166
167
les collections aristophil
littérature
192
NOVALIS FRIEDRICH VON HARDENBERG,
DIT (1772-1801).
L.A.S. « Fridrich von Hardenberg », [Leipzig 1792 ?], à
« Mademoiselle » [Philippina BÜTTNER] ; 2 pages in-fol.
d’un feuillet in-fol. (numéros anciens à l’encre rouge ;
quelques très légères mouillures, marques de plis, trace
d’onglet) ; en allemand.
10 000 / 15 000 €
Très rare et belle lettre d’amour du jeune Novalis
.
[Philippina von BÜTTNER, née le 26 janvier 1776 à Mansfeld, était venue
en 1783 s’installer avec sa famille à Eisleben, où le jeune Hardenberg
fut élève au Gymnasium en 1790, et se lia avec la famille von Büttner ;
la jeune fille avait quatre ans de moins que lui. La lettre est soigneu-
sement calligraphiée d’une belle écriture, sur un grand feuillet avec
une large marge, et fièrement signée « Fridrich von Hardenberg ».
Fut-elle envoyée ou remise à la jeune fille, puis rendue au poète ? ou
l’a-t-il finalement conservée par devers lui ? Il y a porté ultérieurement
cette note autographe en haut de la première page : « Styl, Poesie,
Philosophie, richtiges Denken ».]
« Mademoiselle, Einige der glücklichsten Tage meiner Jugend verlebte
ich in Eisleben: Sie werden mir unvergeßlich seyn: die reitzendsten
schuf mir Ihre Freundschaft, die mir leider erst in der letzten Periode
meines dortigen Aufenthalts aufzublühn begann: Wie gern hätte ich
Trennung und Abschied vermieden, wie seelenvergnügt noch, von
Jugend und Freundschaft beglückt, dort mich verweilt: Aber mein
Weg führte mich allzubald wieder hinweg, weg von dem Orte, wo
mir eben erst die Morgenröthe ächtes Glück zu dämmern anfieng :
Nur von fern höre ich noch das Rieseln der melodischen Quelle und
wandre auf gut Glück auf einem neuen Wege fort. den vielleicht ein
jugendlicherer Schimmer, aber nur eine Aftersonne erhellt : Selig,
wer wie Sie den Port des Lebens erreichte, und dem Getümmel des
Weltmeers so ruhig zusehn kann, aber wenige verdienen auch dicte
Seligkeit in höherem Maaß, als Sie ; der die Natur Herzensmilde und
deutschen Geist und Sinn vor tausend andern Ihres liebenswürdigen
Geschlechts verlieh. Etwas zur Versüßung einer Ihrer einsamen Stunden
beyzutragen, ist der brennendste Wunsch meines Herzens ; leider!
daß oft das Schicksal ihm Gewährung versagt. Ich habe einen Versuch
gemacht, der mir hoffentlich gelingen wird, indem ich Ihnen hier einen
kleinen. Sehr interressant geschriebenen Roman zuzuschicken wage,
von dem ich mit vieler Wahrscheinlichkeit voraussagen kann, daß er
Ihnen gefallen wird. Um eins wag ich Sie zu bitten : daß Sie mir doch
kund und zu wissen thun ließen, wie das Hôtel heißt, worinn Ihre
Frau Mutter und Demoiselle Schwester in Leipzig logiren werden: Da
ich, ohne unhöflich zu seyn, Sie nicht bitten kann, Sich selbst eines
Viertelstündchens dazu zu berauben, das Sie weit angenehmeren
Beschäftigungen widmen können, so wag ich es, Sie zu ersuchen,
es nur Schlözern zu sagen, der mir es dann schreiben kann. Zulezt
bitte ich Sie, mich dem Herrn Vater und Ihrer ganzen liebenswürdigen
Famille gehorsamst zu empfehlen, und ich selbst werde die Zeit unter
die entzückendsten meines Lebens rechnen, da Sie mir erlaubt hatten
mich mit dem innigsten Gefühl von Hochachtung zu nennen Ihren
gehorsamen Diener Fridrich von Hardenberg »
Traduction
. « Mademoiselle, c’est à Einsleben [où il était élève du
Gymnasium en 1790] que j’ai passé quelques-uns des plus heureux
jours de ma jeunesse. Ils resteront inoubliables pour moi : les plus
charmants ont créé votre amitié qui, malheureusement, n’a commencé
à fleurir qu’à la fin de mon séjour là-bas ». Il aurait volontiers évité
la séparation et les adieux, et serait resté si heureux, « béni par la
jeunesse et l’amitié ». Mais il dut reprendre sa route, trop tôt, « loin
de l’endroit où l’aube commençait à peine à me rendre heureux ».
Ce n’est que de loin qu’il entend encore « le ruissellement de la
source mélodique », s’aventurant désormais sur une nouvelle voie,
« qu’éclaire peut-être une petite lueur d’un soleil décroissant : Béni
soit celui qui, comme vous, a atteint le port de la vie et peut observer
le tumulte de l’océan si calmement, mais peu méritent un plus grand
bonheur que Vous, à qui la nature a donné la délicatesse du cœur.
[…] Apporter quelque douceur à vos heures de solitude est le plus
ardent désir de mon cœur ; hélas ! C’est ce que le destin lui refuse
souvent ». Il lui envoie « un petit roman très intéressant » qu’il a écrit
[non retrouvé] et qui lui plaira très probablement. Il termine en osant
lui demander le nom de l’hôtel où madame sa mère et mademoiselle
sa sœur logeront à Leipzig ; puisqu’il ne peut lui demander, sans être
grossier, de lui voler un quart d’heure qu’elle pourrait consacrer à des
occupations beaucoup plus agréables, il la prie de le dire à Schlözer
[fils de l’historien August Ludwig von Schlözer (1735-1809), Christian
von Schlözer était le condisciple de Hardenberg au Gymnasium], qui
le lui écrira. Il termine en la priant de transmettre ses plus chaleu-
reuses salutations à sa famille, « et moi-même je compterai parmi
les plus beaux moments de ma vie le jour où vous m’avez permis
de me nommer, avec de plus profond sentiment de respect, votre
obéissant serviteur Fridrich von Hardenberg ».
Schriften
, éd. Kluckhohn & Samuel, Band IV, n° 33.
Provenance :
Novalis (Friedrich Freiherr von Hardenberg).
Der handschriftliche
Nachlaß des Dichters
. Auktionskatalog von Hellmut Meyer & Ernst
und J.A. Stargardt, Berlin 20 décembre 1930, n° 70 ; collection Dr
Robert AMMANN, à Aarau (vente Stargardt, 1962, Kat. 559, n° 234) ;
vente Stargardt, 30 mars 1999 (n° 293) ; collection Albin SCHRAM
(Londres 3 juillet 2007, n° 130).