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Goulphar, Belle-Ile-en-mer 12 septembre 1912

. Il veut le voir dès son retour à Paris ; le livret de Vaudoyer lui a semblé « à la

lecture tout à fait impossible et je suis convaincu que nous nous exposerions à un désastre en le conservant tel quel ». Il n’a pour

l’instant rien dit à Vaudoyer, et voudrait soumettre à Beaunier les modifications qu’il envisage, afin de rapprocher le drame du

roman et de « laisser en premier plan la figure du Roi Tobol, trop sacrifié à mon goût. Ces modifications porteraient sur le 1

er

acte, le 3

e

et l’épilogue. Le prologue (dont la musique est terminée) et le 2

e

acte ne seraient pas touchés » ; il a « énormément

de notes, d’esquisses, etc. sur cette œuvre à laquelle j’ai réfléchi longuement et que j’écrirai assez rapidement dès que nous en

aurons revu le livret »...

313.

Albert ROUSSEL

. L.A.S., Paris 3 avril 1912, [à la comtesse de Chaumont-Quitry] ; 2 pages in-8 à son adresse.

200/250

Il a composé pour son album d’autographes « un Petit Canon dont j’avais retrouvé les premières mesures sur un carnet

d’esquisses et que j’ai terminé à votre intention. Et je lui ai donné comme titre

Quo non ascendam

parce que ce canon

“perpetuus” monte d’une octave à chaque reprise, ce qui fait qu’il “grimperait” indéfiniment si l’étendue actuelle de nos pianos

ne venait bientôt l’interrompre. Il ne peut guère s’exécuter sans le concours d’une 3

ème

main qui joue la partie supérieure »...

314.

Albert ROUSSEL

. 4 L.A.S., 1919-1930, à Roland-Manuel ; 6 pages in-4, 3 pages in-8 et 2 pages in-12, une

enveloppe.

800/1 000

Belle correspondance musicale.

Cap Brun 29 août 1919

: il le félicite de son entrée à

L’Éclair

, et l’informe de ses projets :

continuer et achever « si possible l’œuvre symphonique que j’ai commencée ici [...] Quant à

Padmâvati

, j’espère bien qu’elle

sera représentée à l’Opéra un jour ou l’autre, mais je doute que ce soit avant l’hiver 1920-21. [...] J’ai aussi l’espoir que mes

Évocations

seront données à Lyon ». Durand va publier « 4 nouvelles mélodies de moi et un

Impromptu

pour harpe ». Il

termine un article « sur Debussy et l’École moderne ». Il attend la visite de Bathori « qui est en ce moment à Aix, chez Darius

Milhaud »...

12 octobre 1923

, à propos de l’exécution de sa

2

e

Symphonie

par Koussevitzky qui l’a comblé de joie : « c’est vous,

mon cher Roland qui avez suggéré à Koussevitzky de mettre mon œuvre à l’un de ses programmes, c’est vous qui lui avez

insufflé votre foi, et c’est grâce à vous qu’il a pu prendre connaissance de ma partition dont il a si merveilleusement traduit

l’esprit et l’atmosphère »...

Vasterival

31 août 1925

, remerciant pour son article sur

La Naissance de la Lyre

: « Vuillermoz,

comme je m’y attendais, a refait, à quelques détails près [...] l’article qu’il avait fait sur

Padmâvati

, article où il néglige de parler

de la musique pour réserver tous ses soins à l’auteur » ; Vuillermoz souligne ses « innombrables voltes-faces », mais Roussel

affirme qu’il a « toujours marché dans le même sens, et que la distance qui sépare

Padmâvati

de la

Fête de printemps

n’est pas si

considérable, encore qu’elle puisse très logiquement s’expliquer par le silence des quatre années de guerre, où bien des idées ont

pu germer et mûrir sans que rien les révélât. La seule volte-face que je lui concède est celle de

la Naissance de la Lyre

, volte-face

voulue et nécessitée, à mon avis, par le sujet très particulier » ; sa prochaine partition « suivra le fil, un moment abandonné, de

la

Symphonie

, avec le bénéfice d’une simplification de technique et d’une couleur plus nette et plus tranchée » ; il lui souhaite

un agréable voyage en Espagne : « amitiés à Falla si vous le voyez »...

