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PROUST, Marcel.
Pastiches et Mélanges
.
Paris, Nouvelle Revue Française, 1919
.
In-12 [192 x 125 mm] de 272 pp., (3) ff. : demi-maroquin rouge à coins, dos à nerfs pincés,
tranches dorées sur témoins, couverture et dos conservés
(Alix)
.
Édition originale.
Recueil fameux de pastiches, principalement parus dans
Le Figaro
, et de divers textes consacrés
à l’architecture, l’histoire de l’art (préface à Ruskin), etc.
Précieux envoi autographe signé couvrant le recto du premier feuillet blanc :
A André Gide
Cher ami, vous savez sans doute toute l’histoire de déménagements, de maladie aggravée, d’accaparement
de mon livre par les libraires qui m’a empêché jusqu’ici de vous envoyer une 1
re
édition.
Je voudrais bien connaître votre adresse, afin de nous voir un peu.
Votre admirateur et ami Marcel Proust.
Merveilleux envoi, à même d’absoudre le dédicataire de sa fâcheuse bévue commise pour avoir
refusé, au nom des Éditions Gallimard, de publier
Du côté de chez Swann
.
Pour Marcel Proust, l’année 1919 fut des plus bousculées ; les différents événements qui la
jalonnèrent expliquent les désagréments qu’évoque le romancier dans son envoi. Il y eut d’abord
deux déménagements : chassé de l’appartement familial du boulevard Haussmann au mois de mai,
Proust trouva refuge temporairement dans un meublé appartenant à l’actrice Réjane, rue Laurent-
Pichat, avant d’emménager au mois d’octobre rue Hamelin, où il demeura jusqu’à sa mort.
Entretemps, ayant à cœur de rentabiliser un auteur conquis de haute lutte et de faire un “coup”
éditorial, Gallimard décida de lancer au mois de juin et en même temps pas moins de trois livres
de Marcel Proust : la première édition de
Pastiches et Mélanges
, la deuxième édition de
Du côté de chez
Swann
, et l’édition originale de
À l’ombre des jeunes filles en fleurs
.
L’écrivain adressa sans doute à André Gide ce volume de
Pastiches et Mélanges
entre le second
déménagement – au mois d’octobre – et peu avant l’obtention du prix Goncourt, en décembre.
Dans son
Journal
, Gide évoque longuement ses rencontres avec le romancier et confesse à propos
d’un concert dont il critiquait l’exécution (en mai 1921) : “Il en va de même quand je lis Proust ;
je hais la virtuosité, mais toujours elle m’en impose et je voudrais pour la bien mépriser en être
d’abord capable.”
André Gide offrit l’exemplaire à sa secrétaire,
Yvonne Davet
, comme l’atteste une note manuscrite
signée de cette dernière inscrite au verso de la couverture. Elle y indique que Gide lui transmit cet
exemplaire avec sept autres du même auteur, “possédant l’œuvre complète de Proust, par ailleurs,
dans la grande édition de luxe.” La note a été recouverte d’un papier blanc sans doute par l’amateur
suivant, mais elle demeure parfaitement lisible par transparence.
L’exemplaire a ensuite appartenu à
Jacques Guérin
, qui le fit relier par Mme Alix. (Catalogue
Très beaux
livres des XIX
e
et XX
e
siècles
, 1986, nº 112.)
Petite déchirure en tête de l’envoi, sans perte de papier.
8 000 / 12 000 €