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les collections aristophil
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HUGO Victor
(1802-1885) [AF 1841, 14
e
f].
L.A.S. « Victor », 13 mai [1826], au poète Alexandre
GUIRAUD ; 2 pages et quart in-4, adresse.
1 000 / 1 500 €
Il félicite Guiraud pour son élection à l’Académie française, ouvrant
ainsi la voie aux « romantiques »
.
[Alexandre GUIRAUD (1788-1847) venait d’être élu le 10 mai, contre
Lamartine, au fauteuil de Mathieu de Montmorency.]
Hugo apprend la nouvelle au retour d’une petite excursion à quelques
lieues de Paris : « vous jugez avec quelle joie. Que Nodier et Lamartine
vous suivent maintenant ; c’est tout ce que demandent mes admira-
tions et mes amitiés. Ce sont des choix comme le vôtre et comme
ceux-là qu’il faut à l’Académie. Elle ne prend pas garde qu’elle date
du dix-septième siècle dans le dix-neuvième, et qu’il faut un peu de
jeune sang dans ses vieilles veines. Lorsque sa majorité commen-
cera à être de notre tems, elle regagnera tout à la fois, influence et
considération. Il y a donc deux causes pour que je me réjouisse de
votre élection : l’intérêt des lettres, et ma tendre amitié pour votre
personne et votre gloire »….
L’Académie française au fil des lettres
, p. 176-179.
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HUGO Victor
(1802-1885) [AF 1841, 14
e
f].
L.A.S. « Victor Hugo », 16 janvier [1833], à M. MAYER à
Strasbourg ; 3 pages in-8, adresse (petite déchirure par bris
de cachet, petite fentes).
1 000 / 1 200 €
Belle lettre d’encouragement et de conseils à un jeune poète
.
Il le remercie « de la confiance que vous voulez bien placer en moi.
Sans mes yeux malades, je vous aurais répondu plus tôt et plus
longuement. Je ne faudrai jamais à la prière d’un jeune homme. Au
point de la vie où je suis arrivé, je suis encore assez jeune pour aimer
la jeunesse et déjà assez vieux pour la conseiller.
J’ai lu vos beaux vers. Je doute fort que l’Académie en reçoive de
plus beaux. Mais c’est précisément pour cela que je n’espère guère
qu’elle vous couronne. En général, ce qui va à l’Académie, c’est la
médiocrité. Essayez pourtant. Dans ma pensée, vous méritez déjà
plus qu’un prix de poésie ».
Il donne alors des conseils sur l’ode, attachant « peu d’importance aux
critiques de détail. Il y a quelques mauvaises rimes que vous feriez
peut-être bien d’effacer,
grand
et
volcan
,
plus
et
vertus
,
conjurés
et
cyprès
, &c. Une observation générale pour l’avenir. Vous avez un pen-
chant à l’antithèse qui vous servira peut-être cette fois à l’Académie,
mais dont vous ferez bien de vous défier pour d’autres ouvrages.
Adieu, Monsieur. Travaillez. Vous avez ce qu’il faut pour réussir.
Travaillez. Ne vous découragez et ne vous lassez pas. Savez-vous
le secret de tout succès dans ce monde quand on est fort, le voici :
perseverando
»…