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pitié […] Mais le but de cet article n’est pas de s’appesantir sur la médiocrité insigne et permanente d’un épigone malheureux
jusque dans ses tentatives-mêmes d’épigone »... Dans son étude, Boulez veut, à travers les
Trois Poèmes de Mallarmé
de
Maurice Ravel, les
Trois Poèmes de la Lyrique Japonaise
d’Igor Stravinsky, et enfin le
Pierrot Lunaire
d’Arnold Schönberg,
« faire le point sur cette mythologie du renouveau qui s’est cristallisée autour du
Pierrot Lunaire
, mythologie au vieux parfum
de scandale ». Il veut aussi en profiter pour débarrasser Schönberg de sa légende « pour l’apercevoir à sa juste dimension, ex-
prophète au milieu des tambours crevés et autres accessoires aussi factices dont, sans humour, on l’a entouré avec profusion »...
Étudiant attentivement chacune de ces trois œuvres, et les replaçant dans la trajectoire des compositeurs, Boulez se montre très
critique, et y voit « un même sentiment d’avortement sur trois trajectoires bien différentes : œuvres impuissantes à résoudre
les problèmes de cette époque – à les envisager même dans leur totalité. […] ces trois œuvres – laissant évidemment une légère
marge de temps derrière elles – indiquent un zénith dans l’évolution de ces trois musiciens. Car, de trois manières différentes, ils
vont pratiquer une sorte de néo-classicisme : Ravel sur les bases du langage tonal dans son acception cohérente ; Stravinsky, sur
les mêmes bases, avec un arbitraire qui le forcera à la gratuité ; Schönberg, ayant découvert le langage dodécaphonique cohérent.
Cela donnera respectivement :
le Tombeau de Couperin
, l’
Octuor pour instruments à vent
, la
Suite pour piano
opus 25. […]
ces œuvres ne tirent aucun prestige de leur variable d’inutilité ; leurs défauts s’y reflètent d’une manière aussi insupportable :
affèterie chez Ravel, raideur compassée chez Schönberg, mécanisme sans objet chez Stravinsky »…
On joint une page de notes autographes préparatoires ; le tapuscrit de la version définitive ; et une coupure de presse de
Bernard Lucas fustigeant l’article de Boulez.