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176

les collections aristophil

924

DRIEU LA ROCHELLE Pierre

(1893-

1945) écrivain.

MANUSCRIT autographe,

Mesure

de la France

, 1922 ; 92 pages in-4,

montées sur onglets en un vol. petit

in-4 relié demi-vélin à la Bradel, pièce

de titre de maroquin noir.

10 000 / 15 000 €

Important manuscrit de travail de cet es-

sai, méditation mélancolique sur l’avenir

de la France, de l’Europe et du Monde au

lendemain de la Grande Guerre

.

Mesure de la France

parut en 1922 dans

la collection des Cahiers verts dirigée par

Daniel Halévy.

Le manuscrit est complet, à l’exception de

la première page, remplacée par une dac-

tylographie. Daté en fin « [octobre

biffé

] mai

1922 », il est écrit à l’encre noire (ou bleu-noir),

sans marge, au recto de feuillets de beau

papier vergé filigrané

Joynson’s Parchment

(et quelques ff. au verso de papier admi-

nistratif de la

Préfecture du Département

de la Seine. Direction de l’enseignement.

Inspection

). Il présente de très nombreuses

ratures et corrections, avec plusieurs pas-

sages biffés, et a fait l’objet d’importants

remaniements, comme en témoignent des

changements de pagination et de nombreux

passages découpés et déplacés. Certains

passages sont rubriqués au crayon bleu

en travers du texte : « préface », « bible »,

« chefs », « guerre ».

Il est divisé en six chapitres : I

Le Crime et

la Loi

(p. 1-7). II

Le Crime nous aliène les

dieux et les hommes

[titre primitif biffé :

Les

Crimes de la France

] (p. 8-18). III

L’Esprit

troublé

(p. 19-33). IV

La France au milieu du

monde

(p. 34-59). V

Les patries et l’aventure

(p. 60-67). VI

Le citoyen du monde est inquiet

(p. 68-92).

Citons un des passages supprimés (p. 61) :

« Le patries européennes sont sorties de

cette guerre couvertes de sang, chancelantes,

souillées dans leurs entrailles par l’immonde

travail du profit, mais que leurs faces sont

émouvantes, émaciées, exaspérées par les

sacrifices. Cela ne signifie pas grand’chose :

toutes les tendances humaines sont poussées

à l’extrême et raffinées par la conscience.

Notre sensibilité patriotique est inouïe. Elle

est maladive, faite d’inquiétude, de doute, elle

recueille le reste du sentiment religieux qui

ne trouve plus sa voie ancienne. Elle pousse

avaricieusement des racines dans toutes

les parties de notre âme. Elle se perd dans

la manie et le ridicule. C’est une dévotion

machinale. C’est une hallucination ».

Drieu « invite les Français à prendre

conscience de la situation diminuée de leur

patrie dans une Europe et un monde qui ont

changé depuis l’ère de la suprématie fran-