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les collections aristophil

524

SAND George (1804-1876).

L.A.S. « G. Sand », [Nohant]

30 novembre [1869], à Gustave

FLAUBERT ; 3 pages in-8 à son

chiffre.

2 500 / 3 000 €

Belle lettre sur

L’Éducation sentimentale

qu’elle vient de relire

.

« Cher ami de mon cœur, j’ai voulu relire

ton livre et ma belle-fille l’a lu aussi, et

quelques-uns de mes jeunes gens, tous

lecteurs de bonne foi et de premier jet – et

pas bêtes du tout. Nous sommes tous du

même avis que c’est un beau livre, de la

force des meilleurs de Balzac et plus réel,

c’est-à-dire plus fidèle à la vérité d’un bout

à l’autre. Il faut le grand art, la forme exquise

et la sévérité de ton travail pour se passer

des fleurs de la fantaisie. Tu jettes pourtant

la poésie à pleines mains sur ta peinture,

que tes personnages la comprennent ou

non. Rosanette à Fontainebleau ne sait

sur quelles herbes elle marche, et elle est

poétique quand même.

Tout cela est d’un maître et ta place est bien

conquise pour toujours. Vis donc tranquille

autant que possible pour durer longtemps

et produire beaucoup.

J’ai vu deux bouts d’article qui ne m’ont pas

eu l’air en révolte contre ton succès, mais je

ne sais guère ce qui se passe, la politique me

paraît absorber tout. Tiens-moi au courant.

Si on ne te rendait pas justice je me fâcherais

et je dirais ce que je pense, c’est mon droit.

[…] nous t’envoyons nos louanges et nos

tendresses ».

Elle signe : « ton vieux troubadour G. Sand ».

Correspondance

, t. XXI, p. 718.