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les collections aristophil
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HALÉVY Ludovic
(1834-1908) [AF
1884, 22
e
f].
MANUSCRIT autographe signé
« Ludovic Halévy »,
Discours de
réception à l’Académie Française
,
1885 ; [2]-76 pages petit in-4 montées
sur onglets, relié en un volume petit
in-4 demi-maroquin vert sombre à
coins.
1 000 / 1 500 €
Manuscrit de son discours de réception à
l’Académie française
.
Ludovic Halévy fut élu le 4 décembre 1884 en
remplacement du comte Joseph d’Hausson-
ville. Il fut reçu sous la Coupole le 4 février
1886 par Édouard Pailleron.
L’auteur dramatique, librettiste et romancier
commence ainsi : « Messieurs, On m’a sou-
vent reproché d’être un homme heureux et
je n’ai jamais fait difficulté de reconnaître
que cette accusation était pleinement justi-
fiée. Comment donc aurais-je la pensée de
m’en défendre aujourd’hui, lorsque je viens
prendre place au milieu de vous et lorsqu’il
m’est enfin donné, mon bonheur passant
toute espérance, de pouvoir vous offrir le
témoignage public de ma reconnaissance.
Oui, Messieurs, grâce à ceux qui m’ont pré-
cédé dans la vie et m’ont transmis le nom
que je porte, j’ai trouvé tout facile et tout aisé
dans cette carrière des lettres, si inclémente
d’ordinaire et si rude. Aussi est-il de mon
devoir d’évoquer tout d’abord le souvenir
de ceux avec qui je tiens à partager le grand
honneur que vous avez daigné me faire. Je
veux parler de mon père Léon Halévy, […]
de mon oncle, Fromental Halévy qui pen-
dant bien des années, a porté la parole, ici
même, au nom de l’Académie des Beaux-
Arts. […] Il m’est doux de penser, Messieurs,
que j’ai hérité non seulement de leur nom,
mais encore de leurs titres, et que vous
avez eu l’indulgence de ne me demander
pour mon compte personnel qu’un très
modeste appoint. Et voilà comment il m’est
arrivé d’obtenir ce que tous deux avaient
mérité mieux que moi »... Puis il retrace
longuement la vie et la carrière du comte
Joseph d’HAUSSONVILLE (1809-1884), et
son œuvre d’historien, pour conclure que
M. d’Haussonville « n’a jamais souffert de
cette impuissance à aimer la vie qui n’est,
en somme, qu’une impuissance à aimer le
devoir ; il n’a jamais eu besoin de doser,
d’analyser et de décomposer son état d’âme ;
il ne s’est jamais demandé, en des angoisses
psychologiques, où était l’idéal. Il s’en est
tenu tout simplement à ce vieil idéal qui est,
depuis des siècles et des siècles, la lumière
de la conscience humaine. Il a aimé le travail,
il a aimé l’honneur, il a aimé son pays – et
c’est ainsi, Messieurs, qu’il a pu laisser, après
lui, vivantes et durables, les œuvres de son
esprit et les œuvres de son cœur. »
Le manuscrit est signé et daté en fin « Dieppe
août-septembre 1885. Il est écrit à l’encre
noire au recto de feuillets pliés pour marquer
une marge sur la gauche ; paginé 1-73 (avec
quelques pages à double numérotation et
des
bis
), il présente de nombreuses ratures et
corrections, et des notes ou faux départs au
verso de quelques feuillets, et, après le titre,
un feuillet de dédicace à Camille DOUCET :
« J’offre à Monsieur et Madame Camille
Doucet ce manuscrit de mon discours de
réception à l’Académie Française en témoi-
gnage de mes sentiments de respectueuse
affection et de cordiale reconnaissance. 12
Février 1887. Ludovic Halévy ». On relève
des variantes avec le texte publié.
Ex-libris
de Camille DOUCET.