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Littérature
379
ARTAUD, Antonin
Lettre autographe signée.
Rodez, 15 octobre 1945.
6 p. sur 3 ff. in-8 (21,2 x 16,3 cm), 1 enveloppe.
1 000 / 2 000 €
Lettre autographe signée à Jacques Bonnefoy, procureur de la
République, lui demandant d’agir contre « les mauvais esprits » et
notamment, contre André Demaison.
Intrigante lettre écrite au crayon sur des pages de cahier d’écolier,
dans laquelle Antonin Artaud fait part au Procureur de la
République, Jacques Bonnefoy, de l’étrange soirée qu’il a vécu
la veille et évoque le comportement suspect d’André Demaison :
« Il avait trouvé dans ses voyages en Afrique, chez les nègres, des
moyens de magies particulières qu’il utilisait pour son compte
personnel […].
Ces moyens quand on les pousse peuvent aller
comme hier soir jusqu’à un envahissement de la conscience
générale qui s’en trouve par moments complètement pénétrée,
bloquée, compressée, asphyxiée et désespérée. Ces moyens
consistent à entrer dans la conscience des autres par le canal de
la sexualité. »
Artaud se plaint à Jacques Bonnefoy et lui demande d’agir : «
Je
voudrais maintenant marcher dans un monde qui ne vive plus
ainsi sous l’oppression des mauvais esprits […]. Si vous pouviez
faire quelque chose au moins du côté d’André Demaison cette
action nous soulagerait tous. »
À Rodez, entre 1943 et 1944, Antonin Artaud subit de nombreuses
séries d’électrochocs pour soigner ses hallucinations et crises
de délire chroniques. Mais, à partir de janvier 1945, Artaud est
pris d’une fulgurance créative. Il se met à noircir les pages d’une
centaine de cahiers, mêlant écriture et dessin.
Fascinante lettre pouvant être rattachée à la période des « Cahiers
de Rodez » et dans laquelle s’exprime l’art délirant d’Antonin
Artaud.
PROVENANCE :
Vente Paris, Binoche et Giquello, 30 mai 2007, lot 22.
Traces de pliures, quelques taches, déchirures marginales sans
atteinte au texte.
380
BAC, Ferdinand
Manuscrit autographe pour
Vieille France.
Versailles, 1908-1911.
161 p. sur 71 doubles ff. in-folio (dimensions diverses).
400 / 600 €
Manuscrit autographe de Ferdinand Bac, intitulé
Vieille France,
comprenant le texte et sa préface, le tout abondamment corrigé,
repris et augmenté.
Le roman sera publié par Eugène Fasquelle en 1913.
Taches, traces de pliure, petites déchirures marginales (parfois
atteinte au texte).
381
BARJAVEL, René
Manuscrit autographe signé.
S. l., [vers décembre 1947].
9 p. in-4 (27 x 21 cm).
500 / 800 €
Barjavel a assisté à la représentation de la pièce de Mauriac,
Passage du Malin
, au théâtre de la Madeleine et il en dresse
ici une virulente critique :
« Passage du Malin nous présente un
échantillonnage complet de ces êtres bizarres […]. Le spectateur,
presque toujours gêné et souvent consterné, regarde avec
stupéfaction ces fantômes s’agiter, se déchirer, renifler, sangloter,
râler de plaisir et d’abomination
[…]. Ce Passage du Malin ne sera
sans doute qu’une furtive promenade, la civilisation occidentale
n’en continuera pas moins, répandant autour d’elle d’autres
parfums que cette odeur de dortoir qui se dégage de la scène du
théâtre de la Madeleine et suffoque le spectateur moyennement
équilibré
. »
La réception critique du drame de Mauriac est particulièrement
mauvaise et la pièce connaît un échec cuisant.
Traces de pliures, quelques taches.
382
BATAILLE, Georges
Lettre autographe signée.
Fontenay, 3 mars 1961.
3 p. sur 2 ff. in-8 (20,6 x 13,3 cm).
200 / 300 €
Lettre autographe signée de Georges Bataille à Joseph-Marie
Lo Duca à propos du dernier ouvrage de Bataille
Les Larmes
d’Éros,
qui paraîtra quelques mois plus tard, chez Pauvert dans,
la collection « Bibliothèque Internationale d’érotologie ».
