938
RADIGUET, Raymond.
Le Bal du comte d’Orgel
.
Sans lieu ni date
[août-septembre 1923].
Manuscrit autographe et dactylographie corrigée comprenant 151 feuillets, soit 11 feuillets autographes
et 140 feuillets dactylographiés et très corrigés, en feuilles, sous chemise.
Remarquable manuscrit de travail de Raymond Radiguet : il offre une version
intermédiaire du roman, avec de nombreux passages inédits.
L’ensemble comprend 151 feuillets : il est paginé de 1 à 203 et présente des lacunes, la plus importante
entre les feuillets 133 à 141.
Les 11 feuillets autographes utilisent des papiers filigranés “Canson & Montgolfier The Strongest
paper” ou “Gelatin’s paper Renage” et un feuillet sur vergé ; ils se trouvent intercalés dans un
ensemble de 140 feuillets tapuscrits, sur papier pelure.
Ces feuillets dactylographiés portent de très nombreux ajouts, ratures et corrections autographes.
Quelques-uns sont d’une main différente.
En dépit du travail de révision, la version diverge encore du roman tel que publié : elle marque donc
une étape dans le travail de rédaction du
Bal du comte d’Orgel
, datant sans doute d’août-septembre 1923.
Au cours de l’été 1922, Raymond Radiguet, qui séjournait au Grand Hôtel du Lavandou en
compagnie de Jean Cocteau, commença l’écriture du roman qu’il mûrissait depuis un certain temps.
Le 15 juillet, Cocteau écrit à sa mère : “Le nouveau livre de Radiguet part de façon prodigieuse. C’est
sur le gratin : plus beau que Proust et plus vrai que Balzac.” Près de trois semaines plus tard, le 2
août, son enthousiasme est intact : il écrit à nouveau à sa mère : “Radiguet m’a lu hier un passage du
nouveau livre. […] C’est irrésistible de vérité, de verve, de profondeur.” Mi-août, Radiguet avait déjà
écrit 100 pages. Le 19 octobre, le premier jet du roman était achevé.
Durant l’été 1923, sur les conseils de Cocteau, Radiguet remania entièrement son texte. Jean Hugo
rapporte qu’au Piquey, où il séjournait en compagnie de plusieurs amis, “Radiguet, pendant plusieurs
heures chaque jour, dictait
Le Bal
à Auric qui tapait le texte à la machine à écrire.” Cette version
dactylographiée par Auric comportait 203 pages, comme le présent manuscrit.
Le romancier devait à nouveau revoir son texte, toujours sous la houlette de Cocteau. Le 8 septembre
1923, Radiguet annonça à Grasset qu’il avait achevé son roman dont il lui remit la dactylographie
définitive au début du mois d’octobre. Tombé malade en novembre, il devait s’éteindre le 12
décembre.
Le roman a paru chez Bernard Grasset en 1924, avec une préface de Jean Cocteau qui déclare :
“Le seul honneur que je réclame est d’avoir donné à Raymond Radiguet la place illustre que lui vaudra
sa mort.”
Important document littéraire qui vient contredire la légende d’un Cocteau véritable auteur
du roman : les innombrables corrections et ajouts de la main même de Radiguet témoignent au
contraire de son travail acharné.
En 1986, une autre version intermédiaire du
Bal du comte d’Orgel
figurait dans la vente de Jacques
Guérin : elle comptait 110 pages dont environ 25 autographes. Elle fut alors erronément présentée
comme “le seul spécimen qui subsiste d’un état intermédiaire entre le manuscrit autographe de la
Bibliothèque nationale et le livre imprimé en 1924” (
Très beaux livres des XIX
e
et XX
e
siècle
, juin 1986,
nº 117).
10 000 / 15 000 €