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FUCHS, Leonhart.
De historia stirpium commentarii insignes
, maximis impensis et vigiliis elaborati, adjectis
earundem vivis plusquam quingentis imaginibus, nunquam antea ad naturæ imitationem artificiosius
effictis & expressis.
Bâle, Michael Isingrin, 1542.
In-folio [383 x 245 mm] de (14) ff., 896 pp. et (2) ff. : maroquin rouge, dos à sept nerfs orné de
caissons de filets dorés avec chiffre doré répété, triple filet doré encadrant les plats avec armoiries
dorées au centre, tranches dorées
(reliure de la fin du XVI
e
siècle)
.
Édition originale.
Bel in-folio issu des presses bâloises de Michael Isingrin.
L’avènement du plus fameux traité de botanique de la Renaissance.
De Historia stirpium
(De l’histoire des plantes) s’inscrit dans le grand mouvement scientifique qui anima
les années 1542-1543. Fuchs marque pour les sciences naturelles la même rupture que celle opérée
par Copernic en astronomie (Nuremberg, 1543) et par Vésale en anatomie (Bâle, 1543).
Originaire de Bavière, le professeur de médecine Leonhart Fuchs (1502-1566) livre ses observations
personnelles en vue de s’affranchir de la tradition médiévale des herbiers médicinaux. Il ne s’agit plus
de décrire les plantes sous l’autorité des naturalistes de l’Antiquité mais de les étudier d’après nature,
de façon à en restituer la figure et les propriétés par un souci constant d’exactitude. Ainsi, son herbier
constitue-t-il la véritable apparition du dessin scientifique en botanique. Néanmoins, les savoirs
anciens ne disparaissaient pas pour autant, si ce n’est que le rapport d’autorité pour lire la nature sera
dès lors inversé.
Fuchs classe les plantes par ordre alphabétique de leur nom, y joignant un glossaire des termes
techniques qui est le premier document de ce genre en botanique. Sur les quelques cinq cents plantes
répertoriées, 325 sont originaires d’Allemagne ou acclimatées et cinq proviennent d’Amérique :
le potiron, le haricot rouge, le piment, l’œillet d’Inde et le maïs qu’il croyait provenir de Turquie.
Il en donne les premières descriptions figurées.
Le nom de Fuchs est associé au genre
Fuchsia
, découvert à Saint-Domingue au XVII
e
siècle.
512 planches gravées sur bois à pleine page, entièrement peintes à l’époque.
Le traité imprimé “à grands frais” –
maximis impensis
, selon l’intitulé – est un des plus remarquables
livres scientifiques illustrés jamais édités.
En premier tirage, la suite renferme en outre le portrait en pied de Fuchs au verso du titre et, sur une
page en fin du volume, l’effigie en buste des trois artistes sollicités. Hommage singulier rendu aux
collaborateurs dont les noms sont cités :
Albrecht Meyer
, à qui on doit les dessins d’après nature,
Heinrich
Füllmaurer
, qui les transposa sur le bloc de bois et
Veit Rudolph Speckle
, chargé de les graver, “de loin le
meilleur graveur de Strasbourg” –
argentoracensis longe optimus
– est-il précisé dans l’épître dédicatoire.
“Nous n’avons pas permis aux artistes de s’abandonner à leurs caprices”, note encore l’auteur, d’autant
plus qu’il importait d’assurer l’identification immédiate de la plante.
Ainsi, la pureté des compositions au simple trait répondait à son souci de ne pas trahir la forme
naturelle par des ombres, ayant prévu de surcroît que les figures puissent être parachevées par leur
mise en couleur pour des exemplaires de choix.
Le traité
pionnier de
la botanique
moderne