34
35
les collections aristophil
germanica
198
HAYDN JOSEPH
(1732-1809).
LA.S. « Josephus Haydn mppria », Estoras [Esterháza
(Hongrie)] 15 juillet 1783, à Charles-Georges BOYER,
« au Magazin de musique » à Paris ; 2 pages in-4, adresse
avec marques postales et cachet de cire rouge ; en allemand.
25 000 / 30 000 €
Importante lettre sur la vente de trois Symphonies.
[La lettre est adressée à l’éditeur de musique parisien Charles-Georges
Boyer, qui commençait son activité, avait demandé à Haydn des
œuvres inédites en exclusivité. C’est la première lettre connue de
Haydn à un éditeur étranger : il s’y montre un homme d’affaires avisé,
prenant divers prétextes pour ne pas signer un contrat qui le lierait,
mais proposant de vendre à Boyer ses trois récentes Symphonies
(n
os
76, 77, et 78), écrites en 1782 pour l’Angleterre, en l’assurant qu’elles
se vendront très bien !]
Il a bien reçu la lettre de Boyer, mais doute de pouvoir satisfaire
sa demande. Son contrat avec son Prince [Esterhazy] lui interdit
d’envoyer à l’étranger ses propres manuscrits, car il les garde pour
lui-même. Haydn pourrait certes réaliser 2 partitions de chaque
œuvre, mais il n’en a pas le temps, et ne voit d’ailleurs pourquoi il le
ferait ; quand un morceau est copié proprement et correctement, il
peut être donné plus rapidement à la gravure. 2° On peut avoir foi en
sa parole, plutôt que dans un morceau de papier. Il a composé l’an
dernier 3 symphonies superbes, magnifiques et sans aucun doute
trop longues, pour 2 violons, alto, basse, 2 cors, 2 hautbois, 1 flûte,
1 basson, mais toutes très faciles et pas trop concertantes, pour
ces messieurs les Anglais. Il avait l’intention de les porter là-bas et
de les produire lui-même ; mais une certaine circonstance a fait
obstacle à ce projet, et il est donc prêt à céder ces 3 Symphonies.
Personne ne les a pour l’instant ; que Boyer indique donc à Haydn
ce qu’il lui en offrir, car, dans sa situation, il ne livrera ses œuvres
qu’à la personne qui paiera le mieux. Cela dit, il assure Boyer que ces
3 Symphonies seront pour lui un départ formidable… Il attend sa réponse.
« Hoch, und wohl gebohrner Insonders Hoch zu verEhrender Herr!
Dero werthes v. 2
tn
Juny hab ich erst gestern bey meiner zurückreise
erhalten, und daraus dero Verlangen mit vielen Vergnügen durch
lesen: ob ich Sie aber hierinfals werde contentiren könen, zweifle ich
aus folgenden Ursachen, erstens darf ich keine von meinen eigenen
handschriften vermög Contracts so ich mit meinen Fürsten machte,
ausser land schücken, weil er dieselbe selbst auf behält, ich könte zwar
ein Stück 2 mahl in die Partitur sezen, dazu aber wird mir die zeit zu
kurtz, und finde auch keine hinlängliche ursach dazu, den wan ein Stück
sauber und Correct abgeschrieben ist, so ist es deste geschwinder
dem Stich unterworfen. 2
tns
muß man meiner rechtschaffenheit, und
nicht dem Papier glauben beymessen: ich verfaste voriges Jahr 3
schöne, prächtige und nicht gar zu lange Sinfonien bestehend in 2
Violin, Viola, Basso, 2 Corni, 2 oboe, 1 flauten, und 1 Fagott, aber
alles sehr leicht, und nicht vil concertirend, für die Herrn Engländer,
welche ich selbst überbringen, und alldort produciren wolte – da
aber ein einziger Umstand solches verhinderte, so bin ich bereit
diese 3 Sinfonien hindan zu geben. NB : Sie sind noch in keiner hand :
Sie werden demnach die güte haben, mir ehestens zu berichten, was
Sie mir dafür zu bezahlen im stande sind. Das will sagen, wie hoch
Sie sich einlassen können, dan meine sach ist dermahlen, wie für
jederzeit diejenige, wer mich am besten bezahlt, soll meine arbeithen
erhalten ; hingegen versichere ich Sie, dass Sie mit diesen 3 Sinfonien
einen gewaltigen Abgang haben werden »...
Gesammelte Briefe und Aufzeichnungen
(H.C. Robbins-Landon,
D. Bartha éd. ; Bärenreiter, 1965), n° 56, p. 129 (
incomplète
de la 2
e
page).