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Littérature

Un feuillet recto-verso, daté « Automne 1837 », dresse un bilan :

« Récapitule un peu ce qui s’est passé depuis trois mois que tu ne

te regardes plus vivre. T’en souviens-tu seulement ? N’as-tu pas

déjà oublié les faits ? Ta mère morte, ton fils sauvé, ta fille enlevée

et reconquise »…

Reprenant son journal en « Juin 1839 » (4 pages), elle s’interroge sur

cette interruption en un amusant dialogue, suivi d’une discussion avec

sa fille Solange, puis l’apparition du spectre de Buloz.

Le journal reprend en décembre 1840, à « Paris – rue Pigale 16 »

(12 feuillets, avec des coupures), avec le récit d’un dîner de Polonais,

marqué par une improvisation de MICKIEWICZ, puis une dissertation

sur l’extase, qui s’achève en célébrant le génie du grand poète

polonais. Le 7 janvier 1841, beau portrait de Henri HEINE : « Heine a

des mots diablement plaisans. Il disait ce soir en parlant d’Alfred de

MUSSET :

C’est un jeune homme de beaucoup de passé

. Heine dit

des choses très mordantes, et ses saillies emportent le morceau. On

le croit foncièrement méchant, mais rien n’est plus faux ; son cœur

est aussi bon que sa langue est mauvaise. Il est tendre, affectueux,

dévoué, romanesque en amour »… Suivent des propos assez méchants

sur quelques femmes (les noms ont été découpés, mais elles sont

reconnaissables) : Mme Charles Didier, Delphine de Girardin, Marie

d’Agoult, Hortense Allart. Après une coupure, et une note du 17, elle

évoque, le 18 janvier, Pauline VIARDOT qui va partir pour Londres :

« C’est la seule femme depuis dix ans que j’aie aimée aussi tendrement.

C’est la seule femme depuis Alicia la religieuse que j’aie aimée avec

un enthousiasme sans mélange, et je crois bien que dans toute ma

vie, elle sera la seule que je puisse et doive chérir et admirer avec

raison, avec certitude »…

Sur les 3 feuillets suivants, Sand a collé 6 pages in-8 provenant

probablement d’un carnet : « Parmi les mille grandes et excellentes

raisons qu’on peut alléguer contre la doctrine d’individualisme absolu, si

fort à la mode en ces tristes jours, il y a une toute petite raison fondée

sur un fait d’observation que je veux consigner ici. Avez-vous jamais

vu une personne qui vous parut entièrement nouvelle et inconnue ?

Quant à moi, cela ne m’est jamais arrivé. Tout au contraire, au premier

abord d’un individu que je n’ai jamais vu, je crois le reconnaître, je

cherche où j’ai pu le rencontrer, et je me demande ce qu’il y a de

changé en lui à ce point de m’empêcher de trouver son nom »... La

fin de ce passage est très marquée par l’influence de Lavater.

À la fin du cahier retourné, deux pensées inédites.

En tête du cahier, Maurice Sand a monté

divers manuscrits

autographes

de sa mère.

« Noms des pensionnaires et des religieuses de mon couvent »

(1 page oblong in-4) : Sand a noté les noms de ses amies et de ses

maîtresses au couvent des Augustines anglaises.

« 

Poeme

par Aurore Dupin 1818 dite calpin boutefeu mad. cap »

(petit cahier de 9 pages in-8, avec des notes sur la dernière page),

brouillon en 3 chants de cet amusant poème fait au couvent des

Augustines anglaises.

« Résolutions d’Aurore Du Pin » (2 pages et demie in-4, fentes),

résolutions religieuses (vers 1818-1819).

Poème en 3 strophes de 9 vers pour sa fille Solange : « Pour toi,

Solange, / Mes amours / Je chanterai toujours »… (1 page in-12 sur

papier rose, 1836 ou 1837).