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JEAN COCTEAU

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COCTEAU JEAN

2 MANUSCRITS autographes [pour

Reines de la France

, 1949]

; 1 page

in-fol. chaque au stylo-bille bleu avec

quelques ratures et corrections

1 000 / 1 200 €

Deux versions primitives inédites des

portraits de Jeanne d’Arc et Diane de

Poitiers pour

Reines de la France

.

[

Reines de la France

a paru en 1949 avec des

illustrations de Christian Bérard (Imprimerie

nationale, 1949), puis en librairie chez Grasset

en 1952, sans les illustrations.]

« Ce qui nous intéresse, nous autres, ce n’est

pas la pureté de détail, mais la pureté de bloc.

[…] Jeanne est pure parce qu’elle ne peut

faire que le bien et que celui qu’elle faisait

à chaque seconde, elle continue à le faire.

La politique lui échappe. C’est sa chance.

[…] l’échec du Christ et celui de Jeanne leur

assure la gloire véritable – celle qui n’est

pas soumise aux vicissitudes du monde ni

au progrès

».

«

À la cour, on plaisantait beaucoup sur

l’âge de Diane. Cette mode était propagée

par Catherine. Catherine avait l’âge du roi, la

quarantaine et se vieillissait par ses coiffes en

forme de Hibou. Hibou qui veille, la nuit, les

yeux ouverts, et observe la vieille maîtresse

dont les soixante ans en paraissent trente,

assise au bord du précipice qui guette les

femmes et où elles peuvent tomber d’une

minute à l’autre, si elles ne se surveillent

pas. Mais Diane se surveille parce qu’on

la surveille

»…

peuples

». C’est pourquoi il souligne les

dangers d’une uniformisation, qu’il illustre

par une anecdote tirée du

Journal

des

Goncourt

: «

Un ami arrive de New York

et nous annonce une nouvelle que nous

n’osons pas croire et qui serait la fin de tout.

Les lavabos tiennent aux murs

», anecdote

qu’il commente ainsi

: « L’homme doit obéir à

l’ordre que lui donne le lavabo de s’y rendre

comme le bœuf à l’étable, comme le cheval

au ratelier

». Cocteau est profondément

français en ce qu’il est l’homme du désordre

d’où naît l’ordre. Et c’est pourquoi il lui serait

impossible de travailler à Hollywood où

tout est strictement réglementé. Il souligne

également un aspect du caractère français,

l’autodénigrement

: « Cette manie de nous

décrier, en France, est encore l’une de nos

armes secrètes. Si la France ne méprisait

pas ses produits, elle serait la nation la plus

vaniteuse et la plus insupportable

». Et il

rappelle que de grandes gloires littéraires

furent poursuivies par la police. Dans ces

pages brillantes, passent Diaghilev, Picasso,

Eluard, le système des astres et quantité

d’autres sujets… Etc.

De nombreux paragraphes n’ont pas été

repris dans la

Lettre aux Américains

, et sont

restés inédits.

Provenance

: Carole WEISWEILLER.