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94. [POMPADOUR
(Marquise de)]. – [FALQUES (Marianne-Agnès Pillement, dite mademoiselle de)]. Manuscrit
intitulé «
Histoire de madame la marquise de Pompadour
». Probablement fin du XVIII
e
siècle. 43-38 pp. in-4, de deux
mains différentes, en 2 cahiers brochés ensemble sous couverture de papier dominoté. Le tout placé dans une chemise à
dos de veau rouge avec pièce de titre sur le premier plat, sous étui bordé (
chemise et étui modernes
).
600 / 800
Violent pamphlet contre la marquise de Pompadour, qui est dépeinte sous les traits d'une intrigante sans morale, sans
vision politique, et même, en
1758
, sans beauté : «
... Ainsy elle avoit touttes les raisons du monde de triompher et
de se féliciter d'avoir sçu choisir l'unique sûr
[e]
voye qui s'offroit de captiver le roy et de s'en assurer la conqueste...
Ce secret consistoit uniquement à saisir l'humeur du roy et à prendre à tâche de s'y conformer en tout. De là venoit
qu'il ne trouvoit nul
[le]
part de plaisir plus grand que dans sa compagnie. ce n'est ny la grande beauté ny le grand esprit
qui conduit à ce but, c'est plutôt une sage discussion qui ose sacriffier à la complaisance, une esprit personnellement
intéressée qui, surtout dans des bagatelles, dans de petits caprices, dans de sotte[s] passion[s], préfère toujours sa
satisfaction particulièr
[e]
à celle des autres...
» (première partie, p.
28
).
Ce texte, qui se présente comme achevé en
1758
, fut publié en
1759
, dans une impression hollandaise sous l'adresse
fictive de S. Hooper à Londres – il en parut une traduction anglaise, concurremment ou peut-être même un peu avant.
Le présent manuscrit a été établi sur papier d'Auvergne filigrané «
Gourbeyre
» et daté «
1742
», mais ce millésime continua
à être placé en filigrane sur des papiers fabriqués bien après, parfois jusque dans les années
1780
. En fait, la présente copie
a probablement été établie à l'époque où Marie-Antoinette faisait à son tour l'objet d'une violente campagne de libelles.
Une mystérieuse femme de lettres, « Mademoiselle de Falques ».
Dite aussi Mademoiselle de Fauques, avec ou
sans « s » final et avec ou sans particule, elle était née Marianne-Agnès Pillement (
1720
-
1804
), dans le Comtat-Venaissin,
peut-être à Avignon, vécut un temps en Angleterre, et publia des contes dans les années
1750
-
1770
. On sait peu de choses
d'elle mais sa vie fut entourée de rumeurs : Quérard, par exemple, en fait la sœur du peintre et graveur Jean Pillement,
et l'épouse de l'agent de change Charles Falque qui fut pendu pour faux, avant d'indiquer que, veuve, elle mena une vie
aventureuse, de « catin, même, sous le nom de comtesse de Clermont ». Il la fait se défenestrer en
1773
.
Provenance : bibliothèque de l'historien Amédée de Caix de Saint-Aymour.
Joint, un volume imprime, édition du texte établie sur le présent manuscrit
(Paris, Mercure de France, in-
8
,
demi-basane dans le goût du XVIII
e
siècle, tirage sur vergé, probablement hors commerce).
« D
ans
le
cœur
l
'
une de
l
'
autre
pour
prier
tousjours dieu
ensemble
... »
95. PORT-ROYAL.
– SAINTE-EUGÉNIE (Anne de Boulogne, baronne de Saint-Ange, dite en religion Anne de).
Lettre autographe signée
à Angelique Arnauld d'Andilly
, dite en religion Angélique de Saint-Jean. S.l.,
[probablement au monastère de Chaillot], «
ce jour S
[ain]
t-Jean
» [24 juin 1665]. 1 p. in-8, adresse au dos, petit
manque marginal de papier.
400 / 500
«
J'attendois une occasion pour vous escrire & j'en ay trouvé une fort favorable puisque vous me priez par humilité de
vous loger dans mon cœur pour vous porter avec moy quand je vay prier Dieu. Je vous suplie de la mesme chose, ma très
chère sœur, & je croy que c'est Dieu qui vous a donné cette pensée pour ma consolation de voir une union sy parfaitte
que d'estre dans le cœur l'une de l'autre pour prier tousjours Dieu ensemble. Il n'y a point de joye au monde pareille à
celle quy vient de ses tesmoignage
[s]
d'affection
[n]
quy ne regarde que Dieu. Je suis en luy toute à vous... Je salue très
humblement ma s
[œu]
r Madeleine de S
[ain]
te-Agnès
[Madeleine de Ligny, qui fut abbesse de Port-Royal].
Et toutes nos
sœurs. Et toutes nos petite
[s]
sœurs de toute mon affection...
»
Deux des seize religieuses opposantes au formulaire, exilées de Port-Royal
. Fille de Jules de Boulogne,
gouverneur de Nogent-le-Roi et maître d'hôtel ordinaire du roi,
Anne de Boulogne
fut l'épouse de François Le Charron,
baron de Saint-Ange, premier maître d'hôtel ordinaire de la reine, et elle-même un temps au service d'Anne d'Autriche
comme dame d'honneur. Dévote, d'abord familière des jésuites et des carmélites, elle se rapprocha des jansénistes et prit
Saint-Cyran comme directeur de conscience. Ayant eu dès l'enfance une attirance pour la vie monastique, elle entra à
Port-Royal en
1653
, deux ans après la mort de son époux. Refusant farouchement de signer le Formulaire imposé par
la papauté, elle fut placée de force au monastère de Chaillot d'août
1664
à juillet
1665
. Robert Arnauld d'Andilly écrivit
son panégyrique. – Seconde Angélique Arnauld et nièce de la première,
Angelique Arnauld d'Andilly
entra à Port-
Royal en
1641
, devint sous-prieure et maîtresse des novices (
1653
), puis prieure (
1669
), et fut l'abbesse du monastère
(
1678
). Ayant refusé de signer le formulaire, elle fut exilée de juillet
1664
à août
1665
au monastère des Annonciades.
Elle a laissé divers textes de piété publiés après sa mort.
Rare
.