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d’obligeance. [...] j’approuve très fort que vous voyez Plantade, mais avant il faut voir Lesueur avec lequel il est extremement
lié. Il faut aussi voir Cherubini », et si Boieldieu n’était si souffrant, il l’y mènerait, lui-même. Il désirerait bien qu’Alexis et
Mme Boulanger disent qu’ils sont prêts : « cela nous ferait voir clairement les projets de M
r
et M
me
Lemoine. Car ne pas vouloir
jouer, en empêcher les autres de doubler serait aussi par trop ridicule »...
18.
Rosa BONHEUR
(1822-1899) peintre. 2 L.A.S., By 12-18 juillet 1883, à Georges Patinot, préfet de Seine-et-
Marne ; 4 pages in-8.
100/120
12 juillet
. Elle serait fort honorée de la visite du Préfet et de sa femme, à l’heure et au jour qui leur conviendra : « Je suis
obligée d’aller à Paris vers le 27 juillet, jusqu’à ce moment vous êtes certain de me trouver chez moi »…
18 juillet
. Elle est
désolée du malentendu de la veille ; la domestique n’était pas au courant des instructions qu’elle avait données pour eux. Elle a
aussitôt tenté de les rattraper, les a fait chercher dans les environs, a envoyé courir sur la route, « mais on n’a pas pu rattraper
votre voiture, à ma grande contrariété ». Cela est « encore plus désagréable pour moi que pour vous, puisqu’il m’a privé d’une
visite qui était convenue et dont je me faisais plaisir et honneur »… Elle espère que lors d’un prochain passage à Fontainebleau,
ils pousseront jusqu’à By…
19.
Alphonse BOUDARD
(1925-2000). Manuscrit autographe signé,
Le Tour de France existe… je l’ai rencontré !
;
3 pages et demie in-fol.
250/300
Amusante chronique, sur le Tour de France. « J’ai vu passer le Tour de France une fois dans ma vie. En 1950 à Antibes. Il
avait une heure de retard… les coureurs d’un commun accord s’étaient baignés en route »… Il ne s’explique pas cette passion
pour le Tour de France : « c’est presque aussi mystérieux que la Sainte-Trinité du catéchisme. Ça participe de la magie, de la
cérémonie, du rite »…
20.
Pierre BOULEZ
(1925-2016). Manuscrit autographe,
Incidences actuelles de Berg
, [1948] ; 4 pages et quart
in-4.
1 500/1 800
Sur Alban Berg, à l’occasion de la Quinzaine de Musique autrichienne à Paris en 1948 ; article publié dans
Polyphonie
(2
e
cahier, 1948), recueilli dans
Relevés d’apprenti
(Seuil, 1966). Le manuscrit, rédigé d’une petite écriture à l’encre noire, avec
ratures et corrections, présente quelques variantes avec le texte imprimé.
« La venue à Paris des chefs-d’œuvre des Musées de Vienne nous a valu une Quinzaine de Musique autrichienne, que
l’on se doit de mettre au premier plan de l’actualité. […] Notre but n’est pas, du reste, de faire un compte rendu de ces
concerts, mais plutôt de réfléchir un peu au cas exceptionnel de Berg. […] Nous n’allons pas parler de lucidité, d’authenticité,
de réactivation et autres clichés devenus courants en cette matière ; nous aborderons le problème d’une autre façon beaucoup
moins “philosophaillonne” et nous tâcherons d’aiguiser le plus possible notre esprit critique pour situer Berg avec clarté et sans
complaisance. Berg est du reste connu actuellement par les musiciens de tous poils comme un grand génie, et même comme
l’excuse et le miracle de la technique dodécaphonique. Ceci repose sur un malentendu évident. Tout ce que ces chers musiciens
trouvent de rassurant dans Berg, c’est justement ce que nous admettons le moins : son romantisme et, il faut bien le dire, son
attachement à la tradition. […] En réalité, Berg n’est que la pointe extrême d’une lignée post-wagnérienne, où viennent se
fondre également l’aimable – dans tout le sens horripilant du mot – valse viennoise et l’emphatisme vériste italien. […] Tout
cela est fort beau ; mais néanmoins le problème est posé dans son agaçante acidité. On sent dans Berg un amalgame des plus
hétéroclites où l’exotisme de bazar prend aussi sa place avec le tango de la cantate
Le Vin
»… Puis Boulez analyse, de façon tout
aussi critique, la valse du premier mouvement du
Kammerkonzert
, la marche militaire de
Wozzek
, les variations sur le choral
de Bach dans le
Concerto pour violon
: « je crois que le langage dodécaphonique a des nécessités plus impérieuses que celle
d’apprivoiser un choral de Bach »… Il condamne ce qu’il considère comme des facilités, avant de conclure vigoureusement : « Si,
toutefois, nous nous permettons de critiquer Berg, c’est que nous le plaçons bien au-dessus de tous les gribouilles qui se croient
et se proclament dodécaphonistes, et que nous répugnons à donner la main – même pour célébrer ses louanges – à la bande de
cons qui constitue le plus clair du monde musical “parisien” ! »
21.
Pierre BOULEZ
. Manuscrit autographe,
Trajectoires
,
[1949] ; 18 pages in-4 (léger manque de papier au
1
er
feuillet sans toucher le texte, petite fente réparée au dernier).
2 000/3 000
Sur Ravel, Stravinsky et Schönberg, avec une violente attaque contre René Leibowitz.
Manuscrit original d’un article publié dans la revue
Contrepoint
(n°6, octobre-décembre 1949), après un concert dirigé par
René Leibowitz ; le manuscrit est rédigé d’une très petite écriture à l’encre bleu noir, avec de nombreuses ratures et corrections.
L’article sera recueilli dans une version différente dans
Relevés d’apprenti
(Seuil, 1966), supprimant l’introduction où Boulez
critique violemment le chef d’orchestre René Leibowitz, ainsi que le
post-scriptum
consacré à une « exécution exceptionnelle »
du
Pierrot lunaire
par Marya Freund.
Le manuscrit commence par le compte rendu du concert, et la virulente attaque contre René Leibowitz : « nous avons vu un
personnage que je n’aurais l’extrême audace de nommer chef d’orchestre – épaule agressive, genoux flexibles, suer abondamment,
sans grand résultat apparent […] On me trouvera, peut-être, facilement enclin à une exagération blasphématoire : que l’on me
permette, néanmoins, de douter de la musicalité d’un “chef d’orchestre” qui laisse le piano distancer d’un bon quart-de-ton
l’accord des autres instruments, qui se soucie si peu de l’équilibre sonore que l’ensemble instrumental paraît défectueux jusque
dans sa conception ; que le sprechstimme n’inquiète vraisemblablement pas du tout puisqu’il a été constamment escamoté
avec le bonheur que l’on suppose. Nous pourrions ajouter encore bien d’autres griefs, s’il n’existait un certain sentiment de