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Gymnopédies
et la suite ; le style Paulette Darty, valses chantées ou non ; le style contrapunctique – d’après Schola – le
dépouillement, la clarté, le classicisme. [...] – Il ne manque à sa gloire que d’être fondateur du Concours Lépine (rayon des petits
inventeurs). – Il fut souvent à la page, quelquefois avant la page : toujours sa musique date. Les
Sarabandes
datent de 1887,
c’est-à-dire sont antérieures de quatorze années à celle de Debussy. Les
Valses
datent de 1900, tout court...
Socrate
date de 1918,
soit dix ans avant
Apollon Musagète
.
Socrate
: à retenir parmi les mythes nobles du dépouillement auguste de la vieillesse (en la
rapprochant du
XIII
e
Nocturne
et de
Pénélope
de “notre” Fauré ; en pensant plus ou moins à l’anecdote bien connue de Noé) »...
On joint le tapuscrit.
25.
Pierre BOULEZ
. Manuscrit autographe,
Marigny, Marigny, Marigny...
,
[fin 1953] ; 2 pages et quart in-4.
1 000/1 500
Présentation de la première saison des Concerts du Domaine Musical au Petit Théâtre Marigny. Le manuscrit,
rédigé d’une minuscule écriture à l’encre noire avec de nombreuses ratures, corrections et additions, diffère du texte imprimé
sur la plaquette de présentation (jointe).
« Déclaration première : si nous avons prévu quatre concerts pour cette saison au petit Théâtre Marigny, c’est qu’il nous a
semblé nécessaire de combler une lacune dans la vie musicale de Paris. Point. Suivent quelques autres déclarations de cet ordre
telles que… : les polémiques autour de la musique contemporaine ne sont vraisemblablement pas près de s’éteindre. Néanmoins,
elles (les polémiques) se bornent la plupart du temps à des querelles de mots… ; l’on finit par se plaindre généralement –
menace et accusation conjuguées – que les œuvres incriminées ne plaisent pas au
public
! Cher public muet : il aurait quelque
peine à se faire une opinion, puisqu’il n’a aucunement l’occasion de prendre contact avec des musiques dont on l’éloigne avec
soin, sans le consulter. Quelle activité gracieuse déployée : on lui épargne l’épuisante fatigue de choisir. […] Nous avons voulu
faire participer l’auditeur à une sorte de “musicologie comparée” – ce terme tout à fait entre guillemets – sans que le pédantisme
didactique prenne part à des concerts qui sombreraient sûrement dans l’ennui léthargique. L’auditeur n’est pas un technicien
de la musique ; et, avant tout, on lui demande de ne pas être cela. Que doit alors représenter le concert ? […] Un des moyens
les plus directs, les plus efficaces de la connaissance ; une approche des plus tendues vers l’émotion collective. Cette coercition,
cette mise en demeure faite à l’auditeur, de participer, cette confrontation de nature parfois virulente, parfois poreuse, nous
désirons l’instaurer pour que la musique garde ce pouvoir de communication prodigieusement vivant, privilège qu’elle dispute
au théâtre, plutôt qu’elle ne le partage avec lui »…
On joint un exemplaire de la plaquette imprimée ; plus un programme des Concerts Lamoureux (1958).
26.
Pierre BOULEZ
. Manuscrit autographe,
Incipit
, [1954] ; 1 page et demie petit in-4 (légers défauts).
1 000/1 500
Hommage à AntonWebern, publié dans le premier numéro du
Domaine musical
en 1954 (recueilli dans
Relevés d’apprenti
,
Seuil, 1966), développant les ressources d’une dialectique du son et du silence. Le manuscrit est rédigé d’une minuscule écriture
à l’encre noire, avec ratures et corrections et, en marge, le comptage du nombre de mots.
« Quant à Webern, se précise l’épiphanie, bientôt de quoi émonder le visage de l’ignorance, privilège d’une malédiction
discrète, mais efficace. [...] De la nouveauté des perspectives que l’œuvre de Webern a ouvertes dans le domaine de la musique
contemporaine, on commence seulement à s’apercevoir, et avec une certaine stupeur, vu le labeur accompli. Cette œuvre est
devenue LE seuil, malgré toute la confusion éprouvée à l’égard de ce que l’on a appelé trop vite Schönberg et ses deux disciples.
Pourquoi cette position privilégiée parmi les trois Viennois ? Tandis que Schönberg et Berg se rattachent à la décadence du
grand courant romantique allemand, et l’achèvent en des œuvres comme
Pierrot lunaire
et
Wozzeck
par le style le plus
luxueusement flamboyant, Webern à travers Debussy, pourrait-on dire, réagit violemment contre toute rhétorique d’héritage,
en vue de réhabiliter le pouvoir du son. [...] Ayant mentionné le silence chez Webern, ajoutons que là réside un des scandales
les plus irritants de son œuvre. C’est une vérité des plus difficiles à mettre en évidence que la musique n’est point seulement
“l’art des sons”, mais qu’elle se définit bien plutôt en un contrepoint du son et du silence. Seule, mais unique, innovation de
Webern dans le champ du rythme, cette conception où le son est lié au silence en une précise organisation pour une efficacité
exhaustive du pouvoir auditif. La tension sonore s’est enrichie d’une réelle respiration, comparable seulement à ce que fut
l’apport mallarméen dans le poème »...
On joint une page du
New York Herald Tribune
publiant, à l’occasion d’un concert commémoratif, la traduction anglaise de
l’article (28 décembre 1952) ; une plaquette d’hommage à Anton Webern reprenant ce texte (Liège, éd. Dynamo, 1961) ; et la
plaquette de présentation du disque
Pierrot Lunaire
de Schönberg (Adès, 1976).
27.
Pierre BOULEZ
. Manuscrit autographe,
Probabilités critiques du compositeur
, [1954] ; 4 pages in-4 (trace de
rouille à la p. 1).
1 200/1 500
Sur la critique musicale des compositeurs, article publié dans le
Domaine musical, bulletin international de musique
contemporaine
(2
e
trimestre 1954), et recueilli dans
Points de repère
(Christian Bourgois, 1981). Le manuscrit, rédigé d’une
minuscule écriture à l’encre bleu nuit, présente des ratures et corrections, avec quelques variantes.
Après avoir cité Baudelaire parlant des écrits de Delacroix, Boulez note : « bien que souvent l’œuvre critique des créateurs
soit d’une importance moindre comparativement aux chefs-d’œuvre qu’ils ont produits, il reste ce besoin, cette hantise de devoir
préciser son domaine, ses recherches. Ce n’est jamais là que s’exprime l’essentiel d’un auteur ; mais ces aperçus théoriques, ces
analyses, ces explications peuvent se révéler comme un commentaire nécessaire, une sorte d’incantation qui préside à la genèse
de l’œuvre proprement dite. On veut souvent établir une cloison étanche entre théorie et pratique d’un art ; vieilles séparations