383
BEAUVOIR, Simone de
Documents préparatoires à la biographie de Simone de
Beauvoir.
1984-1985.
688 ff. in-4 dactylographiés (dont 18 ff. de bibliographie,
notes et table), 23 ff. de photocopies d’épreuves corrigées
des premières et dernières pages du livre ; 15 cassettes
audio et 2 CD (9 h. d’entretiens). On joint un exemplaire
broché de l’ouvrage
Simone de Beauvoir.
600 / 800 €
Ensemble de documents préparatoires à la biographie de Simone
de Beauvoir par Claude Francis et Fernande Gontier.
Avec cette dernière biographie publiée de son vivant, Simone de
Beauvoir souhaitait laisser l’image d’une femme libre, indépendante
et sûre de ses choix, n’hésitant pas remodeler ses propos même si
la « fiction » devait pour cela empiéter sur le réel.
Les entretiens, réunis sur 15 cassettes et 2 CD, commencent à
l’hiver 1984 à son domicile. Enregistrées entre décembre 84 et
mars 1985, ces interviews viennent étoffer la biographie en cours
d’écriture. Tour à tour, Simone de Beauvoir évoque sa relation
avec Sartre,
« il disait que j’étais poreuse, que j’absorbais tout, les
gens […], les paysages »
, son amitié
« la plus grande et la moins
explicable »
avec Merleau-Ponty, ou encore l’avenir du féminisme.
Sur les enregistrements sonores, un entretien d’Anne Zelinski avec
les auteurs, vient compléter l’ensemble :
« c’était la rencontre
entre la théoricienne et ses praticiennes. »
Ces enregistrements sont accompagnés de l’édition originale du
livre signé par les auteurs mais surtout du tapuscrit, abondamment
corrigé par Simone de Beauvoir.
Les ratures, commentaires et annotations témoignent du rapport
ambigu de la philosophe avec elle-même. Elle revient sur ce
qu’elle a pu dire pendant les entretiens, elle atténue ses propos,
les corrige, les dément.
« Toute cette page est fausse »
(p. 20),
« Erroné, inventé »
(p. 83),
« complètement étranger à moi »
(p. 84).
Précieux document dans lequel Simone de Beauvoir et ses
biographes se répondent par commentaires interposés.
En bleu pour la philosophe et en rouge pour les auteurs. Dans
un passage où il est question de sa mère trompée, Simone de
Beauvoir biffe le passage et rectifie :
« elle adorait aveuglément
mon père »
. Ce à quoi les auteurs répondent en citant leurs
sources :
« JFR p. 252 »
(JFR pour
Mémoires d’une jeune fille
rangée
). Il en va de même sur la nature de ses rapports avec
Sartre ou son idylle avec Nelson Algren.
Quelques déchirures marginales, sans atteinte au texte.
378
ARTAUD, Antonin
Manuscrit autographe.
Paris, 10 décembre 1935.
2 p. sur 1 f. in-4 (26,9 x 21,1 cm).
2 000 / 4 000 €
Manuscrit autographe dans lequel AntoninArtaud trace son horoscope.
Artaud a noté son nom, prénom, lieu, date et heure de naissance.
Il a ensuite listé les différentes planètes du système solaire, qu’il a
associées à différents pictogrammes.
En dessous, il a ajouté ce commentaire, sous forme de notes,
sans ponctuation :
« Je rencontre 3 bons aspects Lune Jupiter
Jupiter avant la Lune Soleil Saturne (mauvais) Mercure derrière
moi Mercure Jupiter Vénus Lune Soleil. Lune étant aspect saillant
Soleil en signe de Mercure ».
Il a encadré le passage suivant :
« caractère critique mécontent. Scorpion Balance ».
Sur la même page, quelques mots sans rapport évident avec
l’horoscope, également sous la forme de notes brèves, sans
ponctuation :
« Vu Cécile 2 fois assise me tournant le dos se lève
en effet brusquement mais s’en va. »
Au dos, d’une écriture plus saccadée, quelques mots difficilement
déchiffrables sur le Zodiaque :
« Scorpion signe principal »
,
« aspect puissant ».
Intéressant manuscrit qui révèle l’intérêt profond d’Antonin Artaud
pour l’ésotérisme et sa fascination pour l’astrologie.
Traces de pliures, déchirures marginales sans atteinte au texte,
rousseurs.