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JEAN COCTEAU
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COCTEAU JEAN
MANUSCRIT autographe signé « Jean Cocteau
»,
Autour
d’un film
, [1947]
; 10 pages et demie in-4 au dos de feuillets
à en-tête
Maison du Bailli, rue du Lau, Milly (S.-&-O.)
.
(légères traces de rouille).
1 500 / 2 000 €
Sur le film
L’Éternel Retour
et l’art cinématographique
.
[Réalisé en 1943 par Jean Delannoy, sur un scénario et des dialogues
de Cocteau,
L’Éternel Retour
, transposition moderne de la légende
de Tristan et Yseult, rencontra un grand succès. Il s’agit ici d’une
allocution destinée à présenter une reprise de l’œuvre dans un ciné-
club
; l’allusion au film en 16 mm (
Coriolan
), tout comme celle à
La
Belle et la Bête
, permet de la dater de 1947.]
«
J’ai beaucoup ri de certains articles de Londres où l’on accusait
l’Éternel Retour
d’être d’une inspiration germanique à causes de ses
héros blonds et, j’imagine, à cause de l’opéra de WAGNER
». Mais
Tristan
appartient à l’Angleterre et à la France… S’il appartient «
à la
génération qui luttait contre le Wagnérisme
», Cocteau a déposé les
armes
: « Je me laisse porter par les vagues de Wagner, je laisse agir
son philtre
», mais il n’a pas songé à s’en servir. «
Il existe fort peu de
grandes histoires d’amour, de triomphes du couple. Tristan en est le
type. J’ai voulu mettre une légende illustre entre toutes, au rythme de
notre époque et prouver que
l’Éternel retour
de NIETZSCHE pouvait
se traduire par l’éternel retour à travers les siècles de coïncidences,
de surprises, d’obstacles et de rêves provoquant une intrigue que
d’autres personnes revivent sans même s’en rendre compte. […]
Merveilleux et Poésie ne me concernent pas. Ils doivent m’attaquer
par embuscade. […] C’est pourquoi je m’attache autant à vivre dans
la famille de Belle que dans le château de la Bête
»… Et il évoque
Le
Sang d’un Poète
: « Ce sang qui nous écœure nous oblige à détourner
la tête et nous empêche de jouir des
trouvailles
(par
trouvailles
ils
entendent
: l’entrée dans la glace, la statue qui bouge, le cœur qui
bat)
»…Quant au cinématographe, «
j’estime que le progrès de son
âme ne relève pas du progrès de ses machines
»
; c’est pourquoi
Cocteau s’est tourné vers le 16 millimètres, «
arme parfaite avec
laquelle le poète peut chasser la beauté, seul, libre, son fusil à prises
de vue sur l’épaule
»… Pour finir, il précise quel fut exactement son
rôle
: «
L’Éternel Retour
est un film sur lequel je n’exerçais qu’une
surveillance amicale. DELANNOY le dirigeait. J’en remercie toute
l’équipe et Madeleine SOLOGNE pour qui j’inventai une coiffure, sans
savoir que Véronika Lake l’inventait à la même minute à Hollywood,
et Jean MARAIS qui arrive, dans la dernière bobine du film, sur les
plus hauts sommets auxquels un acteur puisse prétendre
».
Et il conclut
: «
Le cinématographe n’a que cinquante ans. C’est très
jeune pour une muse. Il fait encore ses premiers pas. Il est, à mon
avis, en route pour devenir l’art complet par excellence, un théâtre
des foules où ni la musique, ni la danse, ni la parole, ni le masque
grec (le gros plan) ni le murmure que des centaines d’oreilles peuvent
entendre, ni rien de ce qui compose le drame ne fait défaut. Mais
pour le bien employer il importe que l’auteur, non seulement ne le
méprise pas, mais s’y livre corps et âme. […] Rien ne vieillit mieux
qu’un beau film
».
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COCTEAU JEAN
MANUSCRIT autographe, [
Coriolan
, 1947]
; 1 page in-4 à
l’adresse
36, rue Montpensier
.
300 / 400 €
Découpage d’un film inconnu
.
Coriolan
, film de Jean Cocteau jamais montré au public, fut réalisé
à l’été 1947 dans sa maison à Milly-la-Forêt. C’est Henri Filipacchi,
seul et unique membre de l’équipe technique qui tenait la caméra en
16 millimètres (et qui en conserva l’unique copie). Parmi les acteurs,
Cocteau lui-même, dans le rôle du magicien, Jean Marais et Josette
Day, avec qui il tournait alors
La Belle et la Bête
, mais aussi quelques
figurants, dont Jean Genet, l’éditeur Paul Morihien ou Georges Mathis,
le propriétaire du restaurant
Le Catalan
.
Le scénario se divise en 11 séquences, la 12
e
étant restée en blanc (le
synopsis publié dans
Du Cinématographe
permet de reconstituer
les quelques séquences de la fin du film.
«
1. Coriolan fouette un de ses ennemi attaché à un arbre. C’est un
vieux magicien. 2. Le comte Popof, grand chasseur d’aigles, quitte
son château et cherche des aigles. Il scrute l’horizon. 3. Il arrive dans
une clairière et vise un aigle. 3. Tombe un petit chien. 4. Le compte
Popof, épouvanté de son erreur, ramasse le petit chien et le berce
»…