936
MORAND, Paul.
Ouvert la nuit
.
Paris, Éditions de la Nouvelle Revue Française, 1922
.
In-12 [187 x 121 mm] de 194 pp. et (2) ff. : demi-chagrin vert, dos à nerfs avec initiales M.P.
en lettres dorées en pied, non rogné, tête dorée, couverture et dos conservés
(reliure postérieure)
.
Édition originale.
Un des 30 exemplaires d’auteur hors commerce sur vélin pur fil (n° 752).
Deuxième livre de “l’homme pressé”,
Ouvert la nuit
se compose de six nouvelles qui entraînent le
lecteur dans le monde de la bohème cosmopolite. La nouveauté du style fit dire à Céline dans une
lettre à Hindus : “Il ne faut pas oublier que Paul Morand est le premier de nos écrivains qui ait
jazzé
la langue française. Ce n’est pas un émotif comme moi, mais c’est un satané authentique orfèvre
de langue. Je le reconnais pour mon maître.”
Précieux envoi autographe signé sur le premier feuillet blanc :
à Marcel Proust,
qui voit la nuit
son ami,
Paul Morand
L’envoi témoigne d’une amitié littéraire réelle. Paul Morand (1888-1976) vouait une admiration
sans borne à l’auteur de la
Recherche
qui, de son côté, l’avait en assez haute estime pour avoir accepté
de préfacer son premier livre,
Tendres Stocks
, paru un an avant
Ouvert la nuit
. Ils s’étaient rencontrés
en 1915 et Proust se lia avec le couple, surtout avec la princesse Soutzo, future épouse, qui fut sa
“grande informatrice”. L’allusion à celui “qui voit la nuit” concerne le travailleur nocturne, sinon le
noctambule évoqué par Paul Morand dans
Le visiteur du soir
(1949).
Pour l’anecdote, Gallimard concocta un slogan publicitaire très habile pour le lancement du recueil :
un livre “à ne pas laisser lire aux jeunes filles.” Le succès fut au rendez-vous et Marcel Proust, alors
occupé à la publication de
Sodome et Gomorrhe
, de réclamer à Gallimard la même accroche.
Comme nombre de livres de la bibliothèque de Marcel Proust, celui-ci fut relié dans les années 1940
par Teullières en demi-chagrin vert avec, en pied du dos, les initiales M.P. en lettres dorées.
Le dos est passé.
6 000 / 8 000 €
937
RADIGUET, Raymond.
Le Diable au corps
. Roman.
Paris, Bernard Grasset, 1923
.
In-12 [184 x 119 mm] de 238 pp., (1) f. blanc : demi-maroquin brique à bandes, dos à quatre nerfs,
non rogné, tête dorée, couvertures et dos conservés, étui
(Semet & Plumelle)
.
Édition originale.
Un des 15 premiers exemplaires sur Japon impérial (nº XV).
Premier roman de Raymond Radiguet (1903-1923) : rédigé à l’âge de dix-huit ans, il parut l’année
même de la mort de l’auteur. Suite à un lancement tapageur orchestré par Bernard Grasset et Jean
Cocteau, le premier tirage fut enlevé en une semaine. Son caractère d’insolence et de provocation fit
scandale : des associations d’anciens combattants dénoncèrent violemment un ouvrage dont le héros
adolescent ne voit dans la guerre que quatre années de grandes vacances propices à cocufier un poilu.
Exemplaire parfait.
8 000 / 12 000 €
De
l'homme pressé
au
nyctalope