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de Dieu aussi parfaitement que possible, tâcher d’être, comme il est dit, aussi parfait que notre Père qui est aux cieux. L’influence que

nous pouvons avoir sur les autres ne doit être que la suite incessante de cette tendance à la perfection, mais ne doit pas être notre but.

Quoique ce serait un plaisir pour moi de vous voir et de vous connaitre personnellement, je ne vous conseille pas de venir. La vie que

vous menez et dans laquelle vous remplissez la volonté de Dieu est préférable à un voyage qui est presque toujours une perte de temps

et une dépense d’argent qui ne nous appartient pas. Je vous répète que d’être en relation avec vous, est une joie pour moi, mais je crains

qu’un voyage entrepris dans l’unique but de causer ne soit une faut »…

327. [

Léon TOLSTOÏ

].

Jules LEMAITRE

(1853-1914).

M

anuscrit

autographe signé,

Le nouveau roman de Tolstoï

, [mars

1899]

; 4 pages et demie in-4 avec ratures et corrections (découpées pour impression et remontées).

200/250

S

ur

R

ésurrection

de

T

olstoï

. Ayant lu une centaine de pages du roman de Tolstoï qui commence à paraître dans

L’Écho de Paris

, « je

vous préviens que c’est très probablement un chef-d’œuvre, et d’une espèce rare. Car, d’abord, c’est un chef-d’œuvre involontaire. Vous

savez quel est, depuis douze ou quinze ans, l’état d’esprit de Tolstoï. Il a certes, renoncé à toute vanité d’auteur. Il a condamné

Anna

Karénine

, jugeant que, dans ce livre, qui n’a cependant rien de frivole, il y a encore trop de détails qui ne sont que

pour plaire

ou pour

émouvoir sans fruit. On pouvait donc appréhender que son dernier roman ne tournât à l’apologue édifiant, à l’exhortation morale trop

directe. Or, ce roman est bien un roman, une

histoire

, un récit propre à éveiller, d’un bout à l’autre, l’intérêt de curiosité. […] il a pensé

que les choses racontées et décrites agissaient par elles-mêmes sur les âmes ; qu’il ne fallait que les montrer

comme elles sont

, dans leur

vérité poignante ou illuminatrice, sans y ajouter de commentaires instructifs ni de théories, et, d’autre part, sans se soucier d’autre

chose que de cette vérité même et sans chercher à faire valoir l’esprit et l’imagination du narrateur ou son habileté à écrire »… Lemaître

poursuit en évoquant « quelques autres particularités originales » du roman, dont son réalisme et son côté révolutionnaire… « on a

rarement décrit avec autant de finesse et de puissance

les passions de l’amour

 »…