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que je rendais avec usure ». La noce doit avoir lieu après les couches de Pauline Viardot, qui invite à dîner les Zimmermann ;

ce dîner est plusieurs fois décommandé, puis, au jour convenu, « lorsque mes poulets étaient rôtis et la table presque mise,

Gounod arrive, et me dit d’un air empêtré que le dîner ne peut avoir lieu parce que son Anna est indisposée, qu’elle a pris

médecine ! tout cela, sans un mot de regret de la famille Z. » Puis Pauline accouche, et apprend par la mère de Gounod que le

mariage aura lieu sans que les Viardot soient invités. « Cependant, nous envoyâmes dès le lendemain un bel encrier chez lui,

avec un petit billet affectueux. J’y joignis une boîte contenant un souvenir pour sa fiancée, un bracelet avec un billet pour elle

que j’écrivis de mon lit, et que je le priais de lui remettre de ma part ». Gounod renvoie le bracelet avec un petit mot que cite

Pauline : « Je vous laisse à penser l’effet que me fit un affront aussi inexplicable ! » Elle recopie la lettre que Louis Viardot envoie

à Gounod, lui reprochant de se « faire l’intermédiaire et le complice d’une insulte adressée à une femme que vous devriez au

moins respecter », et lui fermant la porte de sa maison. Gounod, désolé, supplie Ary Scheffer d’arranger la chose : « Il lui avoua

que sa nouvelle famille avait eu depuis quelque temps l’esprit troublé par une lettre anonyme et des cancans, calomnieux et

injurieux tout à la fois, sur lui et sur moi, mais qu’il avait hautement protesté là contre – que cependant, il avait cru bien faire

en prévenant un refus qui m’aurait peut-être été fait – qu’il était prêt à faire tout ce que Scheffer lui ordonnerait »... Scheffer

lui dicte sa conduite, lui «

ordonna

donc d’écrire une lettre de rétractation à Louis, puis ajouta que sa

première visite de noces

devrait être faite

chez moi

, avec sa femme et sa belle-mère »… Pauline recopie la longue lettre de Gounod à Louis Viardot…

« Au bout de dix jours dans l’attente de

la visite de noces promise

, Louis a envoyé à M

r

Z. les copies des deux lettres. Louis

a alors raconté tout ce qui s’était passé à plusieurs amis, qui remplis d’indignation, se sont retirés de Gounod, en lui faisant

sentir le pourquoi. Ponsard et Augier surtout lui ont déclaré qu’ils ne lui toucheraient plus la main s’il ne tâchait par tous les

moyens de se faire pardonner son indigne conduite. [...] Cependant nous, Louis et moi, n’en recevions aucune nouvelle, aucune

lettre, aucune visite. Nous sommes partis pour Courtavenel, dans la persuasion que ces

braves

gens ne voulaient rien faire pour

réparer un peu leur faute. C’est seulement il y a 3 semaines que Louis a reçu une lettre, aussi gauche, aussi embarrassée que la

1

re

mais plus plate encore, dans laquelle G. prétend qu’il attendait toujours que l’on lui fît savoir le jour qu’il me conviendrait de

recevoir leur visite. Se retranchant derrière cette mauvaise excuse qui est un pur mensonge, pour concilier sans doute le refus

qu’auront fait sa femme et sa belle-mère avec sa

peur

à lui, et son chagrin de se voir quitté par tous nos amis communs. Je dis

sa peur, parce qu’il est aussi lâche que faible et ingrat »... Pauline recopie alors la longue lettre de son mari à Gounod, où il met

les choses au point, puis la fin d’une lettre « encore plus insipide de G. dans laquelle il se réfugie toujours sous la triste excuse

de l’attente de mes jour et heure pour la

visite

en question »... Et elle conclut : « Après ceci, vous concevez, ma Ninounne, qu’il

n’y a plus rien à répondre à tant de bassesse et de bêtise. Aussi avons-nous résolu de ne plus écrire. S’ils reviennent encore à la

