Previous Page  30-31 / 124 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 30-31 / 124 Next Page
Page Background

29

les collections aristophil

Littérature

28

393

CÉLINE, Louis-Ferdinand

Manuscrit autographe pour

D’un Château l’autre

.

S. l., [vers 1954-1957].

18 p. in-4 (27 x 21 cm).

1 800 / 2 500 €

Ces 18 pages sur papier crème, rédigées

au stylo bille, foliotées de 966 à 983,

comportent de nombreuses biffures,

ajouts et corrections. Les biffures sont

nettes : généralement un seul mot ou une

seule phrase est soigneusement rayé.

Souvent, Céline réécrit le mot en question

juste au-dessus.

Ces pages correspondent aux pages 238

à 243 de l’édition originale publiée en 1957

chez Gallimard.

Le texte manuscrit est assez proche du

texte définitif. Céline écrit :

« Je vous mets

au courant de ces drolures… la totale

unité de l’Allemagne date que d’Hitler

mais pas tellement unifiée que ça ! la

preuve !… vous avez des trains qui pour

passer d’Allemagne en Suisse traversaient

six fois la frontière, la même, en pas

394

CÉLINE, Louis-Ferdinand

Manuscrit autographe pour

D’un Château l’autre

.

S. l., [vers 1954-1957].

52 p. in-4 (27 x 21,1 cm).

5 000 / 8 000 €

Ce manuscrit comporte 52 pages sur

papier crème, rédigées au stylo bille,

foliotées de 82 à 129, avec de nombreuses

biffures, ajouts et corrections. Elles

correspondent aux pages 59 à 71 de

l’édition originale publiée en 1957 chez

Gallimard.

Ce manuscrit de travail est très éloigné

de la version définitive publiée, même si

l’on retrouve l’essentiel des faits et des

intrigues. De nombreux passages ont été

réécrits ou supprimés, d’autres ont été

abondamment développés.

Ainsi Céline écrit : «

Je fais pas de macabre

par plaisir, pour vous épater, comme

tant d’auteurs à bout de souffle… ! non !

Je vous parlais de la fosse commune. Il

avait pas retenu sa place. »

De nombreux

passages sont biffés et Céline reprend :

« Au diable. A Thiais. ou encore plus loin !

en Provence… bon ! Mais moi mort Lili

dites voir ? et mes chiens féroces ? et

mes greffes ? Je vois pas Lili de taille à

se défendre…

débrouillarde… Non ! elle

en entendra un petit peu ! Il s’est foutu

tout le monde à dos […] »

(feuillet 82). Ce

passage devient dans le texte publié :

« Je vais pas donner dans le macabre,

loufiats, croquemorts, etc., non !… je

vous parlais de la fosse commune… pas

celle d’ici… plus loin… à Thiais !… plus

loin encore… mais moi parti ?… Lili ?… les

chats… les chiens… je vois pas du tout Lili

se défendre… elle est pas faite pour… ce

déferlement !… vous parlez !… une de ces

ruées « d’ayants droit » !… amis, parents,

escrocs, huissiers, voraces tout poil !… oh

nous connaissons !… oui ! certes !… tous

les pillages !… ici ! là !… ailleurs !… partout !

mais Lili seule ?… Il s’est foutu tout le

monde à dos !… »

Les nombreuses biffures et corrections

permettent d’appréhender le travail

stylistique de Céline.

Précieux et important manuscrit de

travail pour

D’un Château l’autre

.

Tache avec matière au feuillet 109,

mouillure,

quelques

rousseurs

et

déchirures marginales.

un quart d’heure… »

Ce passage devient

dans le texte publié : 

« Je vous mets au

courant de ces chichis… la totale unité

de l’Allemagne date que d’Hitler et pas si

tellement unifiée ! la preuve : vous aviez

des trains qui pour passer d’Allemagne

en Suisse traversaient dix fois la frontière,

la même, en pas un quart d’heure… »

Les nombreuses corrections révèlent

l’approche stylistique de Céline, qui

retravaille longuement ses textes : « On voit

à quel point le travail s’écarte des visions

trop répandues d’un Céline “parlant” ses

romans, ou emporté lui-même par un

torrent verbal qu’il ne parviendrait pas à

maîtriser » (Henri Godard,

D’un château

l’autre ; Nord ; Rigodon

, Bibliothèque de

la Pléiade, 1974, p. 977).

Premier volet de la Trilogie Allemande,

qui sera complétée par

Nord

(1960) et

par

Rigodon

(1969),

D’un Château l’autre

reçut une critique enthousiaste et permit à

Céline d’effectuer son retour sur la scène

littéraire française.

Important manuscrit de travail,

représentatif du style de l’écriture de

Céline.

PROVENANCE :

Vente Paris, Neret-Minet, Tessier &

Sarrou, 3 avril 2013, lot 188.

Traces de pliures, infimes déchirures

marginales sans atteinte au texte, taches de

rouille laissées par des trombones.