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les collections aristophil
Littérature
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CHAR, René
Manuscrit autographe pour
Moulin premier.
L’Isle-sur-la-Sorgue, Céreste, 1935-1936.
[5] ff., 21 ff. (chiffrés 20, avec un 16bis), 1 f. blanc, montés
sur onglets, en un vol. in-4 (26,8 x 22 cm), bradel papier
toilé gris, pièce de titre noire au dos, étui bordé de
chagrin noir
(Devauchelle).
3 000 / 4 000 €
Précieux manuscrit autographe signé de René Char pour le
recueil de poèmes
Moulin premier
.
Il est rédigé, à l’encre brune, au verso de feuilles à l’en-tête de la
Mairie de Céreste (Alpes de Haute-Provence), daté 1935 et signé
par René Char à la fin. Le feuillet de titre porte la date de 1936 et
cette mention paraphée par Char :
« Manuscrit original ayant servi
à l’impression. »
« Un temps d’écriture assez long fera que les textes de
Moulin
premier
commencés en 1935 ne seront publiés qu’à la fin de 1936.
[…] Prévu chez Guy Lévis Mano, Char en retarde la publication
pour approfondir sa réflexion, sans se douter encore qu’une
maladie sérieuse (une septicémie) l’obligera de toutes manières à
en reporter la publication. […] Paul Éluard se chargera d’en suivre
la fabrication et son aide financière permettra à Char de venir à
bout de ce nouveau livre. » (Valentin,
Supplément d’âme
.)
En regard du titre, une reproduction d’un portrait de Char par
Valentine Hugo.
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CHAR, René
Réunion de 34 lettres autographes, dont 33 signées.
L’Isle-sur-la-Sorgue, Avignon, Paris, Bruxelles, 1937.
In-folio (30,2 x 25,1 cm), reliure souple de chagrin rouge,
étui
(C. de Séguier).
2 800 / 3 500 €
66 p. sur 27 ff. et 8 doubles ff. in-8 et in-12 (dimensions diverses),
en un vol. in-folio. Lettres montées sur onglets, sous serpentes.
Importante correspondance amoureuse et poétique à Irène
Hamoir : 34 lettres autographes dont 33 signées.
À l’été 1937, René Char invite le poète surréaliste belge Louis
Scutenaire et son épouse, Irène Hamoir, à passer quelques jours
chez lui, à Céreste.
De cette rencontre naît une fulgurante passion amoureuse entre
René Char et Irène Hamoir, qui dure plusieurs mois. La distance
qui sépare les deux amants exacerbe les sentiments de Char :
« Irène, Irène, Irène je t’aime. Je t’aime, je t’emporte en moi. Je
te prends en moi. Je t’aime. Qui te parle ? Un homme qui vient
de naître, bâti à vie à mort d’amour d’amour nouveau, d’amour
infini. […] Je t’aime, crois en l’homme que tu transfigures, qui ne
veut et ne peut être fort que de toi, que en toi. Je t’aime. Je t’aime.
Je t’aime. »
À travers ces lettres, emplies d’un lyrisme exalté, c’est aussi le
poète qui s’exprime :
« Je ne veux pas t’étreindre, je veux que ta
source donne à ma bouche toute la vie. Je veux qu’il ne soit pas
un sommeil dont tu t’absentes, je veux enfin que le monde qui
m’assaille passe tout entier par Toi. »
Parfois, la passion atteint un tel sommet qu’elle confine à la
jalousie :
« Tu vas répondre immédiatement à cette lettre, entends-
tu. Dire que tu crois en moi, que tu ne décrieras plus, que fini à
jamais les autres. »
Sont également reliés dans cet album : deux télégrammes, deux
cartes postales dont une signée, 26 enveloppes, et un morceau
d’une nappe en papier.
Magnifique correspondance enflammée où le poète s’exprime
autant que l’amant, où l’intime devient véritable prouesse
littéraire.
Quelques taches, traces de pliures, déchirures marginales, traces
d’anciennes réparations à l’adhésif.
L’ensemble est précédé d’une longue note autographe signée,
intitulée
« Souvenir de “Moulin premier” »,
adressée à monsieur
Conrado, détaillant la genèse de ce texte.
Les trois premiers ff. (faux-titre, portrait, titre) ainsi que le dernier
(blanc) sont sur un papier fort à grain.
PROVENANCE :
M. Conrado (envoi autographe).
BIBLIOGRAPHIE :
Hervé et Eva Valentin, Supplément d’âme, n° 15-20.
Dos assombri, déchirures au papier de couvrure, notamment au
dos. Piqûres.
Quelques ratures et corrections ; indications typographiques à
l’encre, de la main de Char et d’une autre main, au crayon.