charge, on leur fera dire que nous ne voulons pas d’hypocrisie, et que nous refusons leur visite. Voilà, ma Ninounne, la vraie

vérité de cette misérable histoire. Qu’en dites-vous à présent ? trouvez-vous que j’ai de justes motifs d’être offensée ? – et

cependant, je le dis en toute sincérité, malgré la peine, malgré le mal que tout ceci m’a fait, je ne regrette pas le bien que j’ai pu

faire à cet ingrat. Le voilà lancé dans sa carrière, et si son entourage et son propre caractère ne détruisent pas son génie, ce qui

est bien à craindre, il composera des chefs-d’œuvre qui feront honneur à l’art, et rendront heureux ceux qui les entendront.

Quant à nous, nous avons déjà applaudi par deux fois les chœurs d’

Ulysse

. Il y en a d’admirables »…

380.

Pauline VIARDOT

. L.A.S., Paris 8 octobre 1906, à Gabriel Fauré ; 2 pages in-8 (deuil).

200/250

« Votre vieille amie vient faire une demande à M

r

le Directeur du Conservatoire ; c’est de vouloir bien admettre mon élève

mi arménien, mi turc, Mr Shak Mouradian, dans ses classes préparatoires de piano, d’harmonie. Pour le chant, il désirerait

M

r

Cazeneuve. Tout cela ne l’empêcherait pas de continuer ses études de chant chez moi. Si M

r

le Directeur du Conservatoire

me donne une réponse je prie mon ami Fauré de vouloir bien me la transmettre le plus tôt possible »...

381.

Pauline VIARDOT

. L.A., 12 avril [1901 ?], à son fils Paul Viardot ; 1 page in-8 à vignette

Vendredi

. 150/200

« Oui, mon cher Paul, je te donnerai les cinq mille francs que tu demandes pour ton voyage au Transvaal ; tu les auras quand

tu seras prêt à partir, avec ma bénédiction »...

On joint 3 petites L.A.S., dont une à Edmond Plauchut (27 janvier 1872).

382.

Pauline VIARDOT

. 9 L.A.S., 1888-1909 et s.d., à Mme Félix Lévy ; 11 pages in-8 ou in-12, une à son chiffre,

4 adresses (cachets de la collection Le Cesne-Viardot).

250/300

Bougival 18 juin [1882 ?].

Elle informe son amie qu’elle est installée « pour de bon » aux Frênes, et l’invite à lui rendre

visite : « Pourquoi ne recommenceriez-vous pas vos bonnes habitudes des autres années aujourd’hui même ?! Comme ce serait

gentil »...

Paris 25 janvier 1890.

Acceptation d’une invitation, « avec le plus grand plaisir »...

12 juillet 1892.

« Voici le moment

de prouver son amitié ! On chante dimanche au concert Colonne mon

Rêve de Jésus

... et je compte sur la présence de mes

bienveillants amis, n’est-ce pas ? »...

12 juillet [1898].

Elle souffre d’une conjonctivite qui l’oblige à se rendre tous les jours chez

l’oculiste...

15 juillet.

«

Alea jacta est !

C’est

Friedau

que l’on porte et je m’empresse de vous annoncer cette détermination

toute fraîche. Mathilde avait écrit à Mme Christen lui demandant s’il n’y aurait plus trace d’épidémie, si la maison avait été

désinfectée [...]. La réponse a été satisfaisante de tous points et Mme Christen est dans le délire de joie à l’idée de nous

revoir

»...

Bürgenstock 11 septembre 1899

. Elle n’a pu malheureusement retourner à Fridau, ayant entendu qu’une épidémie d’angine

y sévissait. Elle partira dans quelques jours à Lucerne...

Lundi 13.

« Nous commençons ce soir pour le quatuor de l’

Irato

à

10 heures 10 minutes précises

»...

[10 août 1909].

Annonce de la naissance d’un petit-fils : « Un jeune homme, pesant

huit livres

est venu voir ce monde cette nuit ! Ce qui nous fait un grand plaisir »... Etc.