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tout » (27 décembre 1979)… Il vient de passer quinze jours à Paris : « Nous avons décerné le Grand Prix du roman à un très
beau livre de Jean Raspail. – J’ai d’ailleurs eu une belle année pendant laquelle j’ai pu faire distinguer les écrivains que j’aime :
à Antoine Blondin, le prix Kléber Haedens, à Jacques Laurent le Grand Prix de littérature, à Ernst Jünger le prix Europa. Il
est amusant de penser que c’est sous un gouvernement de gauche que les écrivains de droite sont honorés. Juste réaction contre
l’atmosphère empoisonnée par la clique de Mitterrand » (29 novembre 1981)… « Oui, Jean d’Ormesson est un homme
agréable. Ses articles sont intéressants et la défaite du giscardisme l’a sûrement fouetté. Avant, il était plus réservé. Melchior-
Bonnet est un homme charmant et bienveillant. Toujours mystérieusement dans la coulisse » (6 janvier 1982)…Appréciation
du président Soares, reçu à Paris, malgré sa « diatribe anticolonialiste qui, dans l’état où se trouvent actuellement l’Angola et le
Mozambique, me semble étrangement absurde » (14 mars 1993)… Son livre sans prétentions [
Parlons-en…
] a reçu une bonne
presse à droite. « J’aurais eu la presse de gauche si j’avais écrit que Salazar était un dictateur aussi sanguinaire que Staline, et
Franco un autre Ceaucescu. Malgré l’effondrement de la Russie, la déroute navrante et totale du socialisme en France, nous
vivons sur des idées toutes faites d’un poids insupportable pour la liberté d’esprit » (10 septembre 1993)… Nouvelles de sa
famille, des traductions de ses œuvres, des projets de voyage, etc.
On joint 2 L.A.S. de Chantal Déon, des L.S. de Jacques Duhamel, Jacques Tiné et Maurice Noël, à Trigueiros ; quelques
doubles de réponses à Déon ; des photographies et coupures de presse, et les insignes de chevalier de la Légion d’honneur et
d’officier des Arts et Lettres de Trigueiros.
77.
Jean DESBORDES
(1906-1944) écrivain, tué par la Gestapo. Tapuscrit en partie autographe,
Les Maudits
[
Les
Forcenés
, 1937] ; 219 pages in-4 sous couverture autographe signée (trous d’insecte aux premiers feuillets, qqs
bords un peu effrangés).
500/600
Tapuscrit de travail du roman
L
es
F
orcenés
, publié à la fin de 1937, chez Gallimard. La chemise rouge qui sert de
couverture et de page de titre porte la signature et l’adresse de Jean Desbordes, des calculs de calibrage, des notes, et les trois
titres envisagés :
Les Maudits
,
Les Farouches
et
Les Fanatiques
. Le tapuscrit présente d’abondantes et additions corrections
autographes, plusieurs pages entièrement autographes intercalées, et d’importantes biffures et suppressions. Neuf ans après
J’adore
(1928), salué par Cocteau, et après
Les Tragédiens
(1931), Jean Desbordes rompt un long silence pour revenir à l’écriture
avec ce roman, qu’il considère comme son premier livre, détaché de l’influence de Cocteau et de Radiguet, l’histoire d’un amour
maudit, qui s’achèvera par un double suicide.
78.
Émile DESCHAMPS
(1791-1871) poète, un des « fondateurs » du Romantisme français. Manuscrit autographe
signé,
Le Château de Vincennes
, [1835] ; 14 pages et demie petit in-fol.
200/300
Récit recueilli dans les
Œuvres complètes
(t. III, avec variantes). Le manuscrit présente des ratures et corrections, et porte
en tête la date du 18 septembre. L’action a lieu le 14 juillet 1835. Le narrateur, qui aime se promener, après avoir cité Victor
Hugo, réfléchit aux étapes d’une liberté épanouie en France : 1789, 1815, 1830... « Tout cela s’est fait en l’honneur de la liberté,
car chaque siècle a son mot de ralliement ; le mot de notre siècle est liberté ! »... Il est abordé par un colonel prussien désireux
de visiter le château de Vincennes, après en avoir été repoussé jadis par le général Daumesnil lors de son héroïque défense.
Les deux hommes visitent la forteresse et ne se séparent qu’au moment où les feux s’éteignent et la lune se lève : « Le colonel
prussien, à cette occasion me récita quatre magnifiques vers de Goethe ; je lui répliquai par quatre vers de Lamartine ; et nous
nous séparâmes quites et bons amis. »
79.
Émile DESCHAMPS
. 2 poèmes autographes, 1836-1842 ; sur 1 page in-4 chaque.
100/120
Feuillets d’album. Le premier, daté « juin 1836 », porte l’ultime strophe de
La Double Vente
: « La poësie, hélas ! n’est rien
par elle-même », etc. L’autre, de « mars 1842 », présente deux huitains :
« Compagne et mère de poëtes,
Les beaux concerts sont où vous êtes ;
Que viendraient faire nos musettes
Parmi les muses de céans ? »...
80.
DESSINS
. 34 feuilles, XVIII
e
siècle ; in-fol. (mouillures, salissures, bords effrangés).
150/200
Esquisses à la mine de plomb, à la sanguine, au lavis : figures antiques ou mythologiques, scènes d’intérieur, détails
architecturaux.
On joint un dessin à l’encre de Chine, signé et daté « Ad. Gir. 87 » par Adolphe Giraldon, peut-être un projet de frontispice
ou de page décorée de livre, avec médaillon de Melpomène (in-fol.).
81.
Gustave DORÉ
(1832-1883). L.A.S., Paris 6 novembre 1872 ; 2 pages in-8.
400/500
Ayant appris par M. Garnier que son correspondant était en relations avec le directeur de la publicité au ministère de
l’Intérieur, il demande son intervention au sujet de l’interdiction frappant deux de ses gravures. Il ne se l’explique pas : les
planches « n’ont rien de politique comme signification et [...] n’empruntent rien aux événemens de la dernière guerre 1870-71.
– Ce sont deux sujets militaires [...] dont les personnages indiquent clairement par leur costume la campagne d’Italie de 1859.
L’uniforme autrichien y est très clairement décrit, et de telle sorte qu’il n’y a pas d’équivoque possible. La première de ces deux
planches représente un combat ; la deuxième des blessés français et autrichiens qui s’entr’aident »...