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La Frette 2 août

1938

. À propos de la librairie (transmission de pouvoirs, personnel « raréfié », ventes de juillet), et de vols

chez Martell… Portrait de l’homme qui dirige l’office de normalisation, ancien colonel, professeur de statistique, ayant de fortes

opinions politiques…

23-[26] août

. Commentaire sur la politique de Daladier, envois d’articles de Mendès-France (« ce que

j’ai lu de plus sérieux sur la question financière »), etc. ; prévisions d’une dévaluation.

Jeudi soir

. Deux affaires réussies : ils

ont enlevé à la N.R.F. le nouveau roman de Richard Hughes, et conclu une édition à compte d’auteur avec la veuve roumaine

d’un poète français. « Sageret désire que son livre (anecdotes aquatiques) se nomme

Curiosités aquatiques

. Il insiste. On ne

peut pas le contrarier. Vous n’avez pas d’objections ? »…

Vendredi [2 ? septembre]

. Chiffres des ventes d’août, recommandation

de l’

Histoire des idées au XIX

e

siècle

de « Raymond Russel » [Bertrand Russell], et de

La Cité libre

de Walter Lippmann…

Mercredi matin [21 ? septembre]

. « L’euphorie de hier venait de ce qui semblait raisonnable : Hitler va prendre doucement,

par une opération de police, certaines régions sudètes incontestées évident de heurter trop fort la coalition contre lui […]. Ce

matin, je pense : on s’est trompé. Il ne fera aucune concession. Il mobilisera tantôt, nous mobiliserons peut-être demain »…

En réalité, on a livré la Tchécoslovaquie dès le premier accord. « Hitler l’a réalisé, il est bien vrai qu’il n’y a qu’une nuance

entre ses deux ultimatum (les deux voyages de Chamberlain). […] Il triomphera avec éclat. Un léger ménagement à notre

endroit eût permis bien des espoirs en une nouvelle Europe. Ce triomphe brutal est gênant. Là aussi il y a une nuance, mais

d’une autre sorte. Est-ce qu’elle indique ce danger qui vaut une guerre ? C’est ce que Chamberlain jugera. J’en doute. Mais

alors, la France risque de vite décliner »…

Jeudi matin [22 ? septembre]

. Inquiétudes quant à l’Allemagne, mais confiance en

Angleterre dans la diplomatie ; « toute psychologie à l’égard de l’Allemagne semble viciée. C’est vraiment une énigme »… Il

sent la guerre impossible, parce que la dernière pèse encore sur les nations. « Rien de l’ingénuité de 14. Tous les correspondants

de Berlin montrent le peuple allemand inquiet et rétif à la guerre »… Il évoque aussi « la “faiblesse” allemande » (confirmée

par Maurois), l’œuvre magnifique de Daladier au ministère de la Guerre, et la résistance de l’état-major allemand à une

guerre voulue par Hitler…

Dimanche [25 ? septembre]

. Sur les questions de technique et de psychologie, pour lesquelles

il se remet « aux froides têtes anglaises »… Récusation de « complexe bolcheviste » ; le bon sens est altéré par la peur du

Russe… Considérations sur l’Espagne (citation de Fauconnier) et l’Italie (référence à Bernanos)…

Lundi [26 septembre]

.

La mobilisation partielle « a seulement accru la sensation de la guerre. (Drieu la Rochelle est appelé, tel ami, tel cousin).

[…] J’ai vu hier Rostand, qui croit fermement que la guerre n’aura pas lieu, qui ne l’a jamais cru parce qu’il fait confiance à

Hitler, à son sens du possible. […] Une circulaire raisonnable circule signée de Giono, Mauriac… Refaire l’Europe centrale

avec l’Allemagne, lui donner beaucoup. […] On me dit : Hitler n’attaquera pas la France, mais il veut la miner »… La France

ne tiendrait pas, en cas de guerre…Admiration pour la ligne Maginot, hypothèses d’une cession de territoires par l’Allemagne,

au premier revers, et d’une cessation d’hostilités franco-allemandes qui rendrait Hitler « mesuré »…

[La Frette] mercredi soir

[28 septembre]

. Propositions monétaires pour la maison, en vue de l’éventualité d’une guerre… « Ce que Londres et Paris ont

offert à la Tchéco, n’est que trop beau ; ils pouvaient accepter d’enthousiasme. Ce que veut Hitler, c’est que cette alliée, ce pied-

à-terre des Russes et des Français soient réduit aux Tchèques ; et, je pense, s’adjoindre du même coup la Hongrie, tout réaliser

d’un coup […]. Le danger de tout instant, c’est qu’il n’aille trop loin, trop vite, et que l’Angleterre n’encaisse pas »… Staline,

Hitler et Mussolini sont « une égale ordure », mais Staline est loin, et Hitler proche… Réflexions sur le parti communiste

… /…