Previous Page  22 / 112 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 22 / 112 Next Page
Page Background

20

en France, la presse, le traité de Versailles dont il écrivit en 1919 que « la bourgeoisie française venait de signer son arrêt de

mort. Elle le contresigne aujourd’hui »… Réflexions sur une guerre imminente, ou préventive… « Quelle belle chose que le

régime démocratique et parlementaire ! Chamberlain, interrompant la conversation, pour dire : pardon, je dois consulter mes

collègues. Et Daladier, faisant venir Caillaux pour prendre son avis. Car tout de même, on ne peut pas déclarer la guerre,

sans la voix de Caillaux »…

Vendredi-samedi soir [30 septembre-1

er

octobre]

. Longue lettre après le retour de Daladier de

Munich. Chardonne célèbre d’abord comme « un chef-d’œuvre » l’ouvrage de nos ministres ; il parle de l’impression produite

en Allemagne, puis analyse les calculs politiques des différentes tendances en France, concluant à la grande sagesse du peuple

français… Sur Hitler : « Je crois voir en lui, à côté de traits de génie, je ne sais quoi de simpliste et d’enfantin »… Puis le

lendemain, il rapporte un entretien avec Brisson, « tout à fait anti-Flandrin », critique les vacillations de la France, notamment

lors de réunions des ministres à Londres (il eût fallu une autre réponse à la crise des Sudètes)… Communication confidentielle

par Brisson d’un rapport secret relatant deux dialogues entre Daladier et Gamelin. « Gamelin disait : je suis sûr de la victoire

au bout d’un an. Il comptait l’Italie contre nous. […] Il tenait grand compte de la bataille en Tchécoslovaquie et de l’accrochage

d’une partie de l’armée allemande de ce côté. L’armée française devait se masser à l’abri de la ligne Maginot et attendre les

Anglais. La ligne Siegfried dans sa plus grande partie n’est qu’ébauchée. Il indiquait l’endroit où elle ne consiste qu’en fil de

fer : c’est là qu’il prévoyait l’offensive. – En quittant Brisson j’ai ouvert

Paris soir

, et vu l’article de Sauerwein annonçant que la

Hongrie avait déclaré sa neutralité la veille des accords de Munich. Hitler était lâché par ses amis ; par Franco ; presque sûrement

par Mussolini. Il était perdu »…

Vendredi [été 1943]

. Réception à l’ambassade, où il a fait la connaissance de Fernand de Brinon : ils ont parlé des limites

du livre de Fabre [

Journal de la France, mai 1942-1943

d’Alfred Fabre-Luce], et des bombardements d’usine… « Il y avait

deux ou trois “autorités” assez marquantes. L’une d’elles m’a dit une chose surprenante de la part d’un Allemand […] : si les

Anglo-Américains sont vainqueurs, ils peuvent très bien et très facilement tenir l’Europe sous le joug ; et ils y sont décidés. J’ai

répondu : vous avez prouvé qu’on ne tient pas une nation sous le joug. – Cette fois, dit-il, ils feront le nécessaire »… Intéressant

échange sur ce joug variable selon les pays, et la menace du communisme. « Voilà dans quelle alternative nous ont jeté ceux qui

comme Bernanos veulent voir dans l’Allemand la Bête »…

Paris [1946 ?]

. Ferme rejet d’un livre traduit de l’allemand sur Van Gogh : « Le pathos lyrique germain me convulse »…

La Frette 24 avril 1965

. Paul Morand attend une réponse de Delamain, à sa proposition d’un texte sur la graphologie…

Chardonne parle de ses

Propos comme ça

, petit livre que Grasset va publier, et d’autres projets non littéraires ; nouvelles de la

librairie et du groupe Hachette (Guy Schoeller, Bernard Privat, Grasset)…

53.

François de CHATEAUBRIAND

(1768-1848). L.S. « Le V

te

de Chateaubriand », 19 octobre 1814, à Joseph Van

Praet, « Conservateur de la bibliothèque du Roi » ; 1 page petit in-4, adresse.

250/300

Emprunt de livres à la Bibliothèque royale. Il souhaite le bon jour à M. Van Praet, et « le prie d’avoir l’extrême bonté de

remettre au porteur de ce billet, les livres dont je lui ai fait passer la note samedi dernier »...

On joint une P.A.S. de Joseph Van Praet, 16 mai 1810 (1 page in-4), recevant pour la Bibliothèque impériale, de M. Molini

de Florence, « un exemplaire de l’ouvrage intitulé :

Opere di scultura e di plastica di Antonio Canova, descritte da Isabella

Albrizzi

»…

54.

François-René de CHATEAUBRIAND

. L.A.S.,

31 décembre 1820, à Jacques-Joseph de Corbière ;

2 pages in‑fol., fragment de l’enveloppe montée en tête

de lettre (salissures, fentes aux plis réparées).

1 000/1 200

Très importante lettre politique le soir de son départ

pour Berlin, où il venait d’être nommé ambassadeur. [Les

ultras viennent de remporter les élections législatives de

novembre 1820, et Richelieu, à la tête du gouvernement, se

voit contraint de les y faire entrer. Mais Louis XVIII et les

ministres en place ne veulent pas de Chateaubriand, qui est

écarté et envoyé à Berlin. Chateaubriand réussit cependant

à placer au gouvernement deux pions, les ultras Villèle et

Corbière, qui est nommé ministre d’État et président du

Conseil royal de l’Instruction publique.]

« Voici, mon brave compatriote, mes

dernières volontés

dont je vous rends, vous et notre ami Villèle, les exécuteurs.

Trois réparations immédiates. L’une au militaire, l’autre à la

justice, la troisième dans l’administration à savoir : Cannuel

[le général Simon Canuel], Agier et Trouvé : Cannuel

surtout ; c’est le moyen de vous attacher tous les royalistes,

et de faire taire toutes les oppositions de notre bord. Soigner

les journaux ; faire écrire dans votre sens, et diriger l’opinion

monarchique.Malheureusement je vous manquerai beaucoup

pour cela : mais enfin ne faut-il pas renoncer à ce travail de