À bord du Paquebot “Paris” 2 octobre 1930

: en route

pour Chicago, invité « par Mrs Coolidge au festival qu’elle y donnera du 12 au 16 octobre » où sera joué son

Trio

; puis ce sera

Boston où Koussevitzky « a décidé de donner à son 1

er

concert (17-18 octobre) la

Symphonie

que je viens de terminer pour le

cinquantenaire du Boston Symphony Orchestra et dont il a l’exclusivité jusqu’en octobre 1931 »...

315.

Albert ROUSSEL

. L.A.S., Paris 20 mai 1920, au flûtiste Louis Fleury ; 4 pages in-4, enveloppe.

500/700

Longue lettre sur

L

e

F

estin de

l

’A

raignée

et les

É

vocations

. Il souhaiterait voir sa musique d’orchestre « un peu jouée en

Angleterre où elle est à peu près inconnue ». Il donne des renseignements sur la durée du

Festin de l’Araignée

et les

Évocations

et des précisions sur la composition des chœurs : « Le chiffre de 60 est évidemment un minimum. On a joué de différents côtés,

une ou deux parties des

Évocations

, séparément, en raison de la difficulté d’avoir des chœurs. J’avoue que je préfère, je demande

même, qu’on ne joue rien du tout plutôt que de jouer l’œuvre incomplète. Il s’agit, en effet, d’une sorte de symphonie ou de

triptyque symphonique qui forme un tout »… Si le chef d’orchestre pressenti ne peut avoir les chœurs, il préfère qu’on joue

Le

Festin de l’Araignée

ou le

Poème de la Forêt

. Il est nécessaire de joindre au programme une note expliquant l’argument ; une

notice a été imprimée pour les

Évocations

; pour le

Festin de l’Araignée

, le mieux serait de reproduire la note qui figurait dans

le programme des Concerts Pasdeloup, qu’il cite : « Le

Festin de l’Araignée

, ballet pantomime dont l’argument est de M. Gilbert

des Voisins, fut représenté au Théâtre des Arts en 1913 sous la direction de M. Jacques Rouché » ; il donne l’argument du

ballet : « Dans un jardin une araignée a tendu sa toile et guette les proies innocentes. Le petit peuple des insectes vaque à ses

occupations, fourmis affairées, scarabées, mantes religieuses et éphémères chevauchant un rayon de soleil. Un papillon étourdi

se laisse prendre dans la toile. Un éphémère danse et meurt, enivré de lumière. Une mante religieuse provoque et tue l’araignée

qui expire après une terrible agonie. Les fourmis procèdent solennellement aux funérailles de l’éphémère et le calme et le

silence redescendent sur le petit coin de jardin qui s’endort dans le soir, pendant qu’un ver luisant allume sa veilleuse au pied

d’un rosier. Les fragments symphoniques exécutés aujourd’hui sont : le

Prélude

, qui décrit le jardin, par un bel après-midi

d’été, nous fait voir l’araignée se laissant glisser sur les fils de sa toile et préparant férocement son piège ;

l’Entrée des Fourmis

qui trottent menu, en bon ordre, et organisent l’enlèvement laborieux d’un pétale de rose ;

l’Entrée du Papillon

qui danse

imprudemment près de la toile, s’y laisse prendre et agonise sous l’étreinte de l’araignée ; l’

Apparition

, la

Danse de l’Éphémère

et les

Funérailles de l’Éphémère

, avec la chute du soir sur le jardin rendu à la solitude et au silence nocturnes ». Roussel ajoute,

à propos des

Évocations

, qu’il avait demandé « à Edwin Evans une traduction anglaise de la 3

ème

partie, car Monteux avait

l’intention de donner l’œuvre en Amérique, mais je n’ai jamais pu savoir ce qu’Evans en avait fait ! »…