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41.
Paul BOURGET
(1852-1935). Manuscrit autographe signé,
Variétés. Le Prêtre de Némi
, [1886], et
40 L.A.S.,
1886-1893, à Georges Patinot, directeur du
Journal des Débats
; 7 pages oblong in-8, et 63 pages et demie formats
divers, 10 enveloppes ou adresses.
800/1 000
Bel ensemble. Chronique consacrée au
Prêtre de Némi
, « drame philosophique » d’Ernest Renan. L’auteur des
Essais de
psychologie contemporaine
constate : « la psychologie ne paraît pas à M. Renan une science d’une souveraine importance.
L’homme est un outil à penser, qu’importe la manière dans cet outil est disposé ? »… Les lettres sont pour la plupart écrites
en voyage, de Grenade, Séville, Cadix, Hyères, Paris, Messine, Rapallo, Palerme, Sorrente, Venise, Florence, Athènes, Londres,
etc. En 1886, il est en Espagne, travaillant fort, « mais sans espoir que mon monument soit fini le 1
er
juin » ; il rend hommage
au regretté Gabriel Charmes (Grenade 4 mai), puis demande un délai supplémentaire pour sa « grande nouvelle » (Séville
lundi)… Il désapprouve les poursuites contre
Les Sous-offs
de Lucien Descaves (Hyères 4 janvier 1890) : malgré de petites
réserves sur ce roman, « je trouve monstrueux, que des politiciens qui, pour faire plaisir aux radicaux […], fassent semblant de
respecter l’armée et poursuivent à grand tam-tam un livre d’un style travaillé, qui prouve des convictions d’artiste »…Voyage
en Italie, en 1890-1891, en vue de
Sensations d’Italie
: projet de feuilletons dans les
Débats
, « une façon de
intellectual and
sentimental journey
» comme ses « Anglais » dans
Études et portraits
(Rapallo 15 octobre)… Itinéraire parcouru, organisation
du travail, proposition du titre
Coins d’Italie
, envoi de trois
Notes de voyage
, « sans rien du vivant contemporain » (24 janvier
1891) ; échanges de copie et d’épreuves… Prière de lui envoyer le
Journal
de Baudelaire : « J’articlerais bien volontiers sur
ce sujet où il y a beaucoup à dire » (Venise 26 mai)… Instructions pour trois esquisses des fêtes de Venise … Il s’inquiète de
l’agitation en Europe… D’Athènes, il envoie un article sur
Les Trophées
de Heredia (6 mars 1893)… De Londres, il commente
les transformations de l’Angleterre, sous l’emprise des libéraux : « La grande, l’unique affaire est de faire triompher des théories
de justice, abstraitement et rationnellement conçues. Cela mène tout droit à la démocratie, qui est le dernier terme de la
Justice politique, de même que l’aristocratie me paraît être le terme nécessaire de toute politique fondée sur la doctrine de
l’évolution. Seulement il y a dans l’Angleterre tant d’éléments qui doivent influer sur cette démocratie grandissante, depuis
la supériorité physique des classes riches qui sont ainsi le mieux douées de vigueur, jusqu’à la profonde vie religieuse, sans
compter le patriotisme séculaire, l’étonnante abondance matérielle et enfin l’éparpillement prodigieux des centres d’activité
sociale. Il n’y a pas de prise de la Bastille possible en Angleterre, parce qu’il n’y a aucun point qui puisse symboliser la classe
noble » (mercredi)…Ailleurs, il propose un pendant grec et oriental aux
Sensations d’Italie
, recommande les sonnets deHeredia
(Bourget enverrait bien une étude sur « cette œuvre si attendue et la poétique contemporaine », Cannes), promet un essai sur
Keats, etc. On joint une carte de visite autogr. à Mlle Suzanne Patinot.
42.
Joë BOUSQUET
(1897-1950). Poème autographe,
Petit-jour
; 1 page in-8 sur une carte bristol lignée. 200/250
Belle pièce de trois quatrains :
« Pour fermer les yeux du rêve en allé
Dont elle est la sœur aux paupières closes
Une rose est née au nid d’une rose
Il n’est plus de nuit pour l’ombre qu’elle est »...
43.
Ferdinand BRUNETIÈRE
(1849-1906). Manuscrit autographe signé,
Le Roman français au 17
e
siècle, par
M
r
André Le Breton
, [1890] ; 61 pages in-8, en partie découpées pour impression et fort bien remontées, montées
sur onglets, reliure demi-percaline marron, pièce de titre au dos.
150/200
Article très fouillé, publié dans le
Journal des débats
(6 décembre 1890). Brunetière rend compte du livre d’André Le Breton,
Le Roman au dix-septième siècle
(Hachette, 1890), par un ancien normalien, professeur à l’Université de Bordeaux. « Facile
à lire, agréable même, élégamment écrit, jeune, honnête et délicat, me sera-t-il permis de regretter que le livre de M
r
André
Le Breton sur
Le Roman au 17
e
siècle
ne soit pas celui que j’attendais, qui nous manque, et qu’il ait d’ailleurs surprenant que
personne, encore ne nous ait donné »… Brunetière exprime d’ailleurs des réserves sur le sujet même. « Rien de plus insipide
pour nous ; et si je goûte encore l’
Astrée
, moi qui écris, j’ai peur que ce ne soit point pour ses grâces aujourd’hui fanées, mais
j’ai le malheur d’avoir lu trop de
Germinie Lacerteux
, trop de
Bête humaine
, trop de
Sébastien Roch
»… Le manuscrit, d’une
écriture élégante, avec de nombreuses ratures et corrections, a servi pour l’impression.
44.
Alexander CALDER
(1898-1976) sculpteur américain. Carte postale a.s. « Sandy », [Saché 10.VII.1967], à Jack
Kyle à New York ; au dos d’une carte postale illustrée d’une photographie en couleurs de Calder dans son atelier à
Saché, avec adresse ; en anglais.
250/300
Il le remercie pour ses pensées (« Thanks for your “Thots” »), mais cet embellissement a été fait à New York. Il a été ravi de
le voir « over Humpty Dumpty », et l’invite à revenir le voir à Saché…
45.
Albert CAMUS
(1913-1960). 2 L.A.S., mars 1951, à C. Dupont [comptable aux éditions Gallimard] ; demi-page
in-4 chaque.
400/500
À propos de ses droits d’auteur.
10 mars
. Il le remercie de l’avoir aidé, une fois de plus, dans sa corvée annuelle. « Je suis
confus, du reste, de vous ennuyer avec tant de persévérance. Mais le naufragé au milieu de l’Atlantique est certainement confus