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[LA BOÉTIE, Étienne de.]
Vive description de la tyrannie, & des Tyrans
, avec les moyens de se garentir de leur ioug.
À Reims, par Jean Mouchar
[Bâle],
1577
.
In-16 [104 x 68 mm] de 96 pp. : vélin ivoire souple à petits rabats
(reliure de l’époque)
.
Rarissime première édition séparée du “Discours de la servitude volontaire”,
critique radicale de la tyrannie
.
Le
Discours
d’Étienne de La Boétie (1530-1563) fut d’abord divulgué en Suisse de façon anonyme et
clandestine – récupéré après la Saint-Barthélemy en tant que pamphlet antimonarchique invitant au
tyrannicide. La connotation protestante explique la prudence de Montaigne qui renoncera à l’insérer
dans les œuvres qu’il publia de son ami (
Vers françois de feu Estienne de La Boétie
, Federic Morel, 1572)
de même que dans les
Essais
.
Malgré les précautions de Montaigne, un manuscrit parvint entre les mains de l’auteur du
Réveil-matin des François
qui en reproduisit, dès 1574, deux passages remaniés et tronqués. Quant au
texte complet, il parut en 1577 au tome III d’un recueil de pamphlets calvinistes,
Mémoires de l’estat
de la France
(Genève, 1577), édités par Simon Goulart.
La première édition séparée, parue cette même année 1577, porte l’adresse ironique et fictive de
Jean Mouchar, à Reims
, à l’époque où la cité était dominée par un Guise exécré. Elle semble avoir été
publiée à Bâle par le jurisconsulte François Hotman. Les exemplaires connus se dénombrent sur
les doigts d’une main ; en raison même de cette rareté, les bibliographes, qui l’ignorent, proposent
comme édition originale la publication en recueil.
On trouve relié en tête, comme il se doit, un second brûlot de 163 pages, demeuré anonyme :
Resolution claire et facile sur la question tant de fois faite de la prise des armes par les inférieurs
(Reims,
Jean Mouchar, 1577).
L’influence du pamphlet d’Étienne de La Boétie s’est étendue bien au-delà du siècle des guerres de
religion. Ainsi, ce “texte fondamental et révolutionnaire, dénonçant l’exercice par un seul homme
du pouvoir absolu” (Nicolas Ducimetière) a notamment été édité et préfacé par Lamennais au XIX
e
siècle – Lamennais que son contemporain Pierre Leroux décrivait comme le nouveau La Boétie, “la
parole sympathique qui ranime les âmes pour ne point défaillir dans la défense des droits sacrés de
l’Humanité.”
Exemplaire très pur et parfaitement conservé dans sa reliure originelle en vélin souple.
Les bibliographies usuelles soit ignorent l’édition séparée, soit perpétuent la fausse attribution de la
Vive Description
à La Noue, mise en doute par Brunet (V, 1333). La mention manuscrite de l’auteur
véritable portée sur le titre de l’exemplaire anticipe la découverte de Claude Barmann en 1989.
Petit manque sur le premier rabat, sans gravité.
Barmann,
Exemplaires uniques ou rarissimes conservés à la B.M. de Grenoble
, in B.H.R. 1989, pp. 139-141.- Magnien,
Étienne de La
Boétie
, 1997, n° 16.- Arnoult,
Répertoire bibliographique XVI
e
siècle
, XVII, p. 111. La fausse attribution est répétée. Trois exemplaires
localisés : bibliothèques municipales de Châlons et de Reims, Trinity College Dublin, auxquels il faut ajouter l’exemplaire de la
bibliothèque municipale de Grenoble.
30 000 / 40 000 €
Un des cinq
exemplaires
connus,
le seul en
mains privées