26
74.
Claude DEBUSSY
. L.A.S., 3 janvier « 1914 » [pour 1915], à Saint-Georges de Bouhélier ; demi-page in-12 à
son adresse
80, avenue du Bois de Boulogne
, enveloppe.
800/1 000
« Il faut que tous ceux qui veulent se souvenir, et qui tiennent à la beauté de la France vous remercient de ce que vous venez
d’écrire. C’est aussi parfaitement utile que douloureusement humain »…
75.
Léo DELIBES
(1836-1891). L.A.S. « Léo D. », [Bruxelles] Dimanche [5 février 1888, à son ami et éditeur Henri
Heugel] ; 4 pages in-8 (petit deuil).
200/250
La première de
Sylvia
est retardée à jeudi, avec répétition générale mercredi soir. « J’ai été enchanté de Madame Melba ;
malheureusement je ne l’ai fait chanter qu’une fois. Elle est malade de nouveau depuis hier. Je me suis exténué pour ce ballet où
il y avait bien des choses à régler encore. Le chorégraphe et l’orchestre vont bien, mais c’est la mise en scène et le matériel qui
laissaient encore à désirer après la répétition d’hier soir. On pouvait reculer, à cause de la maladie de M
me
Melba qui désorganise
les spectacles. [...] Aujourd’hui exécution assez froide d’
Ève
avec M
me
Caron – qui, elle, a été très accueillie. Massenet n’est pas
venu ; je crois qu’il boude un peu ces messieurs à cause du
Cid
»... Il demande des impressions de
La Dame de Montsoreau
[de Gaston Salvayre], et se plaint des difficultés à organiser « mes petites femmes du
Roi l’a dit
. Je ne puis être à tout, et je
commence à être exténué. J’ai surtout horreur d’écrire ! Et je ne puis en trouver le temps ! »...
76.
Michel DÉON
(1919-2016). 35 L.A.S. et 3 L.S., 1958-1998, au journaliste et nouvelliste portugais Luis Forjas
Trigueiros (1915-2000) ; 45 pages formats divers, nombreux en-têtes
Librairie Plon
,
Reid’s Hotel
, ou
Old Rectory
,
3 au dos de cartes postales illustrées, qqs enveloppes et adresses (une fendue au pli).
1 500/1 800
Belle correspondance littéraire et politique. Les lettres sont écrites de Tynagh (Irlande), Gandria (Suisse), Paris,
Cabriz-Sintra (Portugal), Spetsai (Grèce), Kilcolgan (Irlande), etc. « Ébloui » par le français écrit de Luis (22 août 1958), il
regrette d’avoir dû décliner de faire des conférences à Lisbonne, mais lance une invitation à Cabriz-Sintra… «
La Carotte et le
bâton
poursuit une carrière honorable. J’aurais dû avoir le Grand Prix du Roman, mais votre ami Mauriac est intervenu et la
belle récompense m’est passée sous le nez. Il n’est pas bon d’être “fasciste” en France. Je le sais depuis longtemps. Néanmoins,
Mauriac se donnant tant de mal à l’Académie Française pour retourner contre moi les 22 votes favorables que j’avais (sur
30 participants), et ne me laissant plus qu’une voix (celle du brave Henriot), tout cela m’a beaucoup flatté. J’aurais quand même
préféré le million et la vente » (28 août 1960)… Il évoque des articles pour
Les Nouvelles littéraires
: sur des vacances idéales, le
Portugal, la politique gaulliste… Flatté par ce que Luis écrit sur son Prix Interallié, il estime faire l’objet d’une « conspiration de
l’amitié. Tous les complots ne réussissent pas. […] je veux y voir l’ouverture d’une meilleure période pour les écrivains qui ne
sont pas marxistes, une brèche dans le système agressif et défensif monté par le terrorisme littéraire de gauche ! » (15 janvier
1971)… Félicitations pour le doctorat
honoris causa
attribué à son ami,
appréciation de son
Monologue à
Éphèse
et de son
Char de foin
…
Plusieurs commentaires sombres
sur le coup d’État au Portugal, et
ses suites : « Caetano en porte la
responsabilité pour une grande part.
C’était un remarquable homme
d’État et très piètre homme politique.
On le guettait, on l’a eu, et avec lui
tout le Portugal s’effondre. Je vois
avec stupeur l’Occident secourir ce
nouveau régime, le soutenir avec des
promesses inconsidérées. Si encore
c’était pour l’empêcher de sombrer
dans les bras de Moscou (où il est déjà),
je comprendrais, mais je crois bien
que c’est par aveuglement et bêtise »
(6 juin 1975)… « Hélas, je ne vois
pas beaucoup d’opportunités, sauf en
France. Mais la France s’éloigne autant
que je m’éloigne d’elle. Je n’y suis
plus rattaché que par mon éditeur »
[23 novembre 1976]… Il y a une lueur
d’espoir, « bien qu’il faille des années
pour réparer les dégâts commis par ces
fous et ces imbéciles, et que certaines
choses ont disparu à jamais. Il faut
nous habituer à vivre ce spectacle
mondial du déluge et voir monter avec
philosophie les eaux qui engloutiront