91
ACADÉMIE FRANÇAISE
craindre que tu ne sois horriblement fatigué
pour tantôt, pauvre adoré. Il me semble
que tu aurais pu faire imprimer un jour plus
tôt et garder cette nuit pour te reposer ?
Vraiment je ne sais pas comment tu feras
pour prononcer ton discours tantôt après
plusieurs jours de fatigues atroces, et d’une
nuit passée à corriger des épreuves à l’im-
primerie ? Il n’y a que toi pour des tours de
force de ce genre ; mais cependant, mon
bien aimé, il serait bientôt temps de changer
ce régime qui ne tant à rien moins qu’à te
tuer en détails. J’espère que tu vas mettre
à profit les quelques heures qui te restent
d’ici là pour te jeter sur ton lit ! Je sens déjà
quelque chose qui me remue dans l’estomac
comme si je devais
prononcer moi-même
le discours. Je suis sûre que je serai dans
un état hideux jusqu’à ce que tu aies fini. Je
ne me remettrai qu’au discours de Salvandy.
D’ici là j’aurai une montagne sur l’estomac.
Voici un autre incident
périodique
qui m’arrive
tout à point dans ce moment. Quelle chance !
[…] Quoi qu’il arrive je t’adore »…
aime Toto, comme le premier jour et plus
que jamais. Mais, hélas ! je n’ose pas en
croire autant de vous car
je n’en vois guère
les expériences
comme dirait ma servante.
Le fait est qu’académicien, ou candidat, ou
rien du tout je ne vous vois guère plus d’une
heure par jour l’un dans l’autre. Ça n’est pas
neuf ni consolant mais c’est de plus en plus
triste et douloureux »...
3 juin jeudi matin 4 h ½
. « Bonjour adoré,
petit homme, bonjour pauvre bien aimé,
bonjour Monsieur l’Académicien. Comment
vas-tu mon Toto bien aimé ? Il est bien à