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les collections aristophil

littérature

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NOVALIS FRIEDRICH VON HARDENBERG,

DIT (1772-1801).

L.A.S. « Fridrich von Hardenberg », [Leipzig 1792 ?], à

« Mademoiselle » [Philippina BÜTTNER] ; 2 pages in-fol.

d’un feuillet in-fol. (numéros anciens à l’encre rouge ;

quelques très légères mouillures, marques de plis, trace

d’onglet) ; en allemand.

10 000 / 15 000 €

Très rare et belle lettre d’amour du jeune Novalis

.

[Philippina von BÜTTNER, née le 26 janvier 1776 à Mansfeld, était venue

en 1783 s’installer avec sa famille à Eisleben, où le jeune Hardenberg

fut élève au Gymnasium en 1790, et se lia avec la famille von Büttner ;

la jeune fille avait quatre ans de moins que lui. La lettre est soigneu-

sement calligraphiée d’une belle écriture, sur un grand feuillet avec

une large marge, et fièrement signée « Fridrich von Hardenberg ».

Fut-elle envoyée ou remise à la jeune fille, puis rendue au poète ? ou

l’a-t-il finalement conservée par devers lui ? Il y a porté ultérieurement

cette note autographe en haut de la première page : « Styl, Poesie,

Philosophie, richtiges Denken ».]

« Mademoiselle, Einige der glücklichsten Tage meiner Jugend verlebte

ich in Eisleben: Sie werden mir unvergeßlich seyn: die reitzendsten

schuf mir Ihre Freundschaft, die mir leider erst in der letzten Periode

meines dortigen Aufenthalts aufzublühn begann: Wie gern hätte ich

Trennung und Abschied vermieden, wie seelenvergnügt noch, von

Jugend und Freundschaft beglückt, dort mich verweilt: Aber mein

Weg führte mich allzubald wieder hinweg, weg von dem Orte, wo

mir eben erst die Morgenröthe ächtes Glück zu dämmern anfieng :

Nur von fern höre ich noch das Rieseln der melodischen Quelle und

wandre auf gut Glück auf einem neuen Wege fort. den vielleicht ein

jugendlicherer Schimmer, aber nur eine Aftersonne erhellt : Selig,

wer wie Sie den Port des Lebens erreichte, und dem Getümmel des

Weltmeers so ruhig zusehn kann, aber wenige verdienen auch dicte

Seligkeit in höherem Maaß, als Sie ; der die Natur Herzensmilde und

deutschen Geist und Sinn vor tausend andern Ihres liebenswürdigen

Geschlechts verlieh. Etwas zur Versüßung einer Ihrer einsamen Stunden

beyzutragen, ist der brennendste Wunsch meines Herzens ; leider!

daß oft das Schicksal ihm Gewährung versagt. Ich habe einen Versuch

gemacht, der mir hoffentlich gelingen wird, indem ich Ihnen hier einen

kleinen. Sehr interressant geschriebenen Roman zuzuschicken wage,

von dem ich mit vieler Wahrscheinlichkeit voraussagen kann, daß er

Ihnen gefallen wird. Um eins wag ich Sie zu bitten : daß Sie mir doch

kund und zu wissen thun ließen, wie das Hôtel heißt, worinn Ihre

Frau Mutter und Demoiselle Schwester in Leipzig logiren werden: Da

ich, ohne unhöflich zu seyn, Sie nicht bitten kann, Sich selbst eines

Viertelstündchens dazu zu berauben, das Sie weit angenehmeren

Beschäftigungen widmen können, so wag ich es, Sie zu ersuchen,

es nur Schlözern zu sagen, der mir es dann schreiben kann. Zulezt

bitte ich Sie, mich dem Herrn Vater und Ihrer ganzen liebenswürdigen

Famille gehorsamst zu empfehlen, und ich selbst werde die Zeit unter

die entzückendsten meines Lebens rechnen, da Sie mir erlaubt hatten

mich mit dem innigsten Gefühl von Hochachtung zu nennen Ihren

gehorsamen Diener Fridrich von Hardenberg »

Traduction

. « Mademoiselle, c’est à Einsleben [où il était élève du

Gymnasium en 1790] que j’ai passé quelques-uns des plus heureux

jours de ma jeunesse. Ils resteront inoubliables pour moi : les plus

charmants ont créé votre amitié qui, malheureusement, n’a commencé

à fleurir qu’à la fin de mon séjour là-bas ». Il aurait volontiers évité

la séparation et les adieux, et serait resté si heureux, « béni par la

jeunesse et l’amitié ». Mais il dut reprendre sa route, trop tôt, « loin

de l’endroit où l’aube commençait à peine à me rendre heureux ».

Ce n’est que de loin qu’il entend encore « le ruissellement de la

source mélodique », s’aventurant désormais sur une nouvelle voie,

« qu’éclaire peut-être une petite lueur d’un soleil décroissant : Béni

soit celui qui, comme vous, a atteint le port de la vie et peut observer

le tumulte de l’océan si calmement, mais peu méritent un plus grand

bonheur que Vous, à qui la nature a donné la délicatesse du cœur.

[…] Apporter quelque douceur à vos heures de solitude est le plus

ardent désir de mon cœur ; hélas ! C’est ce que le destin lui refuse

souvent ». Il lui envoie « un petit roman très intéressant » qu’il a écrit

[non retrouvé] et qui lui plaira très probablement. Il termine en osant

lui demander le nom de l’hôtel où madame sa mère et mademoiselle

sa sœur logeront à Leipzig ; puisqu’il ne peut lui demander, sans être

grossier, de lui voler un quart d’heure qu’elle pourrait consacrer à des

occupations beaucoup plus agréables, il la prie de le dire à Schlözer

[fils de l’historien August Ludwig von Schlözer (1735-1809), Christian

von Schlözer était le condisciple de Hardenberg au Gymnasium], qui

le lui écrira. Il termine en la priant de transmettre ses plus chaleu-

reuses salutations à sa famille, « et moi-même je compterai parmi

les plus beaux moments de ma vie le jour où vous m’avez permis

de me nommer, avec de plus profond sentiment de respect, votre

obéissant serviteur Fridrich von Hardenberg ».

Schriften

, éd. Kluckhohn & Samuel, Band IV, n° 33.

Provenance :

Novalis (Friedrich Freiherr von Hardenberg).

Der handschriftliche

Nachlaß des Dichters

. Auktionskatalog von Hellmut Meyer & Ernst

und J.A. Stargardt, Berlin 20 décembre 1930, n° 70 ; collection Dr

Robert AMMANN, à Aarau (vente Stargardt, 1962, Kat. 559, n° 234) ;

vente Stargardt, 30 mars 1999 (n° 293) ; collection Albin SCHRAM

(Londres 3 juillet 2007, n° 130).