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[COCTEAU, Jean.]
Le Livre blanc
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Paris, Imprimerie de Ducros et Colas, 1928
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Petit in-4 [236 x 189 mm] de 81 pp., la dernière non chiffrée, (2) ff., le dernier blanc : broché,
couverture imprimée rempliée ; sous chemise de Montecot en demi-maroquin vert bouteille,
étui bordé.
Rare édition originale.
Tirage unique à 31 exemplaires sur papier vergé blanc de Montval (nº 7).
Superbe confession, parue anonymement : elle fit scandale.
“Au plus loin que je remonte et même à l’âge où l’esprit n’influence pas encore les sens, je trouve des traces de mon amour
des garçons. J’ai toujours aimé le sexe fort, que je trouve légitime d’appeler le beau sexe.”
Le copyright est attribué à Maurice Sachs et Jacques Bonjean. Le texte de Jean Cocteau est précédé
d’une note de l’éditeur : “Nous publions cette œuvre parce que les talents y dépassent de beaucoup
l’indécence et qu’il s’en dégage une sorte de morale qui empêche un honnête homme de le ranger
au nombre des livres libertins. Nous l’avons reçue sans nom et sans adresse. Une notice à la machine
recommandait de répartir entre les typographes les sommes qu’un tel livre est susceptible de rapporter
à son auteur.”
Exemplaire enrichi d’un grand dessin original à la plume de Jean Cocteau, signé,
à double page.
La composition figure deux têtes de marins sur fond de paysage portuaire.
L’ouvrage a, dans la bibliothèque de Pierre Bergé, une signification particulière, non tant en
raison de son caractère militant ou du lien d’amitié que le bibliophile entretint avec Jean Cocteau
(dont il géra le droit moral) ; sa singularité tient d’abord à ce qui liait Pierre Bergé à ce texte.
Dans un entretien avec Laure Adler filmé à l’occasion de la première vente de sa bibliothèque en
2015, Pierre Bergé rappelait que, jeune homme, il avait reçu par la poste à La Rochelle une copie
manuscrite de la confession de Cocteau avec mission d’en exécuter à son tour d’autres et de les
adresser à des personnes de son choix : “C’était comme une chaîne d’amitié qu’on vous demandait
d’écrire. […] J’ai réécrit le
Livre blanc
, à deux ou trois exemplaires, et je les ai envoyés à mon tour.
C’est une chose que je ne peux pas oublier, cette chaîne amicale, qui était plus qu’amicale, dans ce
cas-là, puisqu’il s’agissait d’une libération sexuelle. Ce faisant, on avait le sentiment d’accomplir
un acte à la fois courageux et nécessaire.”
4 000 / 6 000 €
“
J'ai toujours
aimé le sexe fort
que je trouve
légitime
d'appeler
le beau sexe
”