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VALÉRY, Paul.
La Jeune Parque
.
Paris, Éditions de la Nouvelle Revue Française, 1917
.
In-4 [238 x 187 mm] de (24) ff. : maroquin rose cyclamen, décor irradiant sur les deux plats,
se poursuivant sur le dos, nom de l’auteur et titre en lettres dorées inscrits dans un des cercles
intermédiaires, doublures et gardes de daim rouge, tranches dorées sur témoins, couvertures et
dos conservés, chemise de demi-maroquin cyclamen et étui bordé
(Paul Bonet)
.
Édition originale.
Joli volume imprimé avec goût : l’auteur contrôla tous les détails de l’impression, jusqu’au thyrse
emblématique qui orne couverture et page de titre. L’ouvrage relève encore des débuts des
Éditions
de la Nouvelle Revue Française
, créées en mai 1911 sous l’impulsion d’André Gide.
Un des 25 premiers exemplaires sur Japon impérial ancien (n° XVII).
La Jeune Parque
est dédiée à André Gide qui avait convaincu l’auteur de revenir à la poésie :
“Depuis bien des années, j’avais laissé l’art des vers ; essayant de m’y astreindre encore, j’ai fait
cet exercice, que je te dédie. P.V.”
Ce retour à la littérature, également encouragé par Pierre Louÿs, fut unanimement salué. Le poème
incantatoire, de cinq cent douze alexandrins, est à la fois une autobiographie intellectuelle et l’un
des sommets du lyrisme classique. (
Conolly, One Hundred Modern Books. From England, France and America,
1880-1950
, 1971, n° 31.)
Exemplaire parfait, conservé dans une magistrale reliure au décor irradiant
signée de Paul Bonet.
Paul Bonet a inventé le motif irradiant, décor auquel on l’a souvent identifié. Il revient au doreur
de faire preuve de virtuosité technique. Partant d’un point central, les lignes sinueuses en viennent à
créer l’illusion d’un relief de courbes ondulantes. (
Carnets Paul Bonet
, 1981, n° 1627.)
Ex-libris
Jean
A. Bonna
.
On trouve joint le brouillon autographe d’un poème de rupture écrit par Pierre Louÿs à l’intention
d’André Gide.
Condisciples en classe de rhétorique à l’École alsacienne (1888), les deux camarades furent longtemps
inséparables et c’est Pierre Louÿs qui avait introduit Gide dans le monde littéraire
de l’époque. Leur amitié jalouse, contrariée par des brouilles, prit fin en 1895.
En l’occurrence, Pierre Louÿs se montra dépité à l’idée que Valéry ait dédié
La Jeune Parque
à André
Gide, tant il était déçu de ne pas avoir été choisi comme dédicataire d’un poème dont Valéry lui avait
confié la genèse.
Le poème autographe vengeur de Pierre Louÿs redouble d’acrimonie contre le “pauvre Gide”,
qu’il accuse de n’être qu’un plagiaire doublé d’un piètre poète… Dans un passage barré
il l’interpelle : “fripier d’écrits impudent plagiaire”…
Oui !… je la reconnais… c’est bien «toute ma lyre»
[…]
Elle vibre en tes doigts inexpérimentés
Oui… tout… jusqu’à mon rythme et jusqu’à mes toquades
Tu m’as tout pris, sans choix plagiaire effronté
Et ma lyre et mes vers en tes mains, tu parades…
Soit… mais ta voix est fausse et ton accent raté.
Mes vers, mes vers ailés par ta muse inhabile
Estropiés, perclus, moulus, défigurés
S’en reviennent vers moi me demander asile
Se croyant désormais des vers déshonorés.
[…]
O quelle poésie… hélas, mon pauvre Gide
Ton âme à ces beautés n’est pas ouverte encor
Et je t’évoquerais la chair d’une sylphide
Que tu la souillerais de tes sols clinquants d’or.
15 000 /20 000 €