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BRETON, André & Philippe SOUPAULT.
Les Champs magnétiques
.
Paris, Au sans pareil, 1920.
In-8 carré [193 x 142 mm] de (2) ff., 111 pp., la dernière non chiffrée, (4) ff. : broché, couverture
de papier crème, étui boîte en demi-maroquin bordeaux d’A. Devauchelle.
Édition originale.
Dédiée à la mémoire de Jacques Vaché, elle est ornée du portrait des auteurs en frontispice.
Les
Champs magnétiques
, qui avaient d’abord paru dans la revue
Littérature
(1919), figurent parmi les
premiers titres publiés par la nouvelle maison d’édition Au sans pareil, fondée par René Hilsum,
ami de collège d’André Breton.
Mention sans doute fictive de deuxième édition sur la couverture.
Acte fondateur du mouvement surréaliste qui ne porte pas encore son nom, les
Champs magnétiques
précédent de quatre ans le premier
Manifeste du surréalisme
. Premier texte d’écriture automatique,
rédigé en quinze jours, le livre engage une réflexion décisive sur l’automatisme et le surgissement
de la parole poétique.
Précieux envoi autographe, de la main d’André Breton, signé des deux auteurs :
A André Gide
Qu’est-ce qu’on attend ?
Une femme ?
Deux arbres ?
Trois drapeaux ?
Qu’est-ce qu’on attend ?
Rien.
André Breton
Philippe Soupault
Curieux hommage des jeunes dadaïstes à l’éminence grise de la
NRF
. Breton venait tout juste de
quitter son emploi à la revue pour prendre ses fonctions chez Jacques Doucet quand, en avril, André
Gide y publia un article consacré au mouvement dada alors en pleine effervescence. Breton y répondit
par une défense et illustration de Dada : l’article, publié dans la
NRF
, marqua une date importante
dans l’émergence du mouvement surréaliste.
À la disparition d’André Gide en février 1951, ne s’estimant pas qualifié pour parler de lui, n’ayant pas
été “assidu à son œuvre”, Breton confessa : “Il y a toujours eu incompatibilité d’humeur entre lui et
moi. Même alors que j’approchais de l’âge de vingt ans et qu’il jouissait sur la jeunesse intellectuelle
d’un grand prestige, j’aimais certains de ses ouvrages et j’en détestais d’autres tout autant. [...] Ceci
dit, il est des qualités, dont quelques-unes éminentes, qu’on ne peut lui dénier. Je pense surtout
au courage intellectuel et à la très grande liberté du témoignage humain. […] Des ouvrages comme
Souvenir de la cour d’assises
et
Voyage au Congo
témoignent chez lui d’une quête passionnée de la justice.
Sur le plan sexuel, il n’a pas craint de se dépeindre tel qu’il était et, pour peu qu’on se rapporte à sa
plaquette de jeunesse sur
Oscar Wilde
, on mesurera les obstacles intérieurs qu’il a dû vaincre.
Dans la voie des confessions, il est allé aussi loin que possible et ceux qui à ce propos poussent les
hauts cris ne sont pas plus intéressants que les censeurs de Jean-Jacques. Ne fût qu’à ces divers
égards, il ferait figure de libérateur” (Breton,
Œuvres
IV, pp. 860-862).
Bel exemplaire, broché.
Ex-libris de l’artiste franco-américain
Arman
(1928-2005).
Portrait de Soupault monté sur onglet. Dos recollé.
4 000 / 6 000 €
Dada et
la NRF