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était parvenu à séduire sa femme quelques jours seulement avant sa mort. Serge, hors de lui, fait avouer le crime à Marie, la

bat et l’humilie devant sa mère et les femmes du voisinage. Mais Marie revendique crânement et publiquement ce bref écart de

conduite, instant d’amour qui a éclairé et justifié toute sa vie. Serge, déshonoré, prononce sa sentence : que Marie l’étrangle !

Ce qu’elle fait, avant de se livrer à la police. Cette tragédie en trois actes ou épisodes permet à Jouhandeau d’exprimer la vision

quasi mystique de l’amour physique ; ainsi dans cet extrait d’un monologue de Marie, texte déjà travaillé dans notre manuscrit,

mais qui sera totalement refondu dans la version de la revue : « En somme, si je n’avais pas connu David, je n’aurais pas connu

ce je ne sais quoi qui donne un sens à la vie. Qu’est-ce que c’est ? La passion, la possession d’un souvenir ineffaçable. David !

Il n’a fait que passer dans mes bras, mais grâce à lui, je ne suis plus seule quand je suis seule ; je suis moins seule, même entre

les bras de Serge. Comment regretter cette sorte d’effacement de tout au bénéfice d’un être radieux, illuminé dont une fois

pour toutes le corps a couvert le vôtre et satisfait en un instant l’âme toute entière comme si, le ciel entrouvert, on avait connu

ensemble le paradis... »

(Acte III, scène1).

Le manuscrit présente de nombreuses ratures et corrections. Il est conservé sous une chemise titrée par Jouhandeau, avec

liste des personnages et le synopsis original. Les 78 pages du manuscrit se répartissent en trois séries de feuillets (42 en tout,

sans compter la chemise de titre) paginés par Jouhandeau au crayon rouge de façon discontinue, selon les états différents

du texte : certains sont très corrigés et leurs variantes lisibles révèlent une version primitive déjà travaillée mais qui sera

développée encore, les autres mis au net avec quelques repentirs ou ajouts. La pièce peut se lire aisément dans sa continuité

manuscrite, sauf deux courts passages intercalés en typographie à leur place. 24 autres pages (13 feuillets) sont rassemblées

dans un dossier de brouillons, versions différentes de certaines scènes. Le manuscrit présente d’importantes variantes avec le

texte définitif, notamment des termes trop crus qui ont été atténués. Le mari jaloux change de nom au cours de la rédaction. Des

phrases entières disparaîtront dans des remaniements ultérieurs, comme cette longue didascalie : « Alors, Marie se redressant

de toute sa taille et levant la tête, son regard fixé hardiment dans les yeux de Serge se mit à parler d’une voix claire, presque

triomphale, comme accompagnée de grandes orgues. » Même sort pour le surtitre générique inscrit par Jouhandeau sur la page

de titre :

Comédies et Proverbes

, et pour sa note pourtant significative au bas de la même page : « “Tout ou rien” était la devise

de S

te

Thérèse d’Avila ». Cet ensemble apporte de précieux éléments sur la genèse de la pièce. D’après le synopsis initial, on

constate que deux scènes capitales [troisième monologue de Marie et aveu public], non prévues au départ, sont ajoutées sur le

manuscrit, qui intègre en revanche une scène qui sera supprimée dans la publication (Acte I, scène 4 : duo d’amour entre Marie

et Serge, 2 pages).

122.

Joseph KESSEL

(1898-1979). L.A.S. « Jef », Biarritz lundi [10 juillet 1973], à Louis Nucera à Nice ; 2 pages petit

in-4, en-tête

Miramar Biarritz

, enveloppe.

150/200

Il a quitté le Larraldia, qui ressemblait au château de la Belle au Bois dormant, pour venir vers la mer : « nous sommes d’une

sagesse exemplaire. […] Ma seule activité : prendre des coups de soleil et m’insulter, ensuite, pour ma bêtise – Ah oui, il y a

encore les coups de sifflets des surveillants de plage qui trouvent toujours que je vais trop loin. […] Écrire, pas question. Lire :

le plus facile, journaux, magazines et comble de l’effort : une série noire. Je me repose vraiment. J’en avais sans doute besoin

sur tous les bords »…

On joint une L.A.S. de Jacques Perret à Louis Nucera, 5 mai 1980.

123.

Hermann von KEYSERLING

(1880-1946) philosophe et écrivain allemand. 14 L.A.S. et 1 L.S. en partie

autographe, 1935-1946, la plupart à Maurice Delamain ; 29 pages formats divers, la plupart avec adresse ou

enveloppe (qqs cartes postales ; fentes à une lettre) ; 2 en allemand.

400/500

Intéressante correspondance avec son éditeur français.

Darmstadt 2 avril 1935

, questions au sujet de traductions

espagnoles ; l’éditeur Hoepli lui a envoyé des coupures italiennes « incroyablement stupides »...

Portofino 25 mai 1935.

Longue

lettre sur son prochain livre, dont le titre serait celui du dernier essai,

Culture de la Beauté

, et commentaires sur son style

et ses projets...

Longenburg 19 avril 1938

. À la suite d’une lettre en italien à lui adressée par sa traductrice Joan Estelrich,

Keyserling, fâché, demande l’intervention de Delamain...

Darmstadt

6 juillet 1938

, remerciant Louis Le Sidaner de son livre

[

Le Cœur humain

]. « Mais je ne suis pas sûr de pouvoir le lire de sitôt : comme jamais auparavant, je suis plongé dans le monde

des méditations profondes, je vais bien au-delà de ce que j’ai dit dans mon dernier livre dont j’espère que vous parlerez tantôt.

Car précisément dans ce moment de ma vie, le silence des revues m’est très pénible »...

Schloss Schönhausen an der Elbe 27

septembre 1941

, introduisant son nouvel éditeur, le Dr. Peter Diederichs, et sa femme, qui passeront quelques semaines à Paris...

Innsbrück

10 avril 1946

. Dans la joie d’être à Innsbrück, « je suis devenu jeune fille à marier qui a besoin de tout », mais son

livre tarde à paraître, en allemand et en français [

Analyse spectrale de l’Europe

]...

18 avril 1946

. « Pour éviter tout malentendu :

nous ne sommes pas encore naturalisés citoyens autrichiens, bien que les démarches nécessaires furent faites il y a longtemps

[...].

Attendez donc des nouvelles

de notre naturalisation accomplie avant de faire des transactions [...]. J’inaugurerai l’École

de la Sagesse seule par un cycle de conférences qui consistera dans une publication

arabe

du

Ursprung

»... Ailleurs, avis donné

d’un prochain passage à Paris, instructions pour l’envoi de livres et pour l’édition de

La Pensée aux sources de la vie

, nouvelles

de sa femme, d’Arnold et Manfred, vœux... Etc. On joint 6 autres l.a.s. adressées à Maurice Delamain, par Charles Baudouin

(2, 1930-1938), et par la veuve de Keyserling (4, 1953-1961).

124.

Roger de LA FRESNAYE

(1885-1925) peintre. Carnet autographe avec 3 dessins originaux,

Chansons

, [1917-

1918] ; carnet in-8 de 58 pages (plus ff. blancs), couverture cartonnée et dos toilé, cachet encre

Fournitures générales

pour la peinture A. Coccoz Paris

à l’intérieur du plat sup., 2 cachets d’atelier.

700/800