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Charles-Marie WIDOR
. Manuscrit musical autographe signé,
Les Pêcheurs de Saint-Jean
, [1903] ; 72-69-34-
50 pages in-fol. (les premières pages un peu salies).
4 000/5 000
Manuscrit de travail du deuxième opéra de Widor dans sa version pour chant et piano.
Après
Maître Ambros
(1886), Widor a composé un drame lyrique sur un livret en prose d’Henri Cain,
Les Pêcheurs de
Saint-Jean
, sous-titré « scènes de la vie maritime », en 4 actes, qui attendra assez longtemps avant d’être créé à l’Opéra-
Comique le 26 décembre 1905, dans une mise en scène d’Albert Carré, des décors de Jambon, et sous la direction musicale de
François Ruhlmann, avec, dans les principaux rôles, le ténor Thomas Salignac (Jacques), la basse Félix Vieuille (Jean-Pierre) et
la soprano Claire Friché (sa fille Marie-Anne).
L’action se passe à Saint-Jean-de-Luz ; elle est bien résumée par Camille Bellaigue : « Jean-Pierre, un pêcheur de Saint-
Jean-de-Luz, est le patron d’une belle barque et le père d’une belle enfant. Jacques est le meilleur matelot de la première et
l’amoureux de la seconde. Mais parce qu’il ne possède rien et qu’elle est riche, le père, ayant eu vent de leur accord, le brise, et
congédie le marin. Jacques, pour oublier, se débauche et s’enivre, et, s’étant pris de querelle avec son ancien maître, il le tuerait,
si les camarades ne retenaient son bras. Mais un jour, ou plus exactement une nuit que la tempête soulève la mer de Biscaye,
à deux cents brasses de la côte, Jean-Pierre, avec son équipage, se trouve en péril de mort. Jacques, le rude et fin pilote, est seul
capable de le secourir, de le sauver peut-être. Il hésite un instant, un seul, puis s’élance et ramène le vieux loup de mer, qui se
résigne, en maugréant toujours, à faire son gendre de son sauveteur ».
Selon Arthur Pougin,Widor a « construit une partition solide, aux attaches vigoureuses et qui met en relief son remarquable
talent. Elle est d’un bout à l’autre écrite avec la conscience d’un véritable artiste, […] l’œuvre est forte et vigoureuse en son
ensemble, pleine de chaleur et de mouvement, toujours vivante et bien en scène, avec, lorsque la situation s’y prête, des pages
de tendresse émue et de profonde mélancolie ». Gabriel Fauré, dans son compte rendu paru dans
Le Figaro
du 27 décembre, très
critique à l’égard du livret, relève les diverses beautés de la partition et « la belle et noble tenue de l’œuvre ». Une bonne partie
de la critique se montra beaucoup plus sévère, voire assez férocement railleuse ; l’œuvre fut retirée de l’affiche après douze
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