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les collections aristophil
Littérature
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CÉLINE, Louis-Ferdinand
Manuscrit autographe pour
D’un Château l’autre
.
S. l., [vers 1954-1957].
18 p. in-4 (27 x 21 cm).
1 800 / 2 500 €
Ces 18 pages sur papier crème, rédigées
au stylo bille, foliotées de 966 à 983,
comportent de nombreuses biffures,
ajouts et corrections. Les biffures sont
nettes : généralement un seul mot ou une
seule phrase est soigneusement rayé.
Souvent, Céline réécrit le mot en question
juste au-dessus.
Ces pages correspondent aux pages 238
à 243 de l’édition originale publiée en 1957
chez Gallimard.
Le texte manuscrit est assez proche du
texte définitif. Céline écrit :
« Je vous mets
au courant de ces drolures… la totale
unité de l’Allemagne date que d’Hitler
mais pas tellement unifiée que ça ! la
preuve !… vous avez des trains qui pour
passer d’Allemagne en Suisse traversaient
six fois la frontière, la même, en pas
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CÉLINE, Louis-Ferdinand
Manuscrit autographe pour
D’un Château l’autre
.
S. l., [vers 1954-1957].
52 p. in-4 (27 x 21,1 cm).
5 000 / 8 000 €
Ce manuscrit comporte 52 pages sur
papier crème, rédigées au stylo bille,
foliotées de 82 à 129, avec de nombreuses
biffures, ajouts et corrections. Elles
correspondent aux pages 59 à 71 de
l’édition originale publiée en 1957 chez
Gallimard.
Ce manuscrit de travail est très éloigné
de la version définitive publiée, même si
l’on retrouve l’essentiel des faits et des
intrigues. De nombreux passages ont été
réécrits ou supprimés, d’autres ont été
abondamment développés.
Ainsi Céline écrit : «
Je fais pas de macabre
par plaisir, pour vous épater, comme
tant d’auteurs à bout de souffle… ! non !
Je vous parlais de la fosse commune. Il
avait pas retenu sa place. »
De nombreux
passages sont biffés et Céline reprend :
« Au diable. A Thiais. ou encore plus loin !
en Provence… bon ! Mais moi mort Lili
dites voir ? et mes chiens féroces ? et
mes greffes ? Je vois pas Lili de taille à
se défendre…
débrouillarde… Non ! elle
en entendra un petit peu ! Il s’est foutu
tout le monde à dos […] »
(feuillet 82). Ce
passage devient dans le texte publié :
« Je vais pas donner dans le macabre,
loufiats, croquemorts, etc., non !… je
vous parlais de la fosse commune… pas
celle d’ici… plus loin… à Thiais !… plus
loin encore… mais moi parti ?… Lili ?… les
chats… les chiens… je vois pas du tout Lili
se défendre… elle est pas faite pour… ce
déferlement !… vous parlez !… une de ces
ruées « d’ayants droit » !… amis, parents,
escrocs, huissiers, voraces tout poil !… oh
nous connaissons !… oui ! certes !… tous
les pillages !… ici ! là !… ailleurs !… partout !
mais Lili seule ?… Il s’est foutu tout le
monde à dos !… »
Les nombreuses biffures et corrections
permettent d’appréhender le travail
stylistique de Céline.
Précieux et important manuscrit de
travail pour
D’un Château l’autre
.
Tache avec matière au feuillet 109,
mouillure,
quelques
rousseurs
et
déchirures marginales.
un quart d’heure… »
Ce passage devient
dans le texte publié :
« Je vous mets au
courant de ces chichis… la totale unité
de l’Allemagne date que d’Hitler et pas si
tellement unifiée ! la preuve : vous aviez
des trains qui pour passer d’Allemagne
en Suisse traversaient dix fois la frontière,
la même, en pas un quart d’heure… »
Les nombreuses corrections révèlent
l’approche stylistique de Céline, qui
retravaille longuement ses textes : « On voit
à quel point le travail s’écarte des visions
trop répandues d’un Céline “parlant” ses
romans, ou emporté lui-même par un
torrent verbal qu’il ne parviendrait pas à
maîtriser » (Henri Godard,
D’un château
l’autre ; Nord ; Rigodon
, Bibliothèque de
la Pléiade, 1974, p. 977).
Premier volet de la Trilogie Allemande,
qui sera complétée par
Nord
(1960) et
par
Rigodon
(1969),
D’un Château l’autre
reçut une critique enthousiaste et permit à
Céline d’effectuer son retour sur la scène
littéraire française.
Important manuscrit de travail,
représentatif du style de l’écriture de
Céline.
PROVENANCE :
Vente Paris, Neret-Minet, Tessier &
Sarrou, 3 avril 2013, lot 188.
Traces de pliures, infimes déchirures
marginales sans atteinte au texte, taches de
rouille laissées par des trombones.