est trop peu pour un esprit comme le vôtre. Surtout, c’est infiniment trop peu que réduire le
monde à ces deux ordres : Tibre et Oronte (même avec les réserves que vous apportez à ces simplifications) …
2 août 1924.
«
L’Histoire
de la petite 19
est un morceau admirable. Pour moi, – le joyau du livre. […].
Les Onze devant la porte dorée
m’inspire un autre sentiment
que l’admiration esthétique. Je me sens plus proche de vous. Je n’aime véritablement que quelques pages dans chacun de vos livres. Mais
celles-là, je les aime ! »…
30 novembre 1935.
« Des pages, des chapitres, dans votre nouveau livre [
Service inutile
], ont la fière maîtrise d’un
grand gentilhomme écrivain du XVII
e
siècle. D’autres sont d’un adolescent livré aux brusques sautes de son irritabilité, et le moment,
parfois, prend par surprise et semble châtier – plus que les objets occasionnels de votre ressentiment – votre être intime »…
Reproduction page 101
332.
Jules ROMAINS
(1885-1972).
M
anuscrit
autographe signé,
Joies de la guerre
, [octobre 1911] ; 5 pages in-fol. 250/300
S
ur
le
conflit
italo
-
turc
en
A
frique
du
N
ord
. « Les joies de la guerre ont dû être très vives et très variées, jadis, pour ceux qui se
battaient. Les soldats et les capitaines qui nous ont laissé des mémoires en fournissent eux-mêmes le témoignage circonstancié. La poésie
épique et le roman d’histoire empruntent à l’évocation de ces ivresses une bonne moitié de leur intérêt »… Mais aujourd’hui le soldat
ne se bat plus : il participe à une bataille, et il en résulte de profondes différences psychologiques. La lutte particulière et l’aventure
personnelle cèdent le pas à l’activité collective monotone ; tout ce que la bataille « dégage de volupté âcre, de frénésie », est respiré
par quelques chefs d’armée ; l’élan revient au crieur de journaux, et à la foule à l’arrière. Simple transfert psychologique : désormais,
« l’antique joie de la guerre, l’ivresse du hasard et du risque, l’avant-goût de l’exploit, la fierté de vaincre se réfugient et se combinent
dans l’âme du bourgeois »…
333.
Jules ROMAINS
. 2 L.A.S., 1953-1960, à Henry de
M
ontherlant
; 3 pages in-4 et une page in-8.
100/120
Paris 6 décembre 1953.
Il a été sensible à sa dernière lettre. « Pour que vous ayez aussi le contexte de la phrase que vous citez, je vous
envoie […] un exemplaire du discours en question »…
Grandcour 8 août 1960.
« Je suis heureux que mon livre vous ait intéressé, et que vous
ayez été sensible à l’effort d’honnêteté intellectuelle, de non-conformisme impénitent dont il essaye de témoigner, au cours d’une époque
où ces vertus ont souffert de chômages successifs »…Il termine en le complimentant pour son
Cardinal d’Espagne
, « une œuvre de votre
meilleure veine »…
O
n
joint un
brouillon autographe de
lettre de
M
ontherlant
à Jules Romains (26 mai 1960), au sujet de l’Académie…
334.
Edmond ROSTAND
(1868-1918). L.A.S., [vers 1914], à son cher Jean
R
eix
; 2 pages in-8.
250/300
« Votre exquise, pimpante et émouvante lettre m’avait fait espérer que vous viendriez à Paris. […] Je suppose que vous n’avez pu quitter
votre poste, et vous écris, ne voulant plus tarder à vous dire le plaisir que m’ont fait vos dernières lettres si pittoresques. – J’ai été –
comme toujours, hélas, – fort souffrant. Mais je suis dans une de mes alternatives de mieux. J’espère que vous gardez votre magnifique
moral, votre activité incroyable, votre ingéniosité inouïe à vous rendre utile »… Et de parodier l’Hymne au soleil de
Chantecler
: « Ô Reix
“…sans lequel les choses Ne seraient que ce qu’elles sont !...” »…
335.
Edmond ROSTAND
. L.A.S.,
Larressore
5 décembre 1914, à M. Bluzet, inspecteur général au Ministère de l’Intérieur ;
1 page in-12 à en-tête
Hôpital Auxiliaire N° 216
, enveloppe.
200/250
« Mon camarade le Capitaine de Montgascon me conseille de m’adresser à vous pour avoir des renseignements sur les familles de nos
blessés du Département du Nord. J’espère que vous aurez la bonté de m’aviser si vous trouvez dans vos listes un des noms que me
donnent ces malheureux si angoissés ! »…
336.
Maurice SACHS
(1906-1945). L.A.S., Paris décembre 1941, à Henry de
M
ontherlant
; 4 pages in-8.
250/300
S
ur
P
aysage des
O
lympiques
et
l
’
homosexualité
: « ces garçons du
Paysage des Olympiques
comment les
aimerait
-on moins que vous n’avez
aimé deux ou trois camarade de S
te
Croix de Neuilly ? Je ne saurais, quant à moi, les voir sans les aimer et jamais je n’ai pensé que l’amour
pût être chaste. Mais nous vivons dans une société où l’homosexualité est tolérée, admise, reconnue avec des sourires complices et refusée
pourtant. Refusée puisque je ne peux pas dire à une mère “j’aime votre fils”. […] Bref vous renouvelez un idéal grec (sans fadeur) et l’on
voudrait bien vous demander comment il est applicable dans notre société ? Sans détours s’entend. Vous pensez bien que je n’ai pas attendu
de prendre conseil de vous pour faire l’amour et pour aimer. […] cette part de divin qui est en nous et qui nous fait aimer l’âme
et
la chair
comment l’intégrerons-nous dans la vie sociale d’une civilisation qui admet plus volontiers le vice que l’amour ? »…
O
n
joint
le
brouillon
autographe de
réponse de
M
ontherlant
qui décline sa proposition de rencontrer Sachs (17.12.1941, 1 p. in-8).