941
CREVEL, René.
L’Esprit contre la Raison
. Edition ornée d’un portrait par Tchelitchew.
Marseille, Les Cahiers du
Sud, 1927
.
In-12 [202 x 140 mm] de 56 pp., (4) ff. le premier et le dernier blancs : broché.
Édition originale. Elle est illustrée d’un portrait de l’auteur en frontispice par Tchelitchew.
Tirage limité à 444 exemplaires.
Un des rares 14 premiers exemplaires sur Hollande de rives, paraphés par l’éditeur (n° VI).
Dans la constellation surréaliste, René Crevel occupe une place à part. Né en 1900, marqué par le
suicide de son père et par une santé défaillante qui l’obligea à de longs et pénibles séjours dans des
sanatoriums, il est l’auteur de livres singuliers et de pamphlets rageurs notamment, dit André Breton,
“
L’Esprit contre la Raison
et
Le Clavecin de Diderot
sans quoi il eût manqué une de ses plus belles volutes au
surréalisme”.
“Le livre n’est pas simplement un plaidoyer pour le surréalisme. […] Crevel se démarque de tous
ceux de sa génération qui ont choisi la voie royale de la littérature traditionnelle, les honneurs les
plus classiques, les places les plus payantes. D’emblée, il prévient qu’il a un faible pour le héros
stendhalien” (François Buot).
Exceptionnel envoi autographe signé sur le faux-titre :
à André Breton,
cette dédicace tardive
d’un livre vieilli
mais il est toujours
assez tôt pour
dire
qu’on est pour
et
L’ESPRIT CONTRE LA RAISON
les mêmes choses,
avec toute
mon amitié
René Crevel
Assurément le plus précieux des exemplaires de ce livre dans lequel on relève de nombreuses citations
tirées des ouvrages d’André Breton. La “dédicace tardive” témoigne aussi de la fidélité envers le chef
de file du mouvement surréaliste, à un moment où Crevel avait pris quelque distance avant d’adhérer
au Parti communiste par goût de l’action – pour mettre en pratique
l’esprit contre la raison
.
René Crevel devait se suicider le 18 juin 1935. Il n’était pas parvenu à réconcilier Breton et les
organisateurs du Congrès international des écrivains – notamment Ilya Ehrenbourg, chef de la
délégation soviétique, que Breton avait giflé.
Dans un article particulièrement fielleux, Marcel Jouhandeau accusa Breton d’être responsable
du suicide de Crevel. “Rien ne ressemble plus à un crime qu’un suicide”, jugeait-il, après avoir
rapporté les propos de René Crevel : “Quand je ne croirai plus en rien, ni en moi, ni en personne,
je croirai encore en Breton.” Ce dernier devait répliquer par un article émouvant et sobre intitulé :
Sur la mort de René Crevel
. La polémique, détestable, rend plus émouvante encore la dédicace à André
Breton.
Bords de la couverture très légèrement insolés ; petits accrocs à quelques témoins.
6 000 / 8 000 €
Une des
“
plus belles
volutes du
surréalisme
”