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Cent récits
d’après boire
[CENT NOUVELLES NOUVELLES.]
Sensuyve[n]t les ce[n]t nouvelles contenant cent hystoires nouveaulx
qui sont moult
plaisans a racompter en toutes bonnes compaignies par maniere de joyeusete.
Lyon, Olivier Arnoullet,
12 juillet 1532.
In-4 gothique [190 x 130 mm] de (136) ff. : maroquin bleu nuit, dos à nerfs joliment orné avec
chiffre doré répété, triple filet doré encadrant les plats, coupes filetées or, dentelle intérieure,
tranches dorées sur marbrures
(Trautz-Bauzonnet, 1847)
.
Charmante édition illustrée de 40 figures gravées sur bois dans le texte ; quelques-unes
sont répétées. Titre imprimé en rouge et noir, orné d’une grande figure.
Premier recueil de nouvelles de la littérature française.
L’œuvre a été composée entre 1464 et 1467 à la cour de Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Il en est
le dédicataire et figure lui-même parmi les trente-cinq conteurs. Longtemps attribué à Antoine de
La Sale, auteur de la cinquantième nouvelle, on admet aujourd’hui que les
Cent Nouvelles nouvelles
sont
de la main d’un rédacteur unique et anonyme, qui serait ainsi le trente-sixième conteur, parmi les
seigneurs bourguignons devisant.
Ces récits d’après boire où l’indécence est de mise s’inspirent de la tradition orale et d’un fonds
commun aux fabliaux, aux
Facéties
du Pogge et au
Décaméron
. Les effets scabreux sont plus appuyés :
maris benêts perpétuellement cocus, épouses rouées, truculences érotiques, feintes et jeux de mots sont
rendus avec un art très vif du dialogue et de la mise en scène.
“C’est un chef-d’œuvre de style ; et le premier ouvrage en prose, sans contredit, où la langue française
montre cette clarté et cette facile élégance qui l’ont rendue la langue de l’Europe civilisée” (Viollet-le-
Duc,
Bibliographie des chansons, fabliaux, contes en vers et en prose
, 1859, p. 144).
Très bel exemplaire relié en maroquin par Trautz au chiffre du baron de Ruble.
Il provient de la bibliothèque de
François-Victor Masséna, prince d’Essling
(cat. 1845, n° 349 : exemplaire
alors relié par Duru). Acquis par le baron
Alponse de Ruble
, ce dernier le fit relier à nouveau (cat. 1889,
n° 463). Ex-libris de la bibliothèque
Rossignol
.
Le recueil édité par Antoine Vérard dès 1486 fut réimprimé une douzaine de fois au XVI
e
siècle jusqu’en
1536. L’édition lyonnaise est rare : les exemplaires complets se comptent sur les doigts d’une main.
Brunet I, 1735.- Tchemerzine IV, p. 73.- FVB-9620 : BnF et British Library.- Gütlingen,
Bibliographie des livres imprimés à Lyon au XVI
e
siècle
III, 1995 p. 210, n° 35 : mention de l’exemplaire incomplet de la BM de Lyon.- Bechtel,
Catalogue des gothiques français,
2010,
N-79 : le présent exemplaire est cité.- Murray,
Early French Books
, 1910, n° 81.
10 000 / 15 